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Nuits Secrètes

Aulnoye-Aymeries, du 3 au 5 août 2012

Live-report rédigé par Maxime Delcourt le 8 août 2012

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vendredi 3
Aulnoye-Aymeries, petite ville près de Maubeuge aux briques rouges pour principal décor, accueillait du 3 au 5 août la 11ème édition des Nuits Secrètes. Ou comment proposer, toujours en proportion idéale, une programmation faite de nouveaux espoirs, d’artistes majeurs et de références indie dans un souci d’éclectisme évident. Découvrons les lieux.

Comme il n’y a rien de mieux et de plus cool que de porter, le temps d’un après-midi décontracté ou d’une soirée branchouille, une bonne vieille paire de Vans, en musique, il n’y a rien de plus jouissif que de se replonger dans un univers que l’on connaît et qui nous rassure parce qu’on s’y sent bien. C’est donc dans une totale décontraction que l’on aborde cette 11ème édition des Nuits Secrètes, loin des programmations formatées et prévisibles des autres festivals hexagonaux.
Une nouvelle édition que l’on entame avec The Mamys And The Papys. Non, ce n’est pas une faute de frappe, mais bien une chorale de retraités, euphoriques comme des gosses, dont les reprises rock sont aussi étonnantes que délicieusement bien choisies : du Louxor, J’Adore de Katerine au Résident De La République du regretté Alain Bashung en passant les hymnes des Clash (Should I Stay Or Should I Go) et de Trust (Antisocial), The Mamys And The Papys rappellent à nos jeunes oreilles que, eux, ont connus la naissance du rock et qu’aujourd’hui, contrairement à d’autres, ils savent le manier avec dérision et humour.

Il est 20h, c’est l’heure des premiers « Parcours Secret » du week-end. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, on explique. L’idée est d’emmener une centaine de spectateurs, parfois plus, parfois moins, dans un lieu inconnu, hors du festival, pour assister à la performance d’un groupe dont l’identité ne sera dévoilée qu’une fois sur place. Maintenant que vous connaissez le principe, vous comprenez alors l’attente, la curiosité puis la joie éprouvée lorsque l’on prend conscience que c’est avec Ewert & The Two Dragons que nous partagerons ce secret. Pour accompagner leur pop épurée et émerveillée, il ne pouvait y avoir meilleur lieu : une authentique grange reculée au fin fond de la campagne, un couché de soleil dont les rayons rosâtre habille le jardin, l’odeur du bois... Bref, l’extase. Durant un peu moins d’une heure, les estoniens sublimeront les lieux et feront de leur univers le plus bel endroit de la terre : un endroit où l’enchantement paraît sans limite. Vivement demain que l’on puisse les recroiser sur la scène du Jardin.

Le bus nous dépose à nouveau à Aulnoye-Aymeries, doux retour à la réalité. Pas le temps de retrouver ses repères, on file voir la deuxième partie du concert d’Orelsan. Une chose est sure, l’ambiance est au partage, à la critique sociale et à l’humour. Un tour de force que l’on doit autant à la setlist (au sein de laquelle Orelsan enchaine La Terre Est Ronde, Le Chant Des Sirènes et La Petite Marchande Des Porte-Clefs) qu’au public, tellement à bloc que l’on jure avoir senti le sol vibrer dans la fosse. Cette forte personnalité du rap français n’a pas son pareil pour faire d’un concert une expérience à part, pour créer une alchimie parfaite et égrener ses tubes décomplexés à l’efficacité scénique démentielle. Le flow percute, les mots, drôles et frais, vacillent, et c’est l’ensemble des spectateurs des Nuits Secrètes qui succombe à cette référence hors catégorie.

Tout ça, c’était avant que Baxter Dury n’investisse le Jardin. Injustement oublié pendant des années, le fils de Ian Dury transpose ici son merveilleux Happy Soup avec la nonchalance qui le caractérise. Si, malgré un lieu magnifique et reposant, on se dit que l’anglais semble plus à l’aise en salle qu’en festival, avouons tout de même que cette prestation est impeccable. Accompagné par sa camarade Madelaine Heart lorsqu’il enchaine les imparables Claire, Isabel et Leak At The Disco, Baxter Dury signe parfaitement son retour sur le devant de la scène. Bière chaude à la main, on applaudit et on en redemande.

On reste au Jardin pour assister à la performance très technique des américains de Battles. Malheureusement, de nos jours, « technique » semble rimer avec mise à distance du public. Pourtant, le charme précieux des Nuits Secrètes, consiste justement à créer un lien avec le spectateur, briser la barrière artiste/public, que ce soit à travers les « Parcours Secrets » ou « La Piscine ». Or, si le math-rock des new-yorkais se révèle jouissif et ludique, les têtes pensantes du groupe, eux, ne semblent pas en faire autant, trop occupées à se masturber sur leur propre science sonore. Dommage.

Avant d’aller se coucher, vient l'heure d'un long détour par la Bonaventure, de retour cette année après deux années d’absence, pour s’abandonner aux coups de beat des différents DJs présents ce soir. Et c’est dans une ambiance industrielle, typiquement anglaise, que l’on martyrise dans nos chevilles sur l’électro secouée de Don Rimini. Une approche presque organique de la musique club qui, non seulement, finira par convaincre les plus sceptiques sur les qualités du garçon en termes de djing, mais achève aussi parfaitement cette première journée. En attendant la prochaine.
artistes
    THE MAMYS AND THE PAPYS
    ORCHESTRA OF SPHERES
    ORELSAN
    DON RIMINI
    SINYAYA KOZHA
    THE MINUTES
    ZITA SWOON GROUP
    BAXTER DURY
    BATTLES
    THE MASONICS
    DJ HEALER SELECTA
    DON RIMINI (DJ SET)
    DJ EL NINO
    EWERT & THE TWO DRAGONS