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Paléo Festival

Nyon, du 23 au 28 juillet 2013

Live-report rédigé par Maxime Canneva le 25 juillet 2013

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Après avoir été allègrement inondé lors de la première soirée, avec 34 millimètres de pluie tombés au mètre carré en quelques heures, soit 50% des précipitations locales mensuelles, ayant mené à l’annulation du dernier concert du premier jour (une première dans l’histoire du festival), c’est sous un soleil radieux que s’ouvre le Paléo pour la seconde journée de festival où la programmation s’annonce aussi alléchante que la veille.

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Le rendez-vous est pris avec Merz à 17h sous le chapiteau du Club Tent pour découvrir ce que l’anglais a à nous proposer en guise d’ouverture des hostilités. Celui-ci reste en grande majorité inconnu du grand public (en témoigne la foule peu nombreuse devant la scène) alors même qu’il en est déjà à la sortie de son quatrième album studio.
Et en assistant à sa performance live, on se dit qu’il est bien dommage que de tels artistes restent dans l’ombre ! Merz va du synthé à la guitare, accompagné à la batterie, dans une ambiance toujours intimiste, invitant au voyage cosmique. L’ensemble est très épuré, et si la voix était un peu moins aiguë, on aurait presque pu parler de cold wave. Le groupe semble également avoir beaucoup d’humour car s‘essaye à un nouvel instrument qu’est... le cochon en plastique couinant une fois pressé. On regrette que l’assistance soit si peu réactive et si peu nombreuse face à un live pourtant très réussi.
« This song is for people that love the moon. And who howl at the moon. Or am I the only one to do that ? » : cette phrase, teintée de d’humour et de poésie, résume très bien l’univers de Merz qui, on l’espère, sera de retour bientôt pour d’autres concerts.

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Changement d’ambiance sur la scène des Arches à 18h où les français de Mass Hysteria viennent poser leurs grosses guitares pour un set radicalement métal. Une forêt de mains en l’air formant les habituelles cornes sataniques accueille le groupe qui est ce soir très en verve.
Leur musique s’affirme comme engagée, envers « ceux qui résistent » notamment et invite également à ne pas « laisser la haine s’installer ». On peut entendre dans les couplets de ce dernier titre « ne laissez pas Bernard Henri Levy s’exprimer. Ne laissez pas les Fémen s’exprimer » et on reste très perplexe devant ces affirmations aussi étranges qu’inattendues. Même si le flot de paroles manque de cohérence, le public lui s’en donne à cœur joie dans les premiers rangs en enchaînant les pogos.
Après avoir appelé à former une résistance (Face à quoi ? On ne le saura jamais...), le groupe descend dans la fosse pour former un circle pit, faisant ainsi fi de la demande explicite du festival de ne pas le faire, pour de raisons de sécurité. Il faut avouer qu’il est plutôt impressionnant de voir le public tourner autour du groupe au milieu de la fosse.
Je m’éclipse néanmoins après un épisode de prévention routière et de dédicace « au capitaine de soirée », ayant du mal à continuer à encaisser une musique aussi brute de décoffrage mêlée à des paroles aussi décousues.

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Direction la grande scène où les grosses guitares sont également de sortie pour la venue de Danko Jones. Et il s’agit d’une plutôt bonne surprise en live, car les titres qui pourraient se montrer un peu répétitif sur album sont bien mis en valeur par l’énergie que dégage le groupe et surtout par le véritable one man show qu’assure Danko himself.
Il rappelle à deux reprises que « it's my fucking birthday », et se moque de la foule qui entame un happy birthday en lui répondant « you sounded like a drunked crowd ! ». Il s’amuse ensuite pendant plusieurs minutes à faire faire des olas au public, le temps de régler un problème technique.
D’un point de vue musical, rien de bien innovant, les riffs sont parfois un peu répétitifs, le son a été monté très fort pour l’occasion mais l’ensemble est néanmoins assez efficace. Il ne fait pas dans la finesse non plus en demandant : « Is this a family show ? No ? Because the next song is about oral sex ! » tout en sortant sa langue de façon très explicite au cours du titre en question. C’est gras mais néanmoins on rit de bon cœur, peu d’artistes aillant actuellement le courage d’être aussi couillus dans leurs apparitions scéniques.

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Après un repas rapide, je cherche à me rapprocher de la scène des Arches pour le concert de l’israélien Asaf Avidan. Mais ses fans semblent au rendez-vous car la foule est compacte et je n’arriverai qu’à voir un petit d’écran. Je n’aurai donc que le temps d’entendre la voix très énergique et les rythmes aux sonorités parfois très orientales avant de reprendre le chemin de la grande scène afin de me placer stratégiquement pour voir les héros du soir.

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Car c’est bien les Arctic Monkeys que la foule attend de pied ferme ce soir. En une dizaine d’année d’existence, les petits gars de Sheffield sont passés du statut d’inconnus découverts grâce à Myspace à celui de monument de la scène rock internationale. Et bien qu’avant le concert les écrans géants diffusent le message « Le Paléo interdit le crowd surfing », il en faudra plus que cela pour calmer le public chauffé à blanc par le grand soleil de la journée et qui réclame le groupe une demi-heure avant son entrée sur scène. Leur cinquième album, sobrement intitulé AM sort en septembre prochain, et c’est par le premier extrait de celui-ci, Do I Wanna Know ?, que débute le set du soir. Une parfaite introduction en la matière avec un titre tout bonnement jouissif, où nos singes préférés ont su se ré-inventer sans se dénaturer, grâce au conseil du grand gourou de la scène rock américaine, Josh Homme. On attend fébrilement ce nouvel opus.
Les lettres A et M de plusieurs mètres de haut faites de spots lumineux illuminent la scène en mettant en valeur les membres du groupe, très classe, dans leurs costumes alors que des cris de joie accueillent les désormais classiques du groupe Brianstorm et Dancing Shoes ; les rythmes sont différents en fonction des albums mais le résultat est toujours le même : une joie indicible à l’écoute des riffs imparables du groupe. Des objets en tout genre volent dans les premiers rangs où les mouvements de foule sont énormes, face à un Alex Turner imperturbable. Pas besoin d’en rajouter dans la mise en scène outrancière, leur discographie tubesque suffit amplement à mettre le feu à la foule.
Pas moins de dix-sept titres s’enchaînent parmi lesquels les orgasmiques Pretty Visitors, I Bet You Look On The Dancefloor ou encore Fluorescent Adolescent (pour ne citer qu’eux) avant de dire « Good Night » sur un R U Mine ? « for the ladies ».
Bien entendu réclamés pour un rappel, ils reviennent après plusieurs longues minutes pour jouer un inédit de l’album à paraître, Mad Sounds, sous forme de ballade et accompagné pour l’occasion de boules disco, suivi du classique When The Sun Goes Down venant redonner une ultime claque au public en délire avant de terminer comme à l’heure habitude sur le très calme 505. A noter que donc seuls deux titres de ce futur album sont à l'heure actuelle connus, le suspense sera maintenu jusqu’à la sortie officielle.

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Jouissant d’un point de vue très correct face à la grande scène, je décide de rester en place pour attendre les autres héros du soir, les presque légendaires Smashing Pumpkins. La voix reconnaissable entre toutes de Billy Corgan prend possession de la grande scène, acclamée dès les premières notes de Tonight, Tonight, présenté en introduction de façon presque subliminale, pour annoncer la couleur du show à venir. Le public réagit néanmoins assez mollement face au groupe qui se contente de déballer ses morceaux, sans un bonjour. Cherub Rock est suivi de la reprise de David Bowie, Space Oddity que l’on ne reconnait qu’après une longue intro. Et là le drame du soir survient, une coupure générale de son intervient en plein milieu du titre, sans que le groupe ne s’en rende compte. Lorsque à la fin du titre Billy Corgan comprend ce qui se passe, il se contente de cracher sur scène et d’attendre bras ballants que la musique reparte.
Reprenant comme si de rien n’était, le groupe semble avoir une motivation frôlant le zéro absolu. Cela se ressent dans le public d’où ne fusent que quelques applaudissements de rigueur, et où certains commencent à s’en aller dès le milieu du set ! On s’endort effectivement presque sur Ava Adore, et Bullet With Butterfly Wings est joué version express, comme si le groupe voulait s’en débarrasser : pas le temps d’en profiter pleinement loin de là. Et il ne faudra pas non plus espérer entendre 1979 éludé du set tel un indésirable.
Le public remue un petit peu plus face aux ultimes touches de rock mais pas assez pour un groupe pourtant si emblématique. Les seules paroles de Billy Corgan de la soirée seront lors de sa sortie : « Thank you very much. Aufwiedersehen. », il n’en aura pas dit plus. Sans être un échec total, ce concert sera sans doute l’une des plus grosses déceptions du Paléo 2013, le groupe s’étant contenté du minimum syndical en terme de show.

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Bientôt 1h30, je décide quand même d’aller voir rapidement les Bloody Beetroots qui jouent ce soir en live et que tous les jeunes festivaliers semblent attendre. La fosse est effectivement en délire et semble avoir de l’énergie pour encore toute la nuit. Avec des titres taillés pour le dancefloor, les rois de l’électro à l’italienne ont ce soir sortis guitare et batterie pour accompagner leurs synthés. Le masque de Venom est de rigueur pour tous les membres du groupe, venant donner à leur set une allure pour le moins apocalyptique. Un groupe à réserver pour clubbers avertis.

Et bien qu’une partie des artistes les plus attendus soient déjà passés en l’espace de deux jours, on espère que la suite de la semaine va continuer à nous apporter de bonnes surprises.

Toutes photographies : © Paléo Festival
artistes
    Merz
    Mokoomba
    Mass Hysteria
    Danko Jones
    Jonathan Wilson
    Asaf Avidan
    Shangaan Electro
    Bombers
    Arctic Monkeys
    Lescop
    Beach House
    Jagwa Music
    BRNS
    The Smashing Pumpkins
    School Is Cool
    Bloody Beetroots Live
    Beware Of Darkness