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Iceland Airwaves

Reykjavík, du 31 octobre au 4 novembre 2012

Live-report rédigé par François Freundlich le 27 novembre 2012

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“It’s good to sing when you’re cold“ dit un adage islandais. Ce quatrième jour de festival ne le contredit pas car le vent ne semble jamais devoir s’arrêter. Notre samedi après-midi commence dans un cinéma : le Bio Paradis. Il n'est pas question de se réfugier dans une salle obscure mais d'assister au premier concert de la journée dans un hall qui fleure bon le popcorn.

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La petite troupe islandaise de Útidúr va bercer de sa pop de chambre symphonique les quelques courageux venus tôt pour s’installer sur de confortables canapés. Ces huit musiciens s’amusent à mêler trompettes, trombones, violons, claviers, accordéon et guitares dans de lentes mélodies qui peuvent s’accélérer à tout moment pour se revêtir de sonorités balkaniques ou électroniques. La voix du chanteur est très particulière, profonde et mélancolique, avec un chant en islandais. Elle évolue sur la plupart des morceaux dans de souriants duos avec une chanteuse à la voix très aigüe. Mais la grande force de Útidúr réside en ces longs moments instrumentaux où chaque cuivre ou corde fait évoluer la mélodie vers des crescendos toujours plus virevoltants. On pense à Beirut ou Calexico qui se seraient dramatiquement crashés sur une plage de sable noir islandaise. Car il y a ici ce petit coté triste dans chaque chanson qui assombrit un peu la gaieté de ces huit personnages plein d’entrain (alors qu’ils sont une vingtaine sur leur album). Un groupe qui s’apprécie pleinement dans un canapé mais que l’on imagine pouvoir s’enflammer devant une audience plus grande.

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C’est à cet instant que nous nous perdons dans les rues de Reykjavik, en cherchant ce lieu du Sirkus Port qui n’existe finalement plus. On croise des musiciens avec leurs instruments dans la rue et, surprise, il s’agit du groupe que l’on cherchait à rejoindre : Lockerbie. Nous les suivons pour atterrir dans le bar où le chanteur travaille en dehors de son groupe : voilà une anecdote qui reflète bien l’esprit familial de ce festival. Après avoir succombé à ce très bon album qu’est Ólgusjór, nous ne voulions absolument pas rater la formation pendant le festival. Les deux performances qu’ils vont enchainer cet après-midi ne nous ont pas déçu sur leur potentiel. Leur pop essentiellement basée sur un piano aérien introduit un décor magique. Les compositions sont néanmoins très accrocheuses car une guitare évidente relève ces envolées de claviers. Le chanteur est fortement inspiré par Jónsi avec une voix juvénile qui flirte parfois avec les aiguës. Le claviériste la complète parfois de ses chœurs, lorsque les deux hommes accélèrent le rythme et se rejoignent dans des choeurs retentissants et joyeux comme sur Laut. Ils nous gratifieront d’ailleurs de quelques passages à quatre mains au piano. Après un premier concert dans l’ambiance sombre d’un bar avec un public debout et compressé, Lockerbie en donne un second dans le café Glaetan. Nous pouvons les apprécier assis avec plus de sérénité et un milka muffin, d’autant plus que d’autres chansons sont interprétées. Lockerbie est un nom à retenir, ils sont à n’en pas douter l’un des grands espoirs de la pop islandaise.

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Dans ce même bar où une chaleur intense règne, nous essayons de tenir en équilibre entre un mur et une chaise pour apercevoir les néerlandais de Moss. Ils livrent un rock fiévreux où les boucles distordues font remuer les têtes et réagir les tympans. Leur diabolique I Like The Chemistry voit se répéter un même riff hypnotique tandis que le chanteur souffle calmement d’une voix douce à peine énervée, comme on aurait pourtant pu l’attendre. On sent ce groupe avant tout taillé pour la scène et pouvant aisément enflammer de gros festivals. Ajoutons à cela quelques bons hymnes pop rock bien sentis et nous obtenons un set sympathique que nous aurons même réussi à terminer sur nos deux jambes dans ce bar bondé.

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Pour cette dernière soirée de concerts au centre ville, nous choisissons de finir comme nous l’avons commencé : dans la petite salle de l’Iðnó et ses jolies frises d’inspiration nordique. Nous y retrouvons un groupe tout aussi nordique composé de l’islandaise My Bubba et de la suédoise Mi, ces dernières formant My Bubba & Mi. Une contrebassiste accompagne leurs guitares et banjos tandis qu’elles susurrent de douces paroles sucrées, comme leur chanson Banana Cream Pie. Elles chantent à tue tête un folk bucolique avec un petit air de premières de la classe dans leurs robes vintage. Une touche d’humour agrémente le concert puisqu’elles l’entrecoupe d’un instant marketing où elles font leur propre promotion via des jingles chantés plutôt drôles. Ça sent bon le folk old-school tout en simplicité grâce au mélange des deux voix plutôt agréable. Charmant.

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Nous retrouvons ensuite la jeune songwriter Mo Kenney qui s’avance seule d’un pas assuré vers l’avant de la scène avec son petit sourire en coin. Cette perle d’Hallifax, Nouvelle Ecosse, Canada, effleure sa guitare dans de subtiles compositions frissonnantes. Sa fraicheur n’a d’égale que la mélancolie et la tristesse présentes dans beaucoup de ses compositions, au point de n’avoir qu’une seule chanson un peu entrainante : The Happy Song. Malgré l'aspect grave, ces légers accords de guitare folk nous laissent le sourire aux lèvres. Avec sa bouille d’ange et sa voix s’élevant dans une certaine tension sur le titre Sucker, Mo Kenney nous aura plus que jamais charmé durant ce festival.
L’ambiance change alors du tout au tour puisque Skúli Sverrisson entre seul sur la scène de l’Iðnó. Ceux qui ne savaient pas à quoi s’attendre sont servis : le bassiste va nous entrainer dans un set expérimental qui pourrait servir de bande son à un épisode d’X-Files. De longs et lancinants sons, parfois bruitistes, incitent le public à s’asseoir et à fermer les yeux. Voilà une expérience particulière qui ne restera pas forcément dans les mémoires.

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Pour se réconcilier avec Skúli Sverrisson, nous le retrouvons auprès de la chanteuse Ólöf Arnalds qui va à l’inverse communiquer sa bonne humeur avec des titres assez joyeux. Membre de múm et cousine du pianiste Ólafur Arnalds, la pétillante blonde s’est faite remarquer avec deux très bons albums dont un duo remarqué avec Björk. Ses compositions s’inscrivent dans un style traditionnel islandais avec une voix aigüe assez classique. Néanmoins, des morceaux plus pop en anglais figurent sur son deuxième album et ses futures compositions jouées ce soir tendent également vers ce style. Malgré la joie de vivre d'Ólöf Arnalds qui remue parfois gaiement du bassin en saisissant un ukulélé sur ses morceaux les plus entrainants, on saisit parfois la face plus écorchée de la chanteuse. Ses titres plus lents et plus profonds sont interprétés en anglais, comme pour se détacher de sa langue natale. Ils n’en restent pas moins très prenants dans des interprétations tout en grâce. On peut parfois être surpris par la droiture avec laquelle Ólöf Arnalds chante, nuisant peut-être parfois aux émotions qui pourraient jaillir de ses compositions. Nous resterons néanmoins avec le souvenir de cette allégresse qui incite le public à remuer.

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Deux groupes non-islandais très attendus vont finalement s’enchainer pour conclure la soirée dans cette salle. Les suédois de I Break Horses évoluent dans une atmosphère bien plus sombre et planante. Leur excellent album Hearts prend toute son ampleur dans des adaptations live captivantes, bercées par une guitare aux échos shoegaze et des boucles d’orgues aux crescendos hypnotiques. La voix de la chanteuse Maria Lindén plane au-dessus de ces enchevêtrements avec toutefois une certaine retenue due peut-être à quelques faiblesses par moments. La surprise vient du fait que l’introduction de l’album (peut-être la meilleure de l’an dernier) Winter Beats/Hearts ne soit pas jouée dans ce même ordre. Winter Beats et ses nappes d’orgue tourbillonnants masqués par une guitare criarde n’en est pas moins excellente sur la fin du show, avec un groupe évoluant dans un noir quasi total. Les lents crescendos se terminent dans des explosions finales pendant lesquels le batteur abandonne son synthé et sa boîte à rythme pour rejoindre ses fûts et accélérer un rythme devenant plus organique. Une vague sonore ruisselle sur un public bien plus nombreux qu’en début de soirée tandis que la voix se fait lointaine et infinie. I Break Horses ont fait basculer la soirée dans l’agitation avec ce concert enivrant.

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Dernier concert dans cette salle comble avec DIIV, dernière sensation venue de Brooklyn et side-project de Zachary Cole Smith de Beach Fossils, arborant cette fois un look tout en tapisserie plutôt douteux et une coupe au bol peroxydée. Les quatre jeunes énergumènes de DIIV déchainent leurs guitares dans des compositions addictive au possible avec des déferlements électriques sur fond de maltraitance de guitares shoegaze. Les pédales fuzz sont chargées de tordre le cou à des compositions aux bases indie pop. Les deux guitaristes et le bassiste se déchainent en synchronisant leurs mouvements frénétiques avant que le leader ne reprennent quelques instants le micro pour de brèves excitation monocordes comme sur Geist. La tension dans la voix est extrême mais on sent que Zachary Cole Smith n’a qu’une hâte : se pencher sur sa guitare pour des parties solo de plus en plus distordues.
Les compositions restent malgré tout dansantes et ensoleillées rappelant à certains égards The Ravonettes. Leur tube Doused et sa ligne de basse imparable malmenée par des riffs aiguisés termine le show alors que le public est plus excité que jamais. On y trouve une certaine ressemblance avec Spring And By Summer Fall de Blonde Redhead. Ils le prolongent frénétiquement jusqu’à plus soif en remuant comme des pantins, le dos courbé et les cheveux tombants. Ce concert de DIIV fut un pur moment de défoulement rock comme on les aime.

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Pour prolonger cette nuit de samedi, nous cherchons les lieux que nous n’avons pas encore visités. Nous voilà dans le club Faktorý où la musique électronique bat son plein. Le DJ islandais Berndsen réveille des synthés d’influence années 80 avec des beats ravageurs qui font danser les filles. Sa dance-pop glacée est relevée par une voix aigüe lui donnant un léger coté disco. Le résultat est divertissant mais nous décidons de retraverser la ville vers le bar Amsterdam.
Un concert bien plus rock’n’roll doit avoir lieu avec Sindri Eldon & The Ways. Le bar est rempli, même la chanteuse Björk se trouve dans le public : elle se livrera à quelques pas de danse et sauts sous nos yeux ébahis. Il est évident qu’elle apprécie ce groupe puisque le leader n’est autre que son fils Sindri. Le trio va piocher du coté du punk américain avec des morceaux plutôt simples et une voix criarde. On y reconnaît un soupçon de Ash alors que quelques mouvements de foule transforment le club en dancefloor rock. C’est suffisamment efficace pour terminer une nuit de samedi soir agitée, dans un Iceland Airwaves qui touche malheureusement à sa fin.

Cette dernière journée au centre ville a cette fois encore vu s’enchainer de fabuleux concerts avec notamment Lockerbie, DIIV ou I Break Horses. On retiendra également les instants plus posés passés en compagnie d’Ólöf Arnalds, Mo Kenney ou Útidúr. N’oublions pas qu’il reste le point d’orgue du festival avec le concert de Sigur Rós, inscrit dans l’esprit de chaque festivalier qui s’endort...
artistes
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    Alfons X (DJ Set)
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