logo SOV

Paléo Festival

Nyon, du 17 au 22 juillet 2012

Live-report rédigé par Aurélien le 14 août 2012

Bookmark and Share
Ô joie, ô bonheur, ce samedi tant attendu au Paléo Festival est enfin arrivé. Impatients, nous retrouvons la Plaine de l’Asse où pas moins de trois groupes originaires d’outre-Manche sont programmés pour nous faire vibrer le temps d’une longue soirée. Les travées du festival fourmillent de partout, les stands ne désemplissent pas et la musique coule à flot. Pas de doute, nous sommes bien au cœur du week-end.

A peine franchies les portes du Paléo aux alentours des 18 heures, que le duo anglo-américain The Kills s’offre à nous. Sous un Chapiteau gorgé de soleil, transpirant de monde, le couple artistique s’évertue à réveiller nos corps et nos oreilles encore meurtries par la veille. Guitares saturées, riffs ravageurs, le groupe, emmené par une Alison Mosshart à la chevelure rouge sang et par un Jamie Hince affuté, rugit sur scène le temps d’une poignée de titres ravageurs. La demoiselle, féline du rock, fait preuve d’une fougue et d’une prestance scénique rare. Charismatique, elle captive tous les regards d’une foule divisée entre intrigue et adoration. Un peu trop rugueux pour certains, le rock sans concession du binôme anglophone n’est, semble-t-il, pas à la portée de toutes les oreilles et paraît même lasser une partie du public, qui ne fera que passer le temps d’une brève écoute.

De notre côté, satisfaits, mais désireux d’en découdre avec la suite d’un programme des plus alléchants, nous décidons de prendre le chemin de la Grande Scène, où doit se produire le groupe américain Garbage, sur le coup des 19 heures. Cependant, contre toutes attentes, l’inexplicable se produit en route.
Nos rétines, étrangement attirées par une bande de zouaves sur la petite scène du Club Tent, nous piègent devant la prestation atypique d'Airnadette, collectif muet mais pourtant fort expressif. On se retrouve soudainement piégé par le flot de bêtises communicatives et par la bonne humeur dégagée sous la petite tente devant une masse de festivaliers hilares. La troupe, maître dans l’art du playback, fait dans l’humour en proposant un patchwork de répliques de films, décalées et incontournables, pour former une comédie musicale loufoque qui durera plus de soixante minutes. Gravitant autour de la fougue du champion du monde de « Air Guitar », la bande fait sourire au gré de ses divers tableaux musicaux. Le temps passe. Scotchés sous la petite tente, on finira par entendre Garbage seulement de loin. Découvertes et imprévus, au final, c’est cela la magie du Paléo.

Encore tout culpabilisés par nos hérésies musicales passées, on décide de se rattraper au maximum devant la prochaine affiche de la Grande Scène. Deuxième groupe anglais de la soirée et pas des moindres, The Kooks fait son apparition. Devant une affluence des grands soirs, au son du magnifique Sea Side qui à la magie de nous faire oublier nos tracas existentiels en nous transportant sur une plage abandonnée le temps de quelques accords mélodieux, le groupe démarre de belle manière. Acclamé par de fidèles festivaliers, The Kooks étrenne ses guitares fougueuses pour nous interpréter le gros des tubes de son premier album, l’incontournable Inside In/Inside Out. Dans l’ensemble agréable, le concert des Anglais connaît tout de même un petit coup de mou lorsque la technique les lâche et que la moitié gauche de la foule est plongée dans un demi silence le temps de quelques titres. Dès lors, décidé de ne pas se faire stopper par quelques amplis récalcitrants, le chanteur Luke Pritchard redouble de mouvements et d’intensité pour garder en haleine son public jusqu’à la fin. Sofa Song, Match Box, Shine On ou Naive seront quelques-uns des souvenirs musicaux qui resteront dans les airs le temps d’un instant. Pluie d’applaudissements, cris de joie et autres grimaces expressives, The Kooks peuvent quitter les planches le devoir bien fait.

Pas le temps de souffler que nous nous précipitons déjà vers le Chapiteau. Le groupe marquant de ce samedi soir va s’y produire. Des festivaliers compacts devant une scène plongée dans l’obscurité, une introduction électronique et quelques flashs lumineux font trépigner la masse et monter la sauce jusqu’à l’entrée soudaine des quatre Anglais de Bloc Party bien sûr.
Des lumières passant du bleu au rouge, acclamés comme jamais, les musiciens démarrent leur prestation par un titre inédit et prometteur. Sans difficulté, on apprécie la découverte sonore et son final explosif, cordes balayées à toute vitesse et batterie déjà la limite de l’implosion. Quelques mots doux du chanteur Kele à ses fans, puis Bloc Party décident de mettre le feu avec un grandiose Mercury qui, sans aucune difficulté, agit tel un détonateur sur un Paléo ravi. Applaudissements soutenus, constellation de points lumineux verts sur scène, Hunting For Witches résonne dans nos oreilles. Grosse dépense d’énergie de part et d’autre, le festival hurle son bonheur collectif. Sans transition, les quatre Anglais nous transmettent leur Positive Tension, provocant de premiers pogots endiablés dans la foule, avant de continuer avec Octopus, excellent premier single tiré de leur prochain effort studio qui est attendu dans les prochaines semaines. Solo de guitare endiablé, rythmique saccadée et soutenue, la piste a tout pour ravir les plus exigeants d’entre nous.
Quelques gouttes de sueur plus tard, la formation augmente la pression en jouant sans transition l’explosif Song For Clay (Disappear Here), suivi du précurseur Banquet, qui tous deux asphyxient joyeusement la foule, plongée dans un délire festif monumental. Comblés et à la recherche de notre souffle coupé par la folie ambiante, nous écoutons attentivement Kele Okereke nous présenter The Truth, un autre inédit. Mélodique, harmonique et riche en guitares, le morceau nous rappelle le grand Bloc Party des débuts, loin des dérives électroniques du opus. Puis, après l’excitation des dernières minutes, le charismatique chanteur nous présente encore une fois la prochaine chanson So Here We Are et son thème qui, je cite « être bourré dans les champs », semble correspondre au plus grand nombre ce soir, à l’écoute des cris d’approbation dans le public.
Calme, le morceau nous permet de reprendre nos esprits avant de repartir de plus belle au son du très dansant One More Chance, de son clavier house et de la rythmique très primaire de Matt Tong à la batterie. Cette fois-ci, le Chapiteau prend des airs de boîtes de nuit alternatives le temps d’un instant. Mais, rapidement, les pogos reprennent le dessus, après que l’incontournable Kele, casquette vissée sur son caillou, fasse chanter la foule en chœur.
Puis, tout va très vite. Sur un petit nuage, la frénésie musicale nous emporte pour de bon. Le concert semble ne durer qu’un bref instant. On se rappellera seulement de la douceur éphémère du titre amoureux This Modern Love, de la grenade sonore qu’est The Prayer, du flot incontrôlé d’Ares et de ses aigus vocaux, ou encore de Flux, de ses flots musicaux continus et de sa danse de lasers géométriques colorés. A chaque fois, les titres sont entrelacés par une pluie d’encouragements et de vivats de la part de festivaliers comblés. Scandant le nom du groupe, on recevra en réponse le feu d’artifice final intitulé Helicopter, chanté par une bonne partie de l’assistance. Apothéose géniale, offerte à un Paléo sauteur et rieur jusqu’aux dernières secondes fumantes d’une prestation remarquable.

Des étoiles plein les yeux, la horde de festivaliers finit par se disperser ci et là dans les méandres de la Plaine de l’Asse. Les amateurs de chanson française devant la Grande Scène pour écouter une énième fois Bénabar. Les suiveurs de tendances électroniques devant l’Américain Agoria, tandis que les adeptes de pop/rock léger vont, eux, se délecter aux côtés des Belges de Great Mountain Fire.

Car il est bien connu que, à toute heure, il y en a pour tous les goûts au Paléo Festival !
artistes
    Garbage
    Bloc Party
    The Kooks
    The Kills
    Agoria
    Honey For Petzi
    Great Mountain Fire
    Monoski
    Widdershins
    Oxsa
    Bénabar
    Thomas Dutronc
    Charlotte Parfois
    GiedRé
    Avishai Cohen
    Balkan Beat Box
    Yemen Blues
    Airnadette