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Solidays

Paris, du 28 au 30 juin 2013

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 10 juillet 2013

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Un conseil, si vous devez parcourir les quatre kilomètres qui séparent la scène Bagatelle du chapiteau Domino, situés l’un et l’autre aux deux extrémités de l’Hippodrome de Lonchamp, et cela plusieurs fois par jour au travers d’un festival plus peuplé qu’une mégalopole chinoise après l’avènement du libéralisme outrancier, préférez les baskets aux Doc Martens ! Même si celles-ci attirent l’œil, elles peuvent vous faire passer un deuxième jour de festival assez difficile...

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Alors que la programmation de cette année est réputée légère, pour ne pas dire en manque cruel de têtes d’affiche ou de vraies découvertes (ce qu’on devient difficile quand on est habitué aux bonnes choses !), la foule de ce samedi 29 juin bat tous les records ! Il est aussi difficile de se frayer un chemin à contre sens du courant dans Solidays aujourd’hui, que pour un saumon sauvage de remonter la Seine, ses îlots de déchets et ses écluses.

Il est à peine quinze heures quarante cinq et le Jim Murple Memorial, collectif Ska à vocation bal populaire, a déjà fait le plein ; le parvis de la scène bagatelle déborde jusqu’à la limite du passage protégé de la piste de l’hippodrome, trois-cent mètres plus loin ! Pour un début d’après-midi sous un soleil enfin rassurant et encore vaguement imbibés de la veille, l’ambiance convient.

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Comme pour rendre hommage lui aussi au Patchwork des Noms et donc à toutes celles et ceux qui, malades du Sida, nous ont quittés l’année passée, l’astre luit juste au dessus de la scène Paris où Luc Barruet, exceptionnellement monsieur loyal de la cérémonie, rend un premier hommage appuyé à l’animateur attitré toutes ces dernières années, Bruno Pascal Chevalier. Ému, Luc Barruet clôture la citation des noms disparus en appelant au plus grand die in du moment avec Antoine De Caunes et Marco Prince, parrains du festival venus sur scène pour participer eux aussi à ces cinq minutes de silence total en communion avec plus de 50 000 personnes allongées côte à côte sur le parvis de la scène Paris. Faire taire Solidays, ses grues, ses concerts et ses festivaliers pendant cinq réelles minutes est une gageure et un hommage qui n’est pas démesuré étant donné la liste interminable de morts citée par les différents intervenants de la scène Paris en cette cérémonie du souvenir dont Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sont encore et toujours les marraines. Mais, comme le disait Freddy Mercury – qui mieux que lui ? – the show must go on...

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Juveniles est le nom de groupe choisi par ces rennais d’un âge idéal pour passer le bac, programmés sous le chapiteau Domino à dix huit heures. Sous de faux airs mélodiques d’Orchestral Manœuvre In The Dark et avec une vraie connexion vocale du leader de la formation, Jean Sylvain, avec le chanteur des Smiths, Morissey, les Juveniles reçoivent un accueil aussi empressé que chaleureux de la part de la presse spécialisée comme des plus jeunes et plus excitées des festivalières de Solidays.

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Également issu de la scène hexagonale, le groupe Lilly Wood and The Prick était l'une des nombreuses découvertes du festival Rock en Seine de 2009. Les voir se produire sur l’énorme scène Bagatelle en cette fin de samedi après-midi et devant une foule massive et compacte prouve, une fois de plus, que les nationaux font mieux que de se défendre dans le monde du rock, toujours dominé par nos cousins britanniques ou américains. La prestation n’est pas toujours à la hauteur de la scène proposée, mais leur folk électro parfois teintée de rock plus abrupt, non sans rappeler The Kills, est le parfait entraînement pour l’épreuve sportive suivante.

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Le public a faim de rock pur et dur et de prestation digne des scènes Paris et Bagatelle. C’est donc tout Solidays ou presque qui se presse sur la pelouse de la scène Paris à l’heure essentielle de la journée, c'est-à-dire vingt heures. Ils ont remis en selle le rock garage et vintage le plus violent qu’il soit ; ils ont fait de leurs shows de véritables moments de communion avec un public déchaîné par les facéties quasi-punk de leur leader et, pourtant, ils ne sont ni Anglais ni Américains mais bien suédois... j’ai nommé The Hives ! Depuis 1993 et leurs débuts, Pelle Almqvist, chanteur du groupe, est souvent comparé à Mick Jagger pour son jeu de scène. Pour ses déhanchements, il conviendra néanmoins de regarder du coté du grand Iggy et de ses poses impossibles, avant qu’il ne prenne sa retraite, fatigué et apaisé du coté des Everglades.
Avec un son en droite ligne des Sonics et un batteur, Chris Dangerous, surnommé Musclor pour son physique et son jeu brutal, les cinq azimutés de The Hives explosent le score, les tympans et les cordes vocales de leur chanteur qui partage avec Jim Jones du Jim Jones Revue le goût du « Say Yeah » poussé à son maximum tolérable pour un humain normalement constitué ! Ils auront largement mérité leurs lauriers après une heure de show délirant alimenté par les titres, Tick Tick Boom ou Hate To Say I Told You So, de crowd surfing et de bonds effectués du haut de la grosse caisse de Chris Dangerous qui, avec ses camarades finiront épuisés, trempés de sueur et, saluant main dans la main comme à la parade en se retirant, heureux et fiers d’avoir certainement légitimé Solidays dans son rôle de festival rock parmi ceux qui comptent en France en cet été 2013.<

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Seuls invités britanniques du jour en compagnie d'Asian Dub Foundation sur la pelouse de Longchamp – les temps changent ! – The Wombats investissent la scène du Dôme à 21h. Ceux qui avaient commis le surprenant et excitant Let’s Dance To Joy Division fin 2007, déjà, ont pris quelques années et un peu de bouteille. Immédiatement intégrés à la grande famille un peu fourre-tout du rock appelé Indie – au point de devenir, à travers leur titre Techno Fan, la cible des pubards les plus créatifs de la capitale – ils n’ont plus retrouvé la magie qui animait leur album où figurait l’ode à leurs aînés de Joy Divion, avant-dernier titre très attendu du set de ce soir. Étalant une setlist sans surprises avec leurs derniers singles en exergue (Moving To New York, Techno Fan, Tokyo...) The Wombats remplissent leur contrat, sobrement, gentiment même pourrait on dire si l’on en juge par l’ambiance et les méga basses qui parviennent jusqu’à nous de la scène Bagatelle où Orelsan se produit à la même heure. Quand Wax Tailor, aka Jean-Christophe Le Saoût, débarque sur la grande scène Paris à 22h, la nuit tombe doucement sur Solidays et le public profite de cette session hip-hop jazzy parfois mielleuse, parfois dansante, pour avaler un sandwich raclette ou un chili con carne, assis en tailleur dans la pelouse, la tête dodelinant de gauche à droite...

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Dilemme classique propre à tout festival : Que choisir entre les trois concerts ayant lieu à la même heure ? Avec le Parov Stelar Band et leur charleston revisité façon M6 dance sur la scène Bagatelle, Kery James, sa voix talentueuse et son R&B dépressif sous le Dôme ou les belges de BRNS au Cesar Circus, le choix n’est heureusement pas si cornélien quand sonne vingt trois heures !
BRNS – prononcez « Brains » – est un groupe délicieusement allumé et visuellement innovant avec une iconographie recherchée. Autour de son batteur/chanteur – ce qui n’est pas commun dans le monde du rock – totalement habité, ce quatuor expérimente un rock électro parfois mélodieux, parfois noisy, sur des bases plus jazzy qu’il n’y parait. Quatre garçons entre sonorités électriques et percussions, dans l’expérimentation rock et l’électro d’avant-garde.

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Minuit, c’est l’heure choisie pour l’hommage aux bénévoles de Solidays et pour un duel sous la lune entre amateurs de pogo. Une rencontre toujours attendue entre electro minimaliste et punk rock crasseux : Le concert des indéfinissables, imbitables et inimitables Sexy Sushi ! Rebeka Warrior et Mitch Silver se sont rencontrés à Nantes en 2001. Pour leur premier concert, ils achètent des perruques et portent des lunettes à verres fumés, accessoires garantissant leur anonymat. Ce code vestimentaire et scénique ne les quittera plus, jusqu’à ce soir en tout cas. Jouant avec la moelle osseuse, les corps démembrés et les croix renversés comme d’autres jouent avec leur smartphone, Sexy Sushi attirent, attisent et compactent des milliers de festivaliers courageux qui vont, jusqu’aux limites intérieures du chapiteau Domino, provoquer le plus grand bordel de ces Solidays 2013 !
Serrés comme des sardines dans le frigidaire de Patrick Sébastien, il faut puiser dans ses ressources pour affronter la violence d’une musique binaire, de paroles sans fond (le titre Tu Dégages fait figure de poème dans la discographie des Sexy Sushi, c’est dire) et de la foule réagissant aux provocations toujours plus poussées de ce duo un peu allumé. Rebecca, comme les figurants qui interviennent sur scène – deux body builders avec haltères et une groupie gogo danseuse – finiront quasiment nus sur scène et même dans la foule, portés par des inconditionnels qui lui portent une admiration qui tient plus du défouloir miroir que de la réelle condescendance pour son œuvre. L’ambiance est brûlante et quasi sexuelle, avec son catcheur masqué muet à ses cotés et des compositions dignes d’un vulgaire jeu vidéo des années 90, Rebecca Warrior et Mitch Silver ressuscitent l’essence même du mouvement punk à ses plus belles heures ; révolte contre les valeurs établies, expression brute et spontanéité !

Éreinté, voire meurtri par quelques coups d’épaule provoqués par la violente ivresse déclenchée par le titre hypnotique Tu Dégages, la sortie des Solidays est à quelques mètres du chapiteau Domino ; l’occasion est trop belle et le dimanche chargé.
artistes
    Asian Dub Foundation
    Get A Room!
    Wax Tailor & The Dusty Rainbow Experience
    Mai Lan
    Join da Tease
    OrelSan
    Soma
    Jim Murple Memorial
    Face
    The Wombats
    Alix Perez
    Rabbit Killerz
    The Hives
    BRNS
    Sexy Sushi
    South Central
    Juveniles
    Para One
    Acid Arab
    Deluxe
    Tsugi DJ Crew
    Victor Aime
    Solo
    Tété
    Lilly Wood & The Prick
    Parov Stelar Band
    Zoufris Maracas
    Downlink
    The Upbeats
    Kao
    Duellum
    Bombino
    Blundetto
    Surkin
    Kery James
    Feadz
photos du festival