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Solidays

Paris, du 28 au 30 juin 2013

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 15 juillet 2013

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Il fait enfin chaud en cette fin juin et des dizaines de milliers de juillettistes véhiculés ont vidé Paris d’une circonstancielle substance grisâtre, étouffante et irritante dont on se passera finalement assez bien pendant un ou deux mois. Bienvenue pour le dernier round de Solidays 2013.

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Sur ma droite, Maceo Parker : soixante-dix ans cette année, quatre-vingtèdix kilos, vingt-cinq ans de carrière aux cotés du grand James Brown, puis quelques années à jouer pour Georges Clinton et, depuis 2000, membre du groupe de Prince, rien de moins, pendant ses tournées. Un Challenger de poids pour mettre en route la journée et la scène Paris donc.

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A ma gauche, Fidlar (Fuck It Dog Life's A Risk) : Poids plumes du rock californien comptabilisant à peine un siècle à eux quatre, ils font pourtant renaitre la légende du Punk Rock made in USA depuis quelques mois. Sur leur premier album, un authentique titre inédit des Ramones, comme si Joey ou Dee Dee en personne avaient secoué le berceau de Zac Carper et de ses potes un peu trop près du mur du son. La chanson en question s’intitule LDA, toute tentative d’accrocher une définition sérieuse à cet acronyme mystérieux doit nous parvenir par mail à l’adresse ci-dessous !

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Pendant que la presse et les photographes en premier lieu parcourent au pas de charge des allées backstage aménagées et raccourcissant les distances entre les cinq scènes de Solidays, le public n’a qu’un nom en tête cet après-midi : Asaf Avidan. Sous un les prémices d’une grosse chaleur longuement souhaitée et assis en tailleur dans une herbe au bout du rouleau, l’écoute est quasi religieuse pour cet artiste Israélien dont le succès planétaire est presque aussi déroutant que la chanson qui l’a propulsé à ce niveau. Remixant, via une demande sur Facebook, le titre originellement lent et acoustique, One Day, un jeune Allemand prénommé Jacob va offrir à Asaf Avidan sa version à lui du titre, renommé pour l’occasion One Day/Reckoning Version, sans que son auteur n’ait vraiment demandé quoi que ce soit. Plus tard, Asaf Avidan déclarera qu’il n’a jamais aimé cette version dancefloor de son titre, mais qu’il ne peut nier ou refuser le succès planétaire qui en a découlé. Asaf Avidan, ce sont d’abord des instrumentations classiques, des ballades sentimentales et une voix écorchée vive sous une tête bien faite.

Direction la messe des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence sous le chapiteau Cesar Circus pour terminer, gaiement, cette homélie œcuménique du dimanche après-midi.
Quand Tryo, le groupe le plus populaire de France, au sens propre, envahit la scène Bagatelle pour nous parler de la vie de nos campagnes, de shit et du monde animal, une soudaine énergie nous pousse vers la scène du César Circus pour se délecter des compositions torturées et impeccables des belges de Balthazar.

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Happés par les voix nonchalante des deux co-leaders de la formation, Maarten Devoldere (chant, clavier) et Jinte Deprez (chant, guitare), Soidays reprend paradoxalement des couleurs, sous le chapiteau abritant d’un soleil devenu chaud. Sans renier leurs aînés de dEUS ou Absynthe Minded, Balthazar inventent un style remarquable entre ballades douloureuses tendance Gainsbourg et rock alternatif proposant des mélodies qui, telles les mornes vagues du plat pays qui est le leur, cassent souvent là où on ne les attend pas.

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Quand sonne l’heure essentielle de ce dernier jour de festival et alors que le rock britannique est le parent pauvre de ce quinzième Solidays, deux de ses représentants entament leur tour de show à deux kilomètres de distance. Alice Russel, la nouvelle diva Soul du rock anglais et Liam Gallagher, ex diva capricieuse d’Oasis et de la brit pop des années 90/2000, et ses Beady Eye.
A 20h, sur les cendres de feu le groupe qu’il a sabordé avec son frère Noel en 2009 à quelques encablures de là, Liam, jamais à cours d’idées, crée le groupe Beady Eye en 2010 avec deux autres anciens membres d'Oasis, Gem Archer et Andy Bell, accompagnés du dernier batteur du groupe en date, Chris Sharrock. Ils seront rejoints à la veille de la sortie de leur second album par Jay Mehler, ancien membre de Kasabian. Manque de communication sur un nom qui n’est pas encore vraiment sorti du sérail ou pur manque d’intérêt, la scène Paris est largement clairsemée et l’accueil du public est à l’image de Liam sur scène dans son éternelle nonchalance pompée sur celle de son respecté ainé, Ian Brown.
Mais, là où la tête de lard et leader des Stone Roses ne fait qu’exprimer une réelle personnalité à cheval entre vrai fouteur de merde et inventeur incontesté du mouvement britpop à qui on pardonnera indéfiniment son manque de talent au chant, Liam Gallagher semble ne reproduire celle-ci qu’avec arrogance ou mimétisme et, par touches, endosse quelques postulats plus intéressants mais ayant déjà fait le succès d’Oasis. Cheveux courts et lunettes Ray Ban sur le nez, la ressemblance avec son frère frappe le public avant même le titre Don’t Brother Me (« ...let's give peace a chance, take my hand, be a man... ») dont on appréciera, ou pas, le jeu de mot en forme de règlement de comptes que Liam aurait finalement réussi à remettre sur les rails du profit avec l’annonce d’une reformation d’Oasis, annoncée puis réfutée pour 2014...
C’est peu de dire que la prestation n’aura pas été à la hauteur de la curiosité créée par le retour des trois quart du groupe qui a mis le monde à genou au début de ce siècle. Four Letter Word, The Roller, le dernier single Second Bite Of The Apple ou Start Anew, tirés de l’album BE, manquent d’envergure et puisent avec trop de facilité dans le travail des Beatles, des Stones ou des Kinks. Vous avez dit modernité ? Pour sentir, enfin, un parfum de nouveauté et d’innovation, il faudra attendre la deuxième moitié du set et les titres Bring The Light, Rock'n'roll Star et Morning Glory – ces deux derniers étant l'oeuvre d’Oasis, mais il faut dire qu’avec un membre en moins, le style déjà redondant, lui, n’a pas changé...

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Une bonne partie du public a déjà parcouru la distance séparant la scène Paris du chapiteau Domino pour aller assister aux dernières mesures d’Alice Russel dont la prestation aura fait frissonner les amateurs de bel organe et de mélodies soul et funky.
Les têtes d’affiche ne sont décidément pas là où on les attendait pour cette édition de Solidays et, après le concert du grand -M- sous le petit chapiteau Domino le vendredi soir, c’est au tour des Django Django programmés sous celui du Dôme à 21h de créer le buzz en tant que dernière formation anglaise programmée au festival Solidays. Après un premier concert en tête d’affiche à Paris en février 2012 à la Boule Noire, où nous étions restés admiratifs de l’inventivité de ces ex de l’école d’art d'Édimbourg et impatients de les retrouver lors d’un festival de renom avec un peu plus de métier et de maturité, ce sont des musiciens aguerris qui se produisent à Solidays en ce début de soirée. Groupe parmi les plus novateurs de ces dernières années, jouant avec les sonorités d’oiseaux comme avec les boucles sans fin (Waveform), Django Django attisent la curiosité des curieux comme des amateurs ; les programmations de Radio Nova, Oui FM ou Le Mouv ayant joué à plein durant l’année passée. Enchaînant une première partie de set parfaite et totalement mixée, Django Django annoncent l’entracte sur un Waveform acclamé et scandé pendant plus de huit minutes, le titre jouant alors indéfiniment ou presque ses mélodies distordues dans une ambiance digne d’un mix de free party pour le plus grand plaisir d’un public un peu laissé sur sa faim aujourd’hui.
Uniformisés sous des chemises blanches et noire graphiques et symétriques, les Django Django rappellent, dans leurs looks univoques et leurs trouvailles numériques délicieusement hypnotiques, cette folie surréaliste que le groupe américain Devo avait initié en inventant, dés les années 70, une forme de new wave proto industrielle qui devait rester quasi unique et légendaire au point de devenir le groupe phare d’un mouvement aujourd’hui revisité par nos quatre écossais, la violence punk en moins. Si les rythmes sont parfois un peu trop répétitifs et les mélodies pas toujours identifiables, les Django Django ont bel et bien progressé depuis l’année passée et, avec un titre cinématique coté western comme Wor, démontrent qu’ils ne sont pas seulement le groupe d’un tube qui disparaitra avec l’arrêt de la programmation radio de ce dernier. Un set beaucoup mieux maîtrisé, des compositions assez délirantes pour faire danser, assez sérieuses pour être écoutées animées par un bataillon musical qui joue en ordre serré, Django Django clôturent, ou presque, ces Solidays d’une jolie manière et laissent aux festivaliers le gout d’une journée qui s’achève sur une programmation peut-être décevante pour les puristes mais non dénuée d’une certaine douceur pour ne pas dire sensualité.
Une question néanmoins préoccupe ou hante les esprits des plus endurants et des plus récalcitrants : Faut-il en rester sur ce bon goût ou finir sur le concert de clôture de 22h avec la sémillante superstar en platines massives, David Guetta ? A cette question posée avec plus de diplomatie à Luc Barruet par quelques journalistes irrévérencieux, il a été répondu que le choix assumé du français reposait sur la fidélité de l’ex DJ du Queen... Effectivement, en 2004, celui-ci se produisait à Solidays. Depuis, le chef d’entreprise qu’il est a produit, mixé et même composé – que les dieux du rock nous pardonnent – pour nombre de groupes à fort succès commercial dans le monde entier. Choix judicieux s’il en est et contre-pied aux journalistes bien-pensants qui l’attendaient au tournant, David Guetta ne tombera pas dans la facilité de ses Black Eyes Peas featurings et autres hits internationaux à deux accords. Il joue la corde d’une prestation digne des plus grandes discothèques d’Ibiza ; assez putassière et pas toujours très fraîche... Les 30 000 festivaliers présents – dont certains ne sont venus que pour son set ; compensant le nombre important de celles et ceux ayant décidés de rentrer à la fin de Django Django – n’en ont cure. Ils sautillent et lèvent les bras au ciel sur les beats faciles du platiniste Guetta. Solidays c’est d’abord une grande fête, toutes classes et toutes tendances confondues...

Fier de son filleul, le parrain de toujours, Antoine De Caunes, sait que cette édition 2013 des Solidays restera parmi les plus réussies coté fréquentation et bénéfices pour les associations. On annonce deux millions d’euros de plus pour les malades grâce à la générosité des 170 000 festivaliers qui ont foulé la pelouse, bientôt rendue au turf et au practice de golf de l’Hippodrome de Lonchamp. Et c’est bien là tout ce qui compte.
artistes
    The Coup
    Alice Russell
    Max Romeo
    Django Django
    Biga*Ranx
    Remain
    Asaf Avidan
    Beady Eye
    Kermit Dee (Jekyll & Hyde)
    Tryo
    Cécile Brooks
    HK & Les Saltimbanks
    Daniel Avery
    Keny Arkana
    Call me señor
    David Guetta
    Naive New Beaters
    Stephan vs Tibo’z
    Maceo Parker
    Fidlar
    Balthazar
    Marco Dos Santos
    Gogol Bordello
    Oazzunk
    Mam Diarra
photos du festival