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Paléo Festival

Nyon, du 23 au 28 juillet 2013

Live-report rédigé par Maxime Canneva le 26 juillet 2013

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Après avoir fait la part belle aux groupes de rock ces dernières quarante-huit heures, le troisième jour du Paléo Festival s’ouvre sous des auspices plus world. Une programmation venant se marier avec la température ambiante très élevée qui règne depuis maintenant quelques jours.

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On nous a vendu Alvin Zealot, formation suisse-allemande, comme étant un intermédiaire entre Tame Impala et Jeff Buckley. Impossible dans ces conditions de ne pas se rendre sous le chapiteau du Club Tent sous les coups de 17h afin d’entendre par soi-même ce que le jeune groupe a à nous proposer, après la sortie de leur deuxième album.
On constate effectivement une pop assez légère, lorgnant du côté de sonorités parfois psychédéliques, avec des titres n’hésitant pas à se prolonger au-delà des trois minutes réglementaires, mais néanmoins, on est bien loin de ce que pourrait produire Tame Impala. Même si des riffs plus rock viennent nous sortir de cette torpeur de fin d’après-midi, l’ensemble ne convainc pas entièrement et laisse rapidement place à l’ennui. L’avis est mitigé au sein du public, certains s’en vont tandis que d’autres sont sous le charme du jeune groupe et réclament un rappel qui aura bien lieu.

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Persuadé que Crystal Castles se produit sur la scène du Détour, je m’y dirige rapidement avant de comprendre mon erreur. Ce sont en réalité Crystal Fighters qui investissent la scène, et le style en est bien différent. Le chapiteau du détour déborde et la chaleur s’y fait vite étouffante. Une partie du public a du mal à comprendre pourquoi le groupe qui suscite un tel engouement est programmé sur une si petite scène.
Jimi Hendrix résonne en guise d’introduction avant que les cinq compères fassent leur entrée sur. Le look du leader, Sebastian Pringle est complètement improbable (fausses Ray-Ban blanches avec un haut à paillettes) et annonce la couleur pour un show qui va s’avérer électrique. Le public semble en effet bien mieux connaître le groupe que moi et réagit au quart de tour à chacun de leurs titres, eux-mêmes assez difficilement descriptibles. Leur musique alterne entre électro, rock et rythmes tropicaux, agrémentée de la voix très nasillarde de son chanteur. Une sorte de Is Tropical en plus punch ou de Gogol Bordello en moins tzigane.
Une pastèque est brandie en l’air dans le public, venant confirmer le caractère totalement improbable de ce show. Le résultat est détonnant, même si musicalement assez limité voire répétitif, tout le chapiteau sautant de concert et exultant lorsque Sebastian demande : « Do you want to go to the plage with us ? ».

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Après ce show explosif, je décide de faire un passage par la scène du Dôme, orientée vers les musiques du monde. C’est l’éthiopien Mulatu Astatke qui est ce soir mis à l’honneur avec sa musique jazz aux accords très rythmés. Accompagné au saxophone, à la trompette et au tam-tam l’ensemble change complètement des artistes que j’ai pu voir jusque-là et permet une pause bien appréciable.

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Santana, le héros du soir, a investi la grande scène et le public s’est déplacé en masse pour assister au show latino-rock de l’une des icônes du siècle passé. Les écrans géants diffusent des extraits de ses anciens concerts, ajoutant une pointe de nostalgie au show.
Il préfère déléguer la tâche du chant à des acolytes, se concentrant sur ses riffs qui n’ont rien perdu de leur vigueur. Il prêche un discours sur l’amour et le bonheur (on a fait Woodstock ou non) pendant plusieurs minutes avant d’entamer le titre Maria, Maria sous les applaudissements de la foule, visiblement en plein revival 60’s. Celle-ci saute à l’unisson sous les ordres du maître de cérémonie, provoquant une marée humaine devant la grande scène.
Il invite sa femme Cindy Blackman à le rejoindre le temps d’un morceau à la batterie le temps d’un titre très... caliente. « We’re going to play something really sexy... Do you like sex ? ». La chaleur est néanmoins à tomber et je décide donc d’abandonner Santana après quarante-cinq minutes (sur les deux heures de concert annoncées) afin de prendre un peu l’air.

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Retour à la scène du détour pour assister au show de Brandt Brauer Frick, « Techno Projekt aus Berlin », pour une ambiance beaucoup plus minimaliste mais pas déplaisante. Les deux DJs mixent sur la scène tandis qu’une batterie les accompagne frénétiquement.
La fosse est assez clairsemée, mais l’ambiance tourne très vite à l’ambiance boîte de nuit berlinoise, les corps se déhanchant aux rythmes des beats acérés. Une toile en arrière-plan diffuse des vidéos en noir et blanc, dont on distingue difficilement le contenu. L’ensemble est rafraîchissant, pas outrancier comme la plupart des DJs sets actuels et surtout la fosse aérée permet d’en profiter pleinement. On surprend même un membre de la sécurité à bouger au rythme des allemands…
Les passages plus calmes sont relevés par la batterie énergique permettant de ne pas s’ennuyer et d’apprécier une ambiance club très intimiste.

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Il est temps d’aller prendre sa place pour le concert que j’attends le plus ce soir, celui de Sigur Rós. La fosse devant la scène des arches est déjà bien remplie à 22h, une demi-heure avant l’entrée en scène des islandais. Je ne refais d’ailleurs pas la même erreur que lors du concert d’Alt-J il y a deux jours et décide de me placer dans les gradins afin de pouvoir profiter au mieux du show.
Un écran vidéo tout en longueur a été déployé sur la scène, derrière l’impressionnant ensemble formé par les onze musiciens. Le groupe relève plus de l’orchestre que du rock-band et il n’y a d’ailleurs plus de place sur scène pour les cameramen, forçant les écrans géants à diffuser des images de caméras fixes. La mise en scène est très travaillée, de nombreuses ampoules ornent la scène, venant s’allumer et s’éteindre au rythme des sonorités semblant venir d’un autre monde.
Le chanteur (dont je ne m’aventurerai pas à recopier le nom) prend possession de la scène avec une voix froide et céleste, propulsant instantanément le public dans une autre dimension. Personne n’ose bouger face à l’immensité que dévoile le groupe, les titres s’étalant sur de longues minutes et les écran projetant alternativement des vidéos de l’univers ou de feux d’artifices. Les ampoules sur scène apparaissent comme des dizaines de lucioles attentives au son délivré par les islandais. L’auditif comme le visuel sont ainsi mis à l’honneur.
Les fins de morceaux, très calmes, au volume parfois très bas sont malheureusement gâchées par le bruit venant des autres scènes. Mais on ne peut qu’adhérer à l’univers dans lequel nous emportent Sigur Rós, prouvant que la magie d’un live peut opérer à tout moment.

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Minuit, l’heure du dilemme (peu cornélien) : assister aux concerts de Tryo et Stupeflip ou aller stratégiquement se coucher pour récupérer un peu d’un début de semaine très chargé et rester en forme pour les jours à venir. Qu’à cela ne tienne, je vais assister le temps d’une chanson à la performance de Tryo, constater qu’en vingt ans de carrière le groupe produit toujours le même live, et ne renouvelle que très peu son répertoire, s’adressant avant tout au public le plus jeune du festival.

Toutes photographies : © Paléo Festival
artistes
    Alvin Zealot
    Protoje & The Indiggnation
    Regis Givazo
    Dub Inc
    Crystal Fighters
    Anthony Joseph & The Spasm Band
    Mulatu Astatke
    Chief feat Deheb
    Santana
    Sigur Rós
    Skip & Die
    Tryo
    Buraka Som Sistema
    Mr Toubab DJ Set
    Stupeflip
    The Skints