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Paléo Festival

Nyon, du 23 au 28 juillet 2013

Live-report rédigé par Maxime Canneva le 24 juillet 2013

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La Suisse : ses merveilles culinaires, son paysage verdoyant, son festival. Car tous les ans entre Genève et Lausanne se tient le plus gros festival annuel (avec une pointe à 230 000 spectateurs l’an passé) avec des têtes d’affiches qui n’ont rien à envier aux autres festivals des pays voisins, bien au contraire ! Le festival affiche d’ailleurs complet généralement en quelques jours tous les ans, preuve que ses choix sont toujours à la pointe de la programmation musicale sur la scène actuelle. Et c’est sur un immense terrain de plusieurs hectares dans le Nord de la petite ville de Nyon que se passe se rassemblement annuel si unique.

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Et pour ouvrir les festivités, il s’agit d’un groupe local Mama Rosin qui vient présenter aux festivaliers déjà nombreux sa pop teintée de folk adjointe de touches de musique manouches. Avec un accordéon à la place de la basse habituelle, le trio arrive à faire danser une bonne partie de la foule. « Avec deux accords on peut jouer devant beaucoup de monde ! » ironisent-ils. L’ensemble n’est pas toujours très varié ni original (des chansons d’amour chantées avec un look de hippie, il y a un air de déjà-vu) mais le public réagit très positivement à cet apéro rock d’occasion. L’alternance entre instruments (bandjo/triangle/accordéon) permet également de ne pas sombrer dans le répétitif à l’outrance.

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Direction le chapiteau du détour à 18h45 où joue l’un des groupes anglais les plus en vogues du moment : Palma Violets. Depuis leur concert à Paris le 18 juillet, leur look a subi un changement radical : adieu petites chemises cintrées, bonjour t-shirts XXL et jogging trop amples. Mais ce look je-m’en-foutiste est bien accordé à leur rock énergique.
Le set a néanmoins du mal à démarrer, un problème technique à la guitare obligeant le reste du groupe à improviser pendant cinq grosses minutes. Une impro plutôt bien menée et qui rappelle (bizarrement) certains accords à la Joy Division. Une fois le câble fautif identifié, le set démarre pour de bon et le leader, Chili Jesson à la basse fait des bonds sur scène en poussant des cris à répétition dans son micro. Le batteur quant à lui semble habité d’une frénésie rarement vue en live. Tout l’inverse du claviériste qui lui semble dans un autre monde, le regard dans le vide et la mine boudeuse.
Aux premiers accords de Best Of Friends, la fosse réagit au quart de tour et les premiers rangs reprennent en cœur l’hymne du groupe. Chili viendra d’ailleurs chercher à la fin du titre une bonne lampée de whisky bien méritée au cœur de la fosse. Le titre 14, résonne comme une grande messe de rock’n roll prouvant que le groupe sait toucher à tous les styles. Le concert se termine d’ailleurs par une énorme session de slam et pogo de la part des musiciens du groupe. Chili avant de quitter la scène arrose le public à coup de bouteilles d’eau, surement pour refroidir une fosse qui en a bien besoin !

Festival rimant avec plaisir, je ne m’impose pas une séance d’auto-flagellation en allant voir Lou Doillon que je me contente d’entendre au loin en mangeant un panini. Sa voix rauque et éraillée déborde de la scène des arches, et elle enchaîne à son habitude les anecdotes insipides.

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Il est par contre stratégique d’aller prendre place pour Phoenix sur la grande scène où la foule est déjà bien compacte. L’entrée des français les plus connus dans le monde se fait en grandes pompes sur fond de musique classique. Les premiers rangs attendent de pied ferme leurs héros du jour.
Le set est extrêmement carré, rien n’en dépasse et on sent qu’il est à présent rodé après des années de tournée à travers le monde. Au son de Lisztomania, les cris fusent et le refrain est repris par l’ensemble de la fosse. On regrette néanmoins le peu de communication de la part du groupe qui se contente du strict minimum : « Paléo les mains en l’air ! » ou encore un classique « on a jamais joué au Paléo avant, on est super contents de pouvoir le faire ».
Mon voisin me fait remarquer le jeu du batteur qui se révèle très puissant et précis, apportant une saveur particulière à ce live. La nuit tombe sur le festival alors que résonne Love Like A Sunset, accompagné de lumières multicolores projetées sur le public : l’effet est réussi et le public est hypnotisé, alors même que jonche au sol le chanteur, bras croisés sur la poitrine, comme ivre de sa propre musique, se relevant in fine pour achever son titre.
Il lui en faut au final assez peu pour mettre l’ambiance : un bain de foule, des titres connus et c’est dans la poche. Phoenix aura assuré le show, comme il faut.

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Retour sur la scène des Arches où les très attendus Alt-J font leur entrée. Alors qu’il y a un an ils étaient encore inconnus du grand public, tout le monde semble les être venu pour eux ce soir. Le fond de la scène est aux couleurs de leur album et leur entrée sur scène se fait sous des tonnerres d’applaudissements. On sent qu’ils ont gagné en assurance en seulement une année, aguerris par leurs tournées passées, s’essayant même à quelques mots en français.
La plupart des titres tirés de An Awesome Wave sont joués et le groupe reçoit des ovations sur ses titres phares : Breezblocks et Matilda. Leur interprétation live est à la mesure de ce que l’on pouvait attendre d’eux, le seul problème dans ce set venant... du public. La plupart semblent n’avoir rien à faire du show qui leur est proposé. Certains ayant manifestement abusé de la bouteille et autres substances, hurlent pour s’entendre sans même regarder le groupe.
Là où on espérait une grande communion, on devra se contenter d’une garderie pour adolescents découvrant la boisson. Bien dommage, il faudra donc revenir voir Alt-J dans une ambiance plus intimiste avec un public plus concerné pour réellement en profiter.

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Retour sur la grande scène pour ce qui va s’annoncer être le concert le plus épique de l’année, si ce n’est de la décennie.
Neil Young, 67 ans au compteur est accompagné de son groupe, le Crazy Horse ainsi que de son éternel chapeau. Et le papy-rockeur a encore de l’énergie en stock car il est là pour deux heures de show ! En bonne rock star il arrive avec dix minutes de retard sans s’excuser et démarre le set sans un mot au public. La foule est d’ailleurs extrêmement statique, comme si elle semblait impressionnée et respectueuse face au roc inébranlable. Il n’a en tout cas rien perdu de sa fougue et la première heure de show se passe sans encombres : Neil prend plaisir à faire des versions extra-longues de ses titres (certaines allant jusqu’à plusieurs dizaines de minutes) montrant alors toute sa virtuosité et s’époumonant autant qu’il le faut. Le show se fait également sur scène où des bouts de papiers voltigent en l’air et retombent comme de gros flocons, alors qu’un clavier affublé d’ailes sur son côté descend sur la scène.
Des cris de joie résonnent lorsque les premières notes d’harmonica de Heart Of Gold s’échappent de la grande scène. Laissé seul sur scène pour le morceau, tout le Paléo le reprend en cœur, comme une grande communion. Il se fend même d’une reprise de Dylan, Blowin In The Wind, là encore très émouvante et chaudement applaudie par le public.
Des éclairs commencent à fendre l’air au-dessus de la scène, donnant un aspect unique à l’événement. La pluie vient également jouer les trouble-fêtes, des torrents d’eau s’abattant rapidement devant la grande scène. Le moment le plus magique du spectacle arrive : Neil Young chantant près de trente minutes Like A Hurricane alors que l’orage redouble et que les éclairs illuminent la grande scène. Indescriptible de beauté auditive et sonore, on se demande si Mr. Young n’a pas le pouvoir de manipuler les éléments à sa guise.
Sur les 30 000 personnes présentes au début du concert, seules quelques milliers auront eu le courage de rester, trempés jusqu'aux os.

Les inondations sont tellement importantes que le dernier concert du soir, celui de Gesaffelstein et de ses rythmes électro est annulé. De mon côté j’ai la joie de découvrir l’inondation au sein même de ma tente. En Suisse, les orages, ils déconnent pas.

Toutes photographies : © Paléo Festival
artistes
    The Lonesome Southern Comfort Company
    Mama Rosin
    Shangaan Electro
    Sophie Hunger
    Palma Violets
    Heymoonshaker
    Jagwa Music
    Lou Doillon
    Phoenix
    Two Galants
    Mermonte
    Alt-J
    Mokoomba
    Neil Young & Crazy Horse
    Bit-Turner
    Reptile Youth
    Gesaffelstein Live