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Solidays

Paris, du 28 au 30 juin 2013

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 1er juillet 2013

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Quinzième édition, déjà et vingt années de lutte pour l’association de Luc Barruet, créateur de Solidays et fondateur de Solidarité Sida. Vingt-ans de trop, pourrions-nous dire, puisque le Sida tue encore et que l’accès aux soins est toujours difficiles pour la moitié de la population mondiale malade... mais, vingt ans de solidarité, de mobilisation militante et quinze ans de musiques partagées avec plus de deux millions de festivaliers ! Le deux millionième sera d’ailleurs fêté comme il se doit lors de son identification, le samedi 29 juin 2013.

« Solidays, c’est un mélange de genres musicaux pour un week-end reconnu d’utilité publique ». Cette définition, proposée par un festivalier, résume à elle seule le ton de l’événement donné hippodrome de Longchamp toutes les fins du mois de juin depuis 1999. La prévention et l’information ; colportées par des dizaines d’associations. L’attraction et l’amusement ; avec deux grues géantes proposant un saut à l’élastique mémorable à plus de cinquante mètres de hauteur et des manèges de fêtes foraines. L’art et le son ; avec des arts de rue et une programmation qui, d’année en année et après des débuts placés sous le signe de la musique populaire, rivalise avec celles des plus réputés évènements musicaux de l’été, partout en France. Mais aussi de la pluie et de la boue, du soleil de plomb et de la poussière, des jeunes campeurs et des parents venus avec leurs petits, protégés par des casques anti-bruit. Bière, camions bouffe à gogo, pétards et churros (à ne pas consommer en même temps, sous peine de nausées !)... bref, trois jours de liberté et de culture sans coupure pub (ou presque, puisque des spots EDF, sponsor du festival, provoqueront l’ire et les sifflets de nombreux festivaliers...) où toutes les classes sociales et plusieurs générations confondues n’auront qu’une idée en tête : voir le maximum de concerts, entrecoupés de formations et d’informations sur les préventions liées au Sida mais aussi à la surdité, le handicap ou l’écologie.

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Cette année, deux affiches géantes – l’une détournant l’appel du Général de Gaulle et l’autre la victoire de François Hollande en 2012 – placées sur les cotés de la scène Paris rappellent que Solidarité Sida et l’association Médicaments Pour Tous ont elles aussi besoin d’être entendues et de pouvoir crier victoire. Une pétition géante sera signée à tour de bras par les festivaliers pour lancer un appel aux pouvoirs publics. Car, avec ses messages préventifs lancés à chaque avant-concert sur les écrans géants des scènes Paris, Bagatelle et sous le chapiteau du Dôme, Solidays associe militantisme et musique en impliquant un public on ne peut plus ciblé.

Seize heures : Solidays ouvre ses portes sous une fine pluie et des températures déroutantes. Qu’importe, les campeurs en cirés et Quechua sont déjà dans les files d’attente, les CRS en faction et l’armée de volontaires sur place depuis de longues heures, déjà. Depuis plus de deux semaines, les techniciens et la production de Solidays construisent le village global qui accueillera – et c’est un record – plus de 170 000 personnes sur son site tout au long du week end ! Exubérants, déguisés, facétieux... les festivaliers donnent tout ce qu’ils ont pour devenir, le temps d’un week end, les porte paroles des anti-conformistes venus de la France entière.

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17h30, Paris Jeunes Talents proposent ses découvertes : Cléo T., La Demoiselle Inconnue et La Femme, le groupe français qui enchante les ondes des meilleurs stations radio depuis cet hiver avec leurs nombreux singles : La Planche ; aux accents new wave française version Lio ou Marie et les Garçons. It's Time To Wake Up qui flirte de manière hypnotique avec les premiers titres de Jacno ou Indochine, et le dernier en date, Hypsoline. C’est tout leur premier album, Psycho Tropical Berlin, qui pioche allègrement et avec talent dans le répertoire du rock alternatif français à tendance synthétique des années 70/80, pour le plus grand bonheur des quadras et des plus jeunes, amateurs et connaisseurs de l’époque et qui ne se lassent pas d’admirer la belle et charismatique chanteuse du groupe, Clémence Quélennec, apprêtée en Brigitte Bardot version Bonnie And Clyde du Serge Gainsbourg années soixante dix.

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Laissant de coté Hyphen Hyphen, déjà programmés en 2012, il est temps de démarrer les choses sérieuses avec un autre groupe français actuellement en têtes de gondoles avec leur titre Down On Serpent Street. Peu de groupes français ont réussi à tenir la distance sur autant d’années et fait preuve de cette constance qui, sur scène comme en studio assure son chemin, aux grès des modes et des courants musicaux comme Poni Hoax. Nicolas Ker chante en Anglais dans le texte et remue son corps avec une androgynie qui convient tout à fait à son physique fluet. La météo fait des siennes et le public se presse à l’intérieur du chapiteau pour se tenir chaud...

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Sur la route nord-sud de l’hippodrome de Longchamp se trouve le chapiteau Domino. C’est là que les Crystal Fighters démarrent leur set à vingt heures. Joyeux mélange de genres allant de l’électro clash des Justice, version hippies jusqu’au funk trublion d’un King Charles sous ecstasy, ce collectif franco-espagnol de six musiciens et choristes mixe electro, rythmes caribéens et funk baroque. Si la prestation scénique vaut le coup d’œil, les rythmes et les mélodies, proches du Calypso – ils ont fait leur buzz en affirmant jouer de percussions Basques – n’entraîneront que les inconditionnels jusqu’au bout du concert.

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À quelques centaines de mètres de là, le dernier chapiteau avant les grandes scènes, le Cesar Palace, met à l’affiche les excités sud-africains de Skip&Die. Avec ses airs de M.I.A décolorée, Cata Pirata trace son chemin dans la jungle beat teintée de tropical bass à la mesure du niveau sonore de Solidays ; boules Quiès conseillées !

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Vingt-deux heures, la tête d’affiche du vendredi, après une journée marathon en interviews et séances photos programmées à l’espace presse, profite du crépuscule naissant pour illuminer la scène Paris aidés de trois projecteurs réflecteurs photos géants situés dans leur dos. Bloc Party, révélés en France par le titre Banquet a connu une série de pauses, plus ou moins désirées depuis 2009. Mi-juin, le groupe déclarait d’ailleurs qu’ils prendraient tous, à partir du 19 juillet, un été off pour réfléchir...
Avec leur quatrième et dernier album en date, Four, Bloc Party lesquels voient Sarah Jones, l'actuelle batteuse du groupe Hot Chip et de New Young Pony Club suppléer Matt Tong, ont choisi de casser le rythme, au sens propre et figuré. Loin des mélodies qui collaient habituellement au post-punk du groupe, les quatre londoniens se sont lancés dans un rock plus abrupt, décomposé, mais toujours saturé de guitares, parfois stridentes, parfois trop lourdes. Sarah Jones tape sans compter et, comme parfois dans des festivals, obligés d’assurer un niveau sonore capable d’alimenter les dix kilomètres carrés de pelouse devant les plus grandes scènes, couvre le son de ses camarades avec une puissance devenant, à la longue, douloureuse.
Le public, massif, semble un peu perdu, en dehors des fans des premiers rangs et ne sait plus vraiment sur quel pied danser sur cette musique cassante et décousue. Heureusement, des titres de leur dernier disque, plus digestes, comme Octopus ou We Are Not Good People, connectent encore le groupe et celles et ceux venus écouter un groupe dont ils ne connaissent souvent que les premiers albums. Ce public, qui attend avec impatience le seul vrai hit de Bloc Party à ce jour, Banquet, lâche enfin la bride sur des chevaux entravés par la fraîcheur de la nuit tombante. Malgré la météo indigne d’un début d’été en ce vendredi 28 juin, le festival Solidays est enfin lancé !

Dans le même temps, sous le chapiteau Domino, le quatuor belge Goose confirme son statut de nouvelle sensation electro rock dans la lignée des très regrettés LCD Soundsystem.
Pendant que Bagatelle se prépare à accueillir, en régional de l’étape, le Français Damien Saez, les ex-musiciens de -M-, Vincent Ségal et Cyril Atef dont le groupe Bumcello sillonne les platines de Radio Nova depuis 1999, plonge les spectateurs du Cesar Circus dans une léthargie lounge un peu dépassée mais toujours aussi plaisante à écouter assis en tailleur dans l’herbe rare et rase de l’hippodrome de Longchamp.

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C’est un moment de repos pour mieux préparer la venue de leur collègue et mentor, notre nouveau monsieur cent mille volts national, Mathieu Chédid dont le set prévu à minuit sur la petite scène du Domino – choix étrange, s’il en est, étant donné le maxi succès de son concert en clôture des Solidays 2011 devant plus de soixante mille fans ! – sera retardé de trois-quart d’heure. Et pour cause, puisque -M- joue également ce soir au Zénith et devra tenter de se frayer un passage dans un Paris embouteillé, comme tous les soirs de week-end, pour venir prendre les reines de la nuit à Longchamp.
Depuis vingt-trois heures trente, une foule compacte se masse au plus prés de la fosse du chapiteau pour apercevoir, non pas -M- et son méga barnum habituel, mais -M- dans sa version jam 2013 c'est-à-dire accompagné de multiples amis musiciens dans un collectif nommé, -M- Mojo Party. Un power trio à l’image de celui qu’il embrassait à l’époque de Vincent Ségal et Cyril Atef où les invités vont se succéder pendant plus de deux heures de concert surprise : Mc Solaar, C2C (lesquels jouaient à 23h sur la scène Paris) ou encore, la survoltée Izia vont faire le bœuf devant un public rincé, au sens propre comme figuré pour celles et ceux, très nombreux, qui n’ont pas trouvé place sous le chapiteau Domino. Un public néanmoins comblé, comme souvent pendant un concert du généreux -M-, recelant guests, surprises scéniques et autres improvisations musicales de premier ordre.

En cette première journée de Solidays, c'est peu de dire que les groupes français auront été à la fête et majoritaires dans le line-up du festival. Trois heures du matin : il est temps pour les parents d’aller coucher les enfants endormis depuis quelques heures, le casque protecteur sur les oreilles et, pour les plus jeunes et les plus déterminés d’aller assister aux deux derniers sets de la nuit...
artistes
    La Femme
    -M- Mojo Party
    Tha Trickaz
    Bloc Party
    DJ James
    C2C
    The Hacker
    Hypnolove
    Bambounou
    Bumcello
    Raggasonic
    Agoria presents Forms
    Skip&Die
    Crystal Fighters
    Alborosie
    Brille²
    Dub Inc.
    Goose
    2ManyDJs (DJ set)
    Che Sudaka
    Djemdi
    La Demoiselle Inconnue
    Marco Dos Santos
    Le Tournedisque
    DJ Simsima
    Poni Hoax
    Hyphen Hyphen
    Manaré
    Cléo T
    Saez
photos du festival