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Festival Musilac

Aix-Les-Bains, du 12 au 14 juillet 2013

Live-report rédigé par Julien Soullière le 26 juillet 2013

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La fatigue, cette petite sournoise, se répand en moi comme si, dotée d’une conscience, elle savait pertinemment que mon corps n’était pas prêt à répondre à une telle attaque, aussi totale que soudaine. La stratégie de la Blitzkrieg, c’est tout aussi redoutable à l’échelle d’un organisme.

Un, deux, trois... dans la file d’attente, je compte les heures qui me séparent de mon retour à Paris, et mon mal de crâne s’amplifie alors. Pas de temps en réserve, on va donc se la faire en flux tendu. Concerts, train, boulot. Je serai livré dans les temps, l’histoire dira dans quel état.
Finalement, ça avance plutôt bien, je viens d’être fouillé, et suis déjà en route vers les scènes. Sur la Scène du Lac d'ailleurs, la femme chocolat s’active depuis plusieurs minutes déjà, et tout ceci sonne comme dans mes souvenirs : Olivia Ruiz en live, c’est plus rock qu’à la radio, et à l’occasion, ça devient même franchement plaisant. C’est pas exceptionnel non plus, mais la demoiselle ayant un peu plus de goût que la moyenne des gens qu’elle a pu côtoyer dans le microcosme de la chanson française, elle a su s’entourer de musiciens sérieux, et sait qu’un concert ne peut pas être que la simple retranscription d’un disque. Rien que pour ça, et sachant qu’elle nous vient de TF1, je lui tire ma casquette avant de rejoindre mes compères au bar, sa voix très particulière commençant quelque peu à m’échauffer les oreilles. Le public, lui, s’amuse, reprend en cœurs les paroles mi-maligne, mi-couillonne de J'traîne des pieds et autres Les crêpes aux champignons (bourré, celle-ci est un vrai régal), et félicite régulièrement notre sudiste. En parlant de ça, tiens, il fait toujours aussi chaud, non ?

L’espace d’un moment, j’ai eu peur d’avoir loupé notre Ben Howard du jour. Me voilà rassuré, Jamie Cullum investissant tout juste la Scène Montagne pour nous servir une boisson jazz-pop aux extraordinaires propriétés narcotiques. Je n’avais franchement pas besoin de ça pour éprouver des difficultés à tenir debout, et c’est d’autant plus fâcheux qu’en préambule de The Hives, j’aurais apprécié de pouvoir m’élancer d’une rampe de lancement autrement plus rock, et ainsi arriver tout fumant au-devant de l’ami Howlin' Pelle Almqvist, fin prêt à ce que le set du groupe suédois m’achève une fois pour toute.
La réalité est cruelle, et l’heure que Cullum passe à jouer semble durer plusieurs éternités au moins. C’est lisse, beaucoup trop lisse, et l’une ou l’autre fois, l’alcool au bord des yeux, j’ai dû me convaincre à voix haute que, non, Michael Bublé n’était pas à Musilac cette année. C’est triste, mais que voulez-vous?

Enfin, mille fois merci Seigneur, les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Les corps vont s’entrechoquer, les sueurs se mélanger, et les yeux s’illuminer.
Si album après album, The Hives ont franchement perdu de leur intérêt, recyclant leurs recettes comme une vieille dame ses anecdotes, leurs prestations live sont toujours synonymes de bons moments. Ça va déménager sévère, et pour être sûr de ne rien louper, d’être dans l’ambiance jusqu'à en oublier le temps et l’espace, je me dirige d’un pas décidé vers les premiers rangs, mais pas trop prêt non plus, c’est que j’ai des lunettes sur le nez. Les lentilles n’ont pas fait le voyage, il fallait bien oublier quelque chose.
Tout de noir et de blanc vêtus, nos cinq mariachis déboulent sur scène sous une avalanche d’applaudissements et de cris, le public ne pouvant plus cacher son impatience. Almqvist, version suédoise et farfelue de Mick Jagger (physiquement parlant, mais dans les attitudes aussi), sourit de toutes ses dents devant l’accueil qui lui est réservé, lâchant un « Ca va ?! » sonore avant que le décompte annonçant Come On! ne retentisse dans toute la vallée. Les hostilités sont lancées, et c’est parti pour une heure de brûlots garage que The Hives enfilent comme d’autres les perles (Tick Tick Boom, Hate To So I Told You So, Go Right Ahead, Main Offender...). C’est bon, terriblement bon, et l’énergie qui se déverse de la scène est tellement communicative que les premiers rangs se transforment en piste d’auto-tamponneuses. Les torses, nus pour beaucoup, tanguent, s'écrasent les uns sur les autres, et les regards ne sont jamais mauvais, signe que tout ici est prétexte à un simple défoulement. Devant mes yeux, c’est un festival de mouvements et de couleurs, que je ne comprends pas toujours très bien, et qui très paradoxalement m’apaisent. Lorsque la ronde arrive à son terme, mon esprit y est encore, et l’arrivée sur scène de Jay Kay ne me réveillera que partiellement.

Aka Jamiroquai, le britannique a tout du mec has-been, qu’on fait revenir de temps à autre parce qu’on sait qu’il ramènera toujours un peu plus de monde. Si commercialement parlant, c’est donc loin d’être idiot (la journée du dimanche a été largement plébiscitée par le public), d’un point de vue artistique, c’est tout de suite plus délicat.
Rien à redire, le mec bouge, saute, chante, il occupe plutôt bien l’espace qui lui est offert, et entre son jeu de scène et les quelques hits que le space cowboy a sous le bras (dont le sombre Deeper Underground, ma foi fort sympathique), il y a de quoi faire quelques heureux. Pour moi, ça fleure trop le parc d’attractions, et je ne sais pas si c’est parce que The Hives m’ont effectivement mis à genoux quelques minutes plus tôt, mais je n’ai aucune envie de me remuer. Comme on dit, j’en ai une qui bouge, mais pas suffisamment pour qu’elle entraîne l’autre avec elle. Faut dire que j’ai jamais été trop fan de Jamiroquai, que ce soit du personnage ou de sa musique, donc bon. Au suivant.

Je les attendais plus tôt dans la journée, mais ça n’est que maintenant que les new-yorkais de Vampire Weekend investissent la Scène du Lac pour un concert attendu, du moins me concernant, n’ayant pas encore eu la chance de les voir en live.
Je les aime bien moi, ces gars-là, et puis leur musique, souvent sautillante, pleine de détails, candide en apparence, mais toujours emprunte d’une mélancolie désarmante, me fait littéralement fondre. Séduit par leur dernier opus, j’aborde cette prochaine heure dans les meilleures conditions possibles, et même si je sens que mes jambes sont prêtes à me lâcher. Le concert a débuté depuis quelques minutes déjà, et je ne suis pas déçu. Anciens et nouveaux titres passent foutrement bien, et si le groupe n’est pas très communicatif (Ezra Koenig n’est de loin pas un showman, seulement l’un des membres d’un groupe qui en compte quatre), leur musique parle à leur place. Soyons honnêtes, toutes celles et ceux qui dansent autour de moi à cet instant ne connaissent pas le groupe, c’est une évidence, et malgré ça, en dépit d’un set assez calibré aussi (mais peut-être est-ce mieux ainsi ?), la rencontre a bien eu lieu, là sous mes yeux vitreux. Que la nuit est belle

C’est bon pour moi, mission accomplie. Il faut que je fasse une pause, un peu au moins, avant de reprendre la route. Mes paupières m’en supplient, et ce même si, de ce que j'en distingue, Agoria, ça a l'air plutôt sympathique. Du gros son, une ambiance visuelle, et une belle troupe de motivés. Qu'ils s'amusent, et à très vite.
artistes
    Bow Low
    Poni Hoax
    Juveniles
    Beth Hart
    Olivia Ruiz
    Jamie Cullum
    The Hives
    Jamiroquai
    Vampire Weekend
    Agoria