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Festival Musilac

Aix-Les-Bains, du 12 au 14 juillet 2013

Live-report rédigé par Julien Soullière le 19 juillet 2013

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Aix-Les-Bains, ses thermes, son casino, son port de plaisance en eau douce, et son festival. Tout bonnement nommé Musilac, celui se revendique comme la plus prestigieuse réjouissance pop-rock du genre en Région Rhône Alpes.
Inauguré à l’été 2002, c’est donc la 11ème année consécutive que savoyards et monchus ont été conviés à prendre d’assaut l’esplanade du lac du Bourget pour trois jours de concerts vendus par des organisateurs décidément désireux de pousser jusqu’au bout la blague thermale, comme une véritable cure de rock, un terme un chouïa galvaudé il faut bien le dire. L'accroche marketing fleure bon le prix de l'histoire, mais qu'importe si le festival aura été cette année chiche en grosses guitares qui tâchent, je ne suis pas venu que pour ça, difficile donc de regretter ma présence. Et puis, quand on est bien entouré, les choses dégagent forcément une saveur plus agréable.

Il est un peu moins de 19h, Blondie viennent de rendre leurs armes pop, et je suis encore trop loin de la scène pour espérer apercevoir la madone Deborah « Debbie » Harry. Dommage, ce n’est pas comme si le combo était tout simplement cultissime, qu’il ne nous avait pas enfoncé ses Call Me et autres Heart Of Glass bien loin dans nos petits crânes d’amateurs – plus ou moins assumés - de joyeusetés kitsch.
Et tout ceci est d’autant plus contrariant que le prochain sur la liste, c’est Michel Kiwanuka. Pas que le jeune anglais ne soit pas digne d’intérêt, il a même signé avec Home Again, un premier album de folk blues 60’s pas désagréable. Non, le souci, c’est que c’est typiquement le genre de choses que je ne prends pas plaisir à écouter/voir en festival. Surtout aussi tôt dans la journée, bien qu’on puisse aisément imaginer que le bonhomme trouverait difficilement sa place plus tard dans la programmation, déjà pour une simple question de renommée, mais aussi parce qu’il est fort probable que le public qui, passé une certaine heure, n’a d’yeux que pour la vitesse, les corps qui suent,et le gros son qui claque, ne soit pas du genre à apprécier une telle fantaisie.
En écoutant quand même du coin de l’oreille, je papote, bois un verre - quelle chaleur à cette heure-ci, encore – et en profite pour remarquer que les abords de la scène sont toujours très clairsemées. Certainement plus pour longtemps, soit, mais je commence néanmoins à me dire qu’il va manquer à cette première journée des artistes de la trempe d’un Phoenix ou d’un Jamiroquai, certainement plus fédérateurs que les têtes d’affiches déclarées du jour (C2C et Thirty Seconds To Mars).

Mon regard fixe un instant les écrans géants installés aux abords des deux scènes principales, l’occasion pour moi de me remettre en tête le nom du prochain artiste à entrer sur scène.
Et ça y est, c’est parti pour le lâcher de Saez. L’enfant du pays a pris de l'embonpoint, tout boudiné qu’il est dans son vieux tee-shirt sombre. Une vraie publicité pour la tartiflette, j’en aurais presque faim. Il n’a pas le physique attendu, mais l’attitude est là. Les lunettes noires qui cachent les excès, les cheveux longs et maltraités, l’air naturellement pédant. De ce que j’en ai compris, c’est tout ou rien avec l’ami Saez. J’essaie de positiver, car en réalité, j’éprouve une étrange sympathie pour le personnage, et ce malgré la redondance de son discours. Et en parlant de discours, le voilà qui entonne maintenant les paroles du morceau Les Anarchitectures, poème chanté a-cappella trois minutes durant au-devant d’un public visiblement suspendu à ses lèvres. Premiers applaudissements fournis, parfait pour introduire véritablement le set, qui prend dès lors une tournure beaucoup plus rock, Saez étant accompagné pour l’occasion de musiciens des plus aguerris. Il a beau s’égosiller dans son microphone, c’est parfaitement raccord avec la partie instrumentale, et les oreilles alentours ne semblent pas saigner. Une belle surprise que voilà.

Les discussions vont bon train, les gens se font volontiers plus bruyants, et la nuit trouve petit à petit sa place parmi nous. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer, ce qui me rend d’autant plus impatient que les Birdy Nam Nam s’apprêtent à prendre le relai... tiens, je ne me rappelais pas qu’ils étaient de la partie, ceux-là. Dans le doute, et n’ayant plus vraiment le programme en tête, je me prends à demander, sans malice aucune, des explications à la jeune femme planté à ma gauche. « Ah non, ça c’est C2C ! » me répond-t-elle, du tac au tac, en prenant bien soin d’accompagner sa réponse d’un regard destiné à me renvoyer à la profonde bêtise de ma question. Ah, très bien, merci. Quoiqu'il en soit, la disposition scénique peut prêter à confusion, car les C2C eux aussi comptent quatre DJS dans leurs rangs (20Syl, Greem, Atom et Pfel), quatre compères issus de formations plus ou moins connues - un super-groupe à son échelle, donc - et qui ont sûrement été la surprise électro-pop de l’année, surfant sur la popularité acquise par le son Down The Road, récupéré par Google pour dynamiser l’un de ses récents spots publicitaires.
Dubitatif à la base, je dois bien reconnaitre que les C2C font bien le boulot, travaillant le public au corps pour mieux le faire vibrer d'un bout à l'autre de leur set. C’est un peu trop mignon, mais dans ces conditions, difficile de résister à ce choc de positivité. Après tout, et après plusieurs semaines de météo indélicate, l’été vient enfin de commencer. Profitons donc de l’instant.

L’un des avantages de Musilac, c’est que l’on peut être sûr de ne louper aucun concert, aucun début, aucune fin. Deux énormes scènes, l’une à côté de l’autre, pas besoin de faire des kilomètres, et on peut donc patienter tranquillement près du zinc dans l’attente de Thirty Seconds To Mars, groupe de rock fusion américain emmené par Jared « Jareeeeed » Leto, que l’on a aussi pu voir dans quelques films à l'image de Requiem For A Dream et Fight Club. Oui, le monsieur ne sait pas que faire crier la gente féminine de par sa seule présence, il est aussi acteur.
Le début des festivités apparait comme assez grotesque, avec toutes ces donzelles agglutinées contre la scène, à hurler et hurler encore. Pourtant, j'ai apprécié ce groupe l’époque de son premier album. C’était bien fait, ni trop mainstream, ni trop perché, et une véritable ambiance se dégageait des compositions. On fermait les yeux et on s'imaginait aventurier, voyageant à travers les étoiles et le temps. Et puis, le drame, la chute, la non-résurrection du phénix. Et vas-y que je tombe dans la grosse facilité électro-rock, à base d’effets rances et de « yeah, yeah, yeaaaah » toutes les deux phrases. Le groupe a bien compris comment il pouvait s’imposer dans la durée, et a donc choisi d’assurer ses arrières en conséquence : c’est donc parti pour la chasse à la jeune fille en fleur, la musique spectacle à base d'effets de manches, les bains de foules au milieu de femmes ivres et hystériques, et les cotillons géants qui viennent s'écraser sur la foule. Une autre idée de Disneyland, donc. Ou de l'enfer. En tout cas, tout ceci est affreusement gênant.

Un vent frais - qui aurait été bien plus agréable si notre corps n’avait pas comme perdu ses défenses immunitaires après la forte chaleur de la journée - s’est levé depuis plusieurs minutes déjà, et on cherche alors un peu de chaleur en se rapprochant de la scène et d'Azealia Banks.
La dame, originaire du Bronx, est sûrement la réponse la plus finaude que pouvaient adresser les Américains à leurs cousins britanniques. Guerrière dans son attitude (en témoignent ses va-et-vient incessants, tel un chien enragé), dans sa manière de rapper, porte-parole d’une musique multiculturelle (dub, électro, rap) et dansante, Banks déploie une énergie de tous les instants, et impose son style rentre-dedans à un public compact aux abords de la scène.

De quoi bien terminer cette première journée de festival, car Sexy Sushi, très peu pour moi. Dans le genre braque, Katerine lui au moins fait marrer. Aussi bizarre que ça pourra paraître à certains, il me faut quand même plus qu'une chanteuse aux seins nus - qui slame, certes - pour me faire quitter le chemin du retour. Allez, à demain.
artistes
    Neeskens
    Peaks
    Yan Wagner
    Blondie
    Michael Kiwanuka
    Saez
    C2C
    Thirty Seconds To Mars
    Azealia Banks
    Sexy Sushi