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Paléo Festival

Nyon, du 17 au 22 juillet 2012

Live-report rédigé par Aurélien le 5 août 2012

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Nous en sommes déjà au deuxième jour de notre 37ème Paléo Festival. Toujours sous un soleil de plomb, le front perlé de sueur après s’être démené pour atteindre au plus vite et sans encombre le lieu de tous les plaisirs musicaux, nous attaquons la belle programmation de ce mercredi estival avec ce qu’il reste du concert des talentueuses demoiselles de Warpaint.

Au Chapiteau, les talentueuses se démènent tant bien que mal face à une foule parsemée de festivaliers. Quelques accords, divers refrains, on est rapidement transporté dans une ambiance musicale quasi woodstockienne. Mélodies aériennes, profondeur instrumentale, le quatuor et ses guitares nous séduisent sans trop forcer. L’instant est bon, l’instant est bref. L’heure tourne et nous voilà déjà en chemin pour l’arrivée des indéboulonnables Dionysos sur la Grande Scène.

Un gobelet de fraîcheur à la main, nous voilà ravitaillés et prêts à profiter de l’énième performance des Français sur la Grande Scène. Ces derniers, emmenés par un Mathias Malzieu toujours aussi intenable, n’ont pas trop de peine à réveiller la fosse. En grand nombre sur scène, avec son lot de guitares, basse, violon et autres instruments insolites, Dionysos est sur son trente-et-un en cette chaude fin d’après-midi. Costards noirs et cravates rouges pour la majorité d’entre eux, robe de princesse pour Babette, ils font tous leur petit effet visuel. Musicalement, les fidèles reconnaissent avec plaisir une pléthore d’incontournables. Un Mc Enroe's Poetry qui se transforme rapidement, enjoué, en un John Paléo repris en chœur par les festivaliers, Coccinelle, et son harmonica, fini sur un air connu de Nirvana devant des festivaliers heureux, les clochettes de La Métamorphose De Mister Chat, bouclé sous les cris rageurs d’une foule qui s’égosille à faire taire un chat imaginaire. Un moment insolite à mettre à l’actif d’un groupe qui s’évertue constamment à rester en contact de son public. Exemple à la clé, le minuscule chanteur, comme à son habitude, s’impose un plongeon, suivi d’un bain de foule sur la tête des premiers rangs rieurs à la fin de Bird 'N' Roll, piste tirée de leur dernier effort studio. Le spectacle est assuré jusqu’au bout. Mais, c’est bien connu, trop de spectacle tue le spectacle. Pas très emballés à l’idée d’assister à la montée sur scène d’une grappe de jeunes adolescentes toutes hilares au moment de danser ridiculement pendant de longues minutes aux côtés de leurs idoles, on se décide à prendre place sous le Club Tent, où les Américains d’Other Lives ne devraient plus trop tarder.

Il est presque 20 heures. Le jour continue à gagner son combat contre la nuit, et nous voilà postés devant un groupe de jeunes au talent certain, que nous avions eu le malheur de manquer au Montreux Jazz Café quelques jours auparavant. Heureusement, on se rattrape aujourd’hui de très belle manière dans le cadre de ce Paléo Festival ensoleillé.
A la trompette, au violon, ou à la guitare, le jeune groupe nous enthousiasme de bout en bout pendant près d’une heure. Bien que la salle soit bien remplie, leurs morceaux, resplendissants de mélancolie, ont cette particularité rare de nous transporter loin de tout, loin du tumulte ambiant. Bien qu’inédits à nos oreilles, ils ont aussi cette faculté rare de nous évoquer des mélodies connues et éprouvées. Ils nous transportent et nous plongent dans une rêverie passée, dans une autre vie. Des mélodies grandiloquentes, un chant tout en simplicité, nos poils se hérissent tous les deux morceaux. Un Tamer Animals bouleversant ou un As I Lay My Head Down tout simplement génial ne sont que deux illustrations sonores du phénomène Other Lives.
Sur les planches, on s’amuse à la vue du chanteur, chevelu lui aussi, qui ne quitte guère sa guitare sèche, en bandoulière accrochée dans son dos, même lorsqu’il prend place au clavier. Cela dit, cette multi instrumentalisation semble être une constante chez ce groupe. D’un côté le guitariste, lui aussi, jongle entre son manche en bois, son violon et sa trompette. De l’autre, le batteur, lui, s’occupe également des diverses percussions. Quant à la charmante violoncelliste, gilet noir et robe turquoise, cette dernière n’hésite pas à nous exhiber son beau timbre de voix sous un effluve de spots rouges. Finalement, le chanteur, grelots aux doigts, reprend la main pour nous interpréter deux dernières pépites sonores avant de nous quitter. Confirmation ou révélation, c'est selon, Other Lives nous auront offert un très beau moment musical.

Nous ne sommes pas encore tout à fait remis de nos émotions, mais l’heure tourne. La Grande Scène est noire de monde pour la venue de la légende anglaise The Cure. Sous ses allures de Joker dans Batman, rouge à lèvre décalé et cheveux ébouriffés, Robert Smith est aux avant-postes ce soir. Pour certains, il est attendu comme le Messie. Pour d’autres, il ne constitue qu’une loufoquerie. Car, tout de noir vêtu et avec ses quelques kilos en trop, Robert aurait de quoi faire peur à n’importe quel bambin dans une cour d’école. Mais n’oublions pas que ce Robert là est le chanteur de The Cure et cela fait une grosse différence. A la vue de l’exaltation des fans qui nous entourent, on comprend vite que le bonhomme est un monstre, mais un monstre du rock anglais.
Sur une scène enfumée, le chanteur et ses quatre compères du groupe assurent leur statut devant une nuée de photographes. Que ce soit le bassiste, ses tatouages et sa coupe banane, ou le guitariste aux cheveux blancs, tout le monde met la main à la pâte pour épauler un Smith étincelant ce soir. Pendant pas moins de deux heures, le chant du monsieur tiendra parfaitement la route. Tous les tubes essentiels du groupe y passeront. Dans la masse, on retiendra notamment Inbetween Days, chanté en chœur par le Paléo Festival dans son entier ce soir. La nuit tombe, la soirée est belle en ce mercredi soir.

Décidés à privilégier les découvertes aux vieilles gloires, on rebrousse chemin direction le Chapiteau, où Bon Iver et sa horde d’adolescentes ne nous ont vraisemblablement pas attendus. Spots jaunes aveuglants, admiratrices criardes, l’agression est totale. Mais heureusement, dans son polo rouge, Justin Vernon adoucit vite l’atmosphère avec ses nombreux titres à rallonge. Épaulé par huit musiciens sur scène, le rouquin donne dans l’intensité. La scène a pris une allure fantomatique avec ses draps usés et troués pendus au plafond. Son percussionniste, costaud, ne passe lui aussi guère inaperçu, faisant la navette entre ses bâtons et son trombone à coulisse, rivalisant à lui tout seul avec le trio de la section cuivre. Quant à notre Bon Iver à la barbe négligée, il continue à passer d’un micro à l’autre, au gré des effets voulus sur sa voix pour charmer son jeune public. On se dit d'ailleurs que cette voix sous effets, toutes proportions gardées, flirte parfois avec le timbre émouvant d’un James Vincent McMorrow. Mais l’émotion peine à se développer face aux cris du public féminin, récurrents ce soir. Sous une trainée lumineuse violette, l’artiste transforme les cris de son public en chœur, chantant un des singles à l’unisson. Nos oreilles préfèrent cela. Satisfaits, mais pas totalement conquis par Bon Iver, on se prépare au bouquet final.

D’abord, Justice nous offre une performance scénique de choix avec son show de sons et de lumières. Une décoration composée de dix-huit amplis Marshall qui se transforment de temps en temps en pixels lumineux dans la nuit, une croix lumineuse géante et centrale en guise de marque de fabrique pour les deux Français, et surtout un show renversant qui nous avait déjà comblé un mois auparavant lors d’un festival en terres danoises. La machine à danser est bien huilée. A coup de méga tubes, qu’on ne présente même plus, le duo Justice semble remporter son match contre les festivaliers. Lorsque D.A.N.C.E. retentit sur la Plaine de L’Asse, c’est la victoire par K.O. Un chaos ambiant qui se forme aussi au sein des premières rangées, dispersées en pogos géants. Quelle claque !

Finalement, au bout de la nuit, avec quelques grosses minutes de retard, Miles Kane entre dans la danse sous le Chapiteau. Une danse faite de riffs de guitares efficaces et accrocheurs qui nous tiennent en haleine sous un Chapiteau délaissé par la foule, en cette heure très avancée. Tant mieux pour nous, à quelques mètres de l’artiste, on ne loupe rien. Costume bleu roi pour le dandy, quatre musiciens à ses côtés, Miles Kane démarre au son de son Kingcrawler sans se ménager. Grosse activité sur scène, l’artiste tente visiblement de réveiller son public somnolant. Branlant sa guitare sous un essaim de spots rouges, le jeune homme esquive de peu un gobelet qui l’avait pris pour cible à la fin du titre. Peu rancunier, il enchaîne comme de rien, toujours avec la même volonté, laissant beaucoup d’énergie sur le solo endiablé de son second titre. Puis, raisonnent les pistes Rearrange et First Of My Kind entre quelques applaudissements de son maigre public, qui finit par gagner en nombre autour de la scène. Cette dernière se la joue sobre avec pour seule décoration quelques boîtes de rangement du matériel et une tripotée d’amplis. Autant le dire, rien à voir avec la mégalomanie de Justice.
Quelques gorgées rafraichissantes pendant qu’il accorde sa guitare, puis le concert peut reprendre. My Fantasy résonne sous des lumières orangées, Happenstance retentit sous des flashs bleutés, les festivaliers apprécient. Comme l’Anglais n’hésite pas à communiquer avec son public, entre deux pistes, son accent prononcé nous fait sourire. Ensuite, quand il reprend sa guitare, c’est pour enchaîner avec la pop de son Quicksand, suivi du slow Take The Night From Me et de Looking Out My Window sur lequel son clavier devient trompettiste.
La nuit devient longue, nos paupières de plus en plus lourdes. Le slow Colour Of The Trap et son doux tempo n’arrangent rien à nos maux. Heureusement, en guise de placebo, Miles Kane continue à se donner sur scène, dégoulinant de partout. En genoux flexions pour un avant-dernier riff sur Inhaler, ou encore gigotant devant les derniers petits pogos de la soirée, l’artiste finit la soirée en interprétant son génial Come Closer, une piste visiblement attendue par toutes et par tous, sorte de signal de permission pour aller enfin nous coucher.

La soirée fut longue, mais que la nuit fut belle au Paléo Festival ce soir !
artistes
    The Cure
    Justice Live
    Dionysos
    Bon Iver
    Dominique A
    Miles Kane
    Warpaint
    Other Lives
    Boy
    Givers
    Christine
    Buvette
    The Deadline Experience
    Francis Francis
    Natacha Atlas
    The Alaev Family
    Broukar