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Paléo Festival

Nyon, du 17 au 22 juillet 2012

Live-report rédigé par Aurélien le 5 août 2012

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Retour sur les hauteurs de la ville de Nyon pour vivre notre première soirée du weekend. Une fin de semaine au Paléo est souvent synonyme de foule bigarrée plus intéressée par la fête que par l’affiche musicale en elle-même. Cela se confirme bien sûr à la vue des nombreux bars qui ne désempliront pas jusqu’à une heure tardive et cela malgré la pluie. En effet, une fois n’est pas coutume pour cette 37ème édition du Paléo Festival, la météo est peu clémente. Un orage et des températures automnales sont au rendez-vous. Ces conditions difficiles achèvent vite notre motivation. Un entrain qui était déjà au plus bas à la découverte du programme journalier, peu alléchant pour tout adepte de rock qui se respecte.

De cette soirée, on ne retiendra pas grand chose, si ce n’est quelques bribes d’espoir ci et là. Pour commencer, on se remémore le beau sourire d'Imany, déesse originaire des lointains Comores, laquelle nous offre une musique solaire bienvenue sous l’orage qui se déverse sur nos petites têtes détrempées. Les danses de parapluies mêlées à un parterre de ponchos multicolores brisent la grisaille ambiante le temps d’une poignée de titres, sur lesquels la soul de l’artiste réchauffe nos cœurs. Timbre de voix rocailleux, la demoiselle semble faire le pont entre une Tracy Chapman déprimante et la joie de vivre communicative d’une séduisante Ayo.

Plus tard, toujours devant la Grande Scène, c’est au tour de Rodrigo Y Gabriela And C.U.B.A. de réchauffer nos cœurs et corps, nous faisant danser au rythme latino de leurs guitares virtuoses. Désormais habitués du Paléo, les deux prodiges et leurs douze cordes sont de retour après leur passage en 2009. Honneur de la Grande Scène cette fois-ci, les deux Mexicains ont pris une carrure planétaire. Même s'ils sont toujours autant talentueux et n’ont rien perdu pour nous faire remuer au rythme de leurs prouesses sonores, le concert perd tout de même en intensité à ciel ouvert. Étonnement, la présence de musiciens à leurs côtés enlèvent aussi ce petit brin de simplicité qui faisait toute la magie de leurs performances scéniques passées. Bref, la nostalgie nous prend et on regrette l’époque au Rodrigo Y Gabriela remplissaient le Chapiteau à ras bord, même si ils ne démériteront pas en ce vendredi soir frileux en nous apportant également un peu de chaleur.

Les oreilles encore pleines de solos de guitares et de rythmiques latino, on revient de notre voyage dans le sud pour remettre les pieds sur terre avec le rap très terre-à-terre d’Orelsan. Souvent très crus, les textes du Français font parfois sourire. Sorte de poète des temps modernes à prendre au second degré, voire plus, le Français ne fait pas dans la métaphore, exposant salement ses états d’âme existentiels sous un Chapiteau bien rempli pour l’occasion. Surprenant, look de skater, casquette dévissée sur son crâne chevelu, le jeune homme déverse sa fougue lyrique sur une instrumentalisation bien plus rock qu’à l’accoutumée. Bondissant sur scène tel un jeune biquet, Orelsan se démêle comme il peut pour donner vie à ses textes salaces pendant une petite heure.

Rapidement désintéressés par le Français en raison d'une position géographique un peu trop excentrée de la scène, on préfère opter pour le hip-hop new yorkais de l’atypique Theophilus London, le temps de quelques chansons. Un Club Tent bien plus accessible accueille le longiligne Américain et sa clique d’allumés. Pull noir trop court, pantalon slim et lunettes de soleil sur le nez malgré la nuit, l’artiste a une allure atypique. Sa musique l’est également, déversant une hip-hop subtile à la croisée des genres. Épaulé par sa fine équipe originaire de Brooklyn, l’artiste nous donne un bel aperçu de l’effervescence artistique actuelle du célèbre quartier new yorkais.

Cependant, en concurrence avec un autre Américain, le rappeur perd vite le combat face à Lenny Kravitz, programmé sur la Grande Scène. Celui-ci constitue l’instant le plus rock de la soirée, c’est dire la pauvreté de l’affiche du soir pour nous. Bien qu’ayant l’allure et la gestuelle d’une rock star, l’artiste reste quand même un soul man. Cela se sent dans ses choix de chansons ce soir. Une sélection de titres un peu mous de bout en bout ne nous permettent guère d’approcher l’exaltation. L’Américain, qui semble avoir abusé des séances de yoga et autres méditions californiennes, a clairement perdu de son mordant. Il est difficile de demander d’un chanteur approchant la barre des cinquante ans de garder son influx rock, normalement propre à un jeune pré-adulte révolté. Tant pis, on se contentera de ce que l’on a, appréciant tant bien que mal les quelques titres estampillés Best Of de Lenny Kravitz, à l’image de cet indémodable Fly Away.

Déçu de notre soirée, la mort dans l’âme ou presque, on essayera de se consoler devant la performance sonore et visuelle du collectif C2C, rassemblant quatre princes Français des platines. Alignés sur un podium lumineux réagissant aux différents sons, le quatuor fait monter l'ambiance sous le Chapiteau. Finalement, on tente de sécher nos larmes devant la fougue scénique des excellents Français de Skip The Use, programmé au bout de la nuit sous le Club Tent, une scène qui est habituellement synonyme de bons coups sonores.
Le groupe, motivé et motivant, confirme cette règle, même si, inconsolable, on décidera tout de même de privilégier le repos afin de repartir de plus belle le lendemain, avec un samedi soir qui s’annonce déjà explosif.
artistes
    Lenny Kravitz
    Rodrigo Y Gabriela and C.U.B.A.
    Imany
    Irma
    C2C
    Skip The Use
    Da Cruz
    Schnautzi
    Kaltehand / Natasha Waters
    OrelSan
    1995
    Theophilus London
    Dope D.O.D.
    La Gale
    CABADZi
    Ibrahim Maalouf
    DAM
    Niyaz