For Noise Festival

Cette année, il était pour la première fois question de choisir entre l'inépuisable Rock en Seine et le For Noise Festival et il faut bien l'avouer, le choix fut vite fait. Très rapidement ce printemps, les premiers noms pour la programmation de ce dernier sont tombés, en même temps que nos derniers doutes : entre la venue de la prêtresse Patty Smith et le retour des formidables Grandaddy, le tout dans une enceinte verdoyante et à taille humaine, nous n'allions pas bouder notre plaisir.

En ce premier jour de festival, nous découvrons en début de soirée le site quelque peu remanié : une nouvelle disposition de la régie, des bars et de certains stands pour permettre un déplacement plus fluide mais rien de bien nouveau, ce dont nous ne nous plaindrons pas.



L'ouverture des festivités ayant lieu à 19h sur la grande scène, nous tentons de ne pas perdre trop de temps en salutations d'usage et nous dirigeons vers le set des Américains de We are Augustines. Pas de tergiversation, ici, l'introduction se fait sur les chapeaux de roues. Dans un rock US traditionnel mais néanmoins puissant, le trio déballe ses compositions teintés à chaque instant de Bruce Springsteen et de tout ce que l'Amérique fait de plus brut. Le public répond rapidement à l'appel et se masse déjà dans la fosse pour profiter de la ferveur des trois lascars. Même si la performance est honorable, difficile d'en jouir pleinement lorsqu'on pense à la suite... qui ne se fera d'ailleurs pas attendre très longtemps.



Entre passage au stand du disquaire et conversations croisées, nous nous plaçons vite devant la scène pour le début de la messe psychédélique conduite par Kevin Barnes, frontman charismatique d'Of Montreal. Déjà de passage au début de l'été au Trianon à Paris, l'effet avait été détonant. Une fois encore, ils ne manquent pas à l'appel. Débutant leur concert avec Coquet Coquette, suivie de Suffer For Fashion, l'envoûtement est déjà total : dans une disposition scénique extrêmement sobre pour ce groupe haut en couleurs, les membres d'Of Montreal n'en perdent pas pour autant leur folie créatrice. Affublés de vêtements tout droit sortis d'une friperie Emmaüs, les increvables popeux enchaînent les titres de leur riche discographie. Sur un timbre vocal toujours parfaitement posé, Kevin Barnes, souriant comme jamais, assure le show en véritable maître de cérémonie. Le public se laisse emmener dans les compositions des excentriques Américains. Bercés par les Beatles et Syd Barrett, ils ne sont jamais à court d'inspiration et même si le rendu est bien différent ce soir de leur dernière date parisienne (le groupe jouant en effectif réduit : seulement six membres !), le succès est total. Of Montreal ont sonné le début de ce qui se présente dès à présent comme une édition mémorable du For Noise.



Impossible de détourner les yeux du set et c'est avec regret que nous constatons avoir manqué la présentation de Merz à l'Abraxas, frustrations inhérentes à tout festival.



D'Of Montreal à la jolie Canadienne Feist, il n'y a qu'un pas, que le For Noise nous permet de franchir de la plus belle des manières. C'est à ce moment précis que nous nous rendons compte que le site est en ébullition pour la seule venue de la folkeuse sur le sol helvétique cette année. Pendant une heure et demi et sous une pluie de plus en plus soutenue, les guitares se fent tantôt douces et sucrées, tantôt acerbes pour un mélange de folk et de rock. Sa voix résonne dans l'enceinte de Pully. Déployant une énergie contagieuse, Feist nous convie à rallier son univers intimiste mais il est parfois difficile de rester attentif, probablement la faute d'Of Montreal et leurs mélodies entêtantes. L'auditoire semble cependant ravi.



Le reste de la soirée relève plus de la curiosité que d'autre chose. Direction le DeMovie Salon pour apprécier l'arrivée de Lescop. En ces temps de vaches maigres côté renouveau de la musique française, le phénomène 80's revival semble prendre de plus en plus de place et Lescop compte bien se tailler la part du gâteau. Les influences new wave se mêlent à des ambiances plus noires. La batterie est martiale, la guitare frénétique et finalement, ce que nous pensions être une mascarade s'avère être une bonne surprise. A l'entame du tube La Forêt, nous nous prenons même à danser, preuve que parmi le déversoir ambiant de parodies 80's, il y a du bon !

Nous terminons enfin notre première soirée par un détour à l'Abraxas qui accueille alors Roy And The Devil's Motorcycle qui, comme leur nom ne l'indique pas, viennent de Suisse. Dans un flot de guitares grasses, ils déversent leur rock psyché, imbibé de free jazz, dans un capharnaüm sonore incroyable. Les amplis saturent, le chanteur hurle et nous nous disons que ce premier jour a de loin rempli toutes ses attentes.