Primavera Sound Festival

En cette année 2006, le Primavera Sound Festival remet le couvert dans le même lieu que l'année dernière, au Forum de Barcelone, son auditorium, ses larges allées, ses amphithéâtres... Comme en 2005, la soirée d'ouverture ne sera qu'une mise en appétit de ce qui sera proposé les deux jours suivants, avec une dizaine de groupes programmés, à partir de 20 heures.

C'est donc Southern Art Society qui ouvrira le bal cette année, par un concert laissera malheureusement que peu de souvenirs au festivaliers présents sur le site, plutôt occupé à faire des réserves de tickets boissons et à se familiariser avec le programme. A vrai dire, contrairement à l'édition 2005, qu'Art Brut et The Arcade Fire avaient fait démarrer sur des chapeaux de roues, cette soirée d'ouverture mettra quelques heures à vraiment décoller. Si The Drones font bouger quelques têtes, et No-neck Blues Band décrochent quelques sourires crispés à leur audiance, c'est Motörhead qui mettra le feu au poudre avec une entrée théâtrale : "We are Motörhead and we play rock'n'roll". Pourtant, la bande à Lemmy ne nous amusera pas plus de trois morceaux, difficilement différenciable pour l'auditeur lambda. Cependant, à en croire le nombre de t-shirts à l'effigie du groupe, les fans sont bel et bien là, et c'est devant un public clairsemé que Why? investissent discrètement la scène Danzka CD Drome, au fin fond du site.

Malgré ça, c'est bien Yoni Wolf et ses deux compères qui mettront le festival sur orbite en cette soirée d'ouverture. Elephant Eyelash est un excellent album, et le passage à la scène, pourtant pas évident, est magistral. En un peu moins d'une heure, les trois larons, jouant devant une foule grandissante, enchanteront littéralement l'auditoire, et obtiendront la première grosse ovation, débouchant sur un rappel. Voilà le festival lancé.

Le programme annonce maintenant la venue des innénarrables Babyshambles sur la scène Rockdelux, la plus grande ouverte ce soir. Lorsque j'arrive, le groupe est déjà sur scène et quelques fans se sont massés aux premiers rangs. Le concert est pour le moins décevant, pour ne pas dire mauvais. Groupe statique, compositions pauvres, chanteur sans voix, quelle tristesse. Vite, retournons sur l'autre scène, où la sensation de cette soirée, les pas plus barcelonais que moi I'm from Barcelona se profilent. D'abord quelques musiciens entament les premières notes de Treehouse, puis c'est une marée humaine qui déferle sur la scène. Un appel sera bien nécessaire pour recenser les membres de ce groupe improbable d'une trentaine de joyeux suédois, transformant leur concert en un karaoké géant. Sur l'opportuniste We're from Barcelona, ce sont des milliers de néo-barcelonais qui clament leur amour pour leur nouvelle ville d'adoption. L'opération séduction du groupe est réussie, et leur concert restera comme un moment fort du festival.

Il fallait au moins un groupe de la trempe de Yo la Tengo pour ne pas laisser retomber la tension après ce moment particulier, et le trio sera à la hauteur de nos espoirs, avec un set dévastateur. Pour finir la nuit, quoi de mieux qu'un set des 2 Many DJ's avec la mer pour arrière plan? Autant le duo belge m'avait déçu il y a quelques mois au festival marseillais Marsatac, autant il aura magnifié cette fin de soirée d'ouverture. Avec un mix allant de New Order aux Undertones, en passant par The Arcade Fire, Justice et Vitalic, les belges réussiront le pari de faire oublier une soirée finalement décevante, malgré les quelques éclairs de Why?, Yo la Tengo et I'm From Barcelona.