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Paléo Festival

Nyon, du 17 au 22 juillet 2012

Live-report rédigé par Aurélien le 2 août 2012

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Nous sommes mardi 27 juillet. Une journée à placer sous le signe du 37ème Paléo Festival qui nous ouvre joyeusement ses portes aujourd’hui. Mais avant que la fête musicale commence, sous un soleil de plomb, il nous faut braver une horde désordonnée de festivaliers sur les routes, pendant plus de 2h. Une fois ce chemin de croix achevé, c’est le saint Graal qui nous attend, ou plutôt, devrait-on dire, le saint Paléo. Un rassemblement sonore incontournable dont l’aura ne faiblit guère année après année.

Une fois franchie l’arche d’entrée, on retrouve un festival sec et ensoleillé, heureux de nous offrir en amuse-bouche un assortiment musical francophone aux saveurs de l’excellent Gablé, de l’inusable Hubert-Félix Thiéfaine ou de l’étrange Camille. Toutefois, titillés par des saveurs plus anglophones, nos sens nous dirigent vers le Club Tent pour savourer ce qui reste du rock rugueux de la révélation américaine Kurt Vile & The Violators. Digne héritier artistique d’une Amérique glorieuse et revendicatrice, le jeune homme traîne son pull rayé couleur bonbon, son jeans noir délavé et sa guitare sèche sur des sentiers folk riches et authentiques.
Accompagné entre autres d’un batteur ou d’une basse à six cordes, le chevelu offre une prestation poignante et sans bavure sous la chaleur d’une fin d’après-midi estivale. Un rayon de soleil transperce le public, tandis que l’artiste, lui, traverse nos cœurs à travers la justesse de ses textes et l’authenticité de ses sons. Au troisième titre, le chevelu s’offre même un moment d’intimité avec les festivaliers, avec comme seul artifice scénique un spot bleu roi pour mieux souligner, peut-être, son talent royal. Les festivaliers, connaisseurs, se régalent sous la petite tente. Les morceaux s’enchaînent, âpres, à la guitare, pendant une bonne heure. On remarque que tantôt le batteur délaisse ses baguettes pour de simples maracas, tantôt un saxophone met son grain de sel à la cacophonie organisée qui prend place sur scène. Excès de réverbération produit par ses six cordes électriques, excès de liberté artistique, l’Américain sur joue avec ses pédales sur la fin du concert et perd une partie de notre attention, qui est déjà tournée vers la Grande Scène, où ne devrait plus trop tarder le grand retour des Ecossais de Franz Ferdinand.

C’est sur le coup des vingt-et-une heures que la formation britannique fait son entrée devant une fosse qui serre les coudes et les fesses pour l’occasion. Ni une ni deux, No You Girls met d’emblée le feu à la foule des festivaliers. Comme par magie, nos mains se mettent à frapper, nos pieds à bouger, nos lèvres à fredonner. Les effets secondaires à l’écoute de Franz Ferdinand sont difficiles à soigner, et même vraisemblablement incurables. Tant mieux, les milliers de festivaliers en redemandent à cœur joie. Mais nul besoin de se faire prier, le quatuor en remet une couche. D’un côté quelques titres inédits à découvrir sur le prochain album du groupe, de l’autre une pléthore de morceaux éprouvés, le tout formant un juste mélange musical pour une prestation réussie.
Le quatuor, emmené par un Alex Kapranos au look ravageur, coupe médiévale au carré et petite moustache affriolante, embarque avec une simplicité déconcertante la masse des festivaliers présents sous une lumière faiblissante. Tandis que Walk Away engendre des vagues de mains en l’air dans la houle des festivaliers, une nouvelle piste nous interpelle avec ses nappes de claviers à la Metronomy. Appréciable, on se met à rêver du prochain album dont la pochette pourrait éventuellement prendre la forme de cette tête géante en croquis noir et blanc, dressée en toile de fond sur la Grande Scène pour l’occasion ce soir. Pas le temps de spéculer, les tubes Jacqueline et The Dark Of The Matinée retentissent sur la Plaine de l’Asse. Un faux tempo lent fait place à une joyeuse explosion sonore. A la mesure des applaudissements aux alentours, c’est un grand succès. Un triomphe qui, malgré les quelques amplis bling-bling gravés en lettres dorées au nom du groupe, se la joue modeste. En effet, bien qu’étant habitués aux grandes scènes aux quatre coins du globe, les quatre musiciens n’ont rien perdu en sympathie et simplicité. Toujours autant à l’aise sur les planches, dansant en couple et en rythme avec leurs guitares, les Ecossais nous en mettent plein les yeux, et surtout plein les oreilles.
Sautillant sous des lumières bleues et violettes, Alex Kapranos continue le spectacle avec une version légèrement modifiée de Can't Stop Feeling finissant sur un clin d’œil disco étonnant, avant de repartir aux sons des guitares et sirènes sur un Take Me Out de folie, enthousiasmant la foule comme il se doit. Sauts monstres devant la Grande Scène, le Paléo s’est transformé en trampoline géant. Puis, tout se succède à une allure folle et toujours dans une joie collective. Le voyage merveilleux d’Ulysses et ses vagues rythmées, la folie musicale communicative de This Fire, suivi de la présentation des musiciens en échange des vives acclamations du public, nous achèvent presque. Sous une nuée de spots verts, nos jambes, lourdes et brûlantes, ne tiennent quasiment plus, pendant que se joue le longuet 40'.
On serre les dents, puisant dans nos dernières ressources pour finir en beauté avec Outsiders et l'inévitable Michael sous des lumières roses et bleues cette fois-ci. Le Paléo est en délire. Bouquet final, le chanteur grimpe au sommet d’un ampli pour provoquer un olé général avant de rejoindre ses trois compères pour une orgie de percussions autour de leur batteur adoré.

Pas tout encore remis de nos retrouvailles dansantes avec notre cher groupe Ecossais que nous faisons le petit effort de rejoindre le phénomène M83 sous le Chapiteau. En état de grâce depuis la sortie de son monumental Hurry Up, We Are Dreaming, le groupe français n’arrête plus de charmer les foules partout où il passe. Des mélodies électroniques aériennes, des claviers pop colorés et une rythmique persuasive font de M83 l’incontournable de ce mardi soir. Et ce ne sont pas quelques couacs techniques qui viendront entacher la prestation nocturne du groupe.
Devant un Chapiteau dont les coutures craqueraient presque sous l’amas de festivaliers ébahis, les Français dominent de la tête et des épaules musicalement. Relents dance propres aux décennies musicales passées, leur son semble pourtant si actuel en cette année de fin du monde Maya. La foule est subjuguée, transportée vers des hauteurs insoupçonnées, littéralement comme au figuré, à l’instar de ces quelques courageux transcendés, qu’on s’amuse à voir grimper aux colonnes métalliques du Chapiteau.
Les minutes passent à une allure folle, sous un halo rose, nous prenons congé de la sensualité du célèbre saxophone présent sur Midnight City, ainsi que des membres de M83 qui n’hésitent pas à crier leur amour à un public qui le leur rend si bien.

La fête est belle, la fête est bonne, l’osmose est totale en ce mardi soir au Paléo. Au bout de la nuit, nous quittons finalement la Plaine de L’Asse, le sourire au coin des lèvres, les paupières lourdes, avec en bruit de fond les souvenirs altermondialistes d’un Manu Chao terne et lissé, et dans nos têtes, le bourdonnement lointain causé par le dub-step éclatant des Londonien de Foreign Beggars.

A demain Paléo Festival et merci !
artistes
    Gablé
    The Alaev Family
    Brigitte
    Hubert-Félix Thiéfaine
    7 Dollar Taxi
    Camille
    Kurt Vile & The Violators
    Franz Ferdinand
    M83
    Peter Kernel
    Manu Chao La Ventura
    Shake It Maschine
    Hanni El Khatib
    Foreign Beggars