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Paléo Festival

Nyon, du 23 au 28 juillet 2013

Live-report rédigé par Maxime Canneva le 31 juillet 2013

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Quatrième jour au Paléo festival où le soleil a visiblement décidé de s’installer de façon durable. La recherche d’un coin ombragé en milieu d’après-midi pour recharger ses batteries relève du parcours du combattant alors même que la programmation du soir, très orientée rap et variétés ne se révèle pas très excitante.

Après un showcase très réussi au sein de l’espace presse en fin d’après-midi de The Animen, groupe de rock local à retrouver demain soir en ouverture des concerts, direction la scène du Club Tent pour retrouver un autre ensemble du cru : Nick Porsche. Le suisse allemand est à la guitare et accompagné par un ensemble très fourni (percussions, bandjo, basse, clavier) délivrant une musique que l’on pourrait qualifier d'« inquiétante ». Calme dans l’ensemble mais enivrante, on se laisse charmer par le mélange des genres, oscillant du mélancolique au tropical. Nick Porsche s’essaye à chanter en français sur un de ses refrains, mais on préfère quand même lorsqu’il reste en anglais. Une bonne découverte dont on espère réentendre parler bientôt.

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Avant l’entrée sur la scène des Arches du Dubioza Kolektiv, une voix féminine informatisée prononce le message d’information suivant : « En cas d’annulation, ce concert ne vous sera pas remboursé. C’est pourquoi on vous conseille de crier : jouez connard, jouez fils de putes ». Le concert s’annonce complètement barré, et les membres du collectif originaire de Bosnie-Herzégovine, tous habillés en jaune et noir pour l’occasion, ont en effet de l’énergie à revendre.
Et le groupe arrive à jongler entre les sonorités de manière déconcertante. Les adjonctions de trompettes rappellent inévitablement la musique tzigane, la guitare puissante apporte une touche très rock tandis que l’on croirait avoir affaire à Skrillex derrière le synthé. On en retire quelque chose de très Ska et où on ne peut pas s’empêcher quelque rapprochements : avec Gogol Bordello ou encore avec le maître en la matière, Emir Kusturica. A l’exception que l’alternance des genres au sein même de leurs titres est bien plus prononcée : on passe d’un morceau de reggae à du hard rock en un claquement de doigts.
La mise en scène et aussi travaillée mais laisse dubitative ; les membres du collectif lèvent tour à tour un panneau sur lequel est marqué « 12 », tandis qu’une voix annonce en plusieurs langues « Bosnie-Herzégovine, douze points ». Pourquoi ? On ne le saura jamais.
Le public, pas encore trop nombreux apprécie cette musique de l’Est et s’agite bien volontiers sous le chaud soleil de fin d’après-midi. De mon côté, j’ai du mal à suivre l’ensemble assez peu cohérent et continue mon tour du monde musical.

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Après la Suisse et la Bosnie, c’est en Islande que nous emmène le Paléo ce soir. Sigur Rós n’est pas de retour, il s’agit du groupe Retro Stefson et de sa pop alternative qui prend possession de la scène du Détour à 19h. Le groupe a d’ailleurs été numéro un à plusieurs reprises dans son pays d’origine, et on attend avec impatience de voir le rendu définitif. Le chanteur, sosie de Prince en marcel/baskets mets le feu à l’assemblée dans une ambiance très vacances. « Have you someone to fall in love with on this song ? Are you ready to make love ? ». Rien de bien révolutionnaire sur le plan musical (malgré une armada de musiciens présents sur scène, cela semble être obligatoire en Islande) mais le public se laisse charmer et apprécie cette pop foutraque. Là où le titre Gloria sonne comme une vieille chanson d’amour à l’italienne, d’autres sonnent plus pop-rock, le groupe donnant lui aussi ce soir dans le mélange des genres.

Il faut alors slalomer finement à travers les différentes scènes du Paléo pour ne pas se retrouver pris au piège d’un concert de rap : Dizzee Rascal se produit sur la grande scène tandis que Youssoupha est au niveau de la scène des Arches. Le moment rêvé pour aller manger un bout avant de se mettre en position pour les héros du soir...

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Nick Cave arrive tout de noir vêtu sur la grande scène à 21h15. La fosse est encore très clairsemée et le restera d’ailleurs pendant tout le concert, Nick Cave étant l’un des rares rescapés rock de la soirée, le public ne semble pas être venu pour lui en priorité. Accompagné de son groupe The Bad Seeds, le set démarre par un inédit, We No Who U R, premier extrait de son nouvel album paru en février dernier Push The Sky Away.
Sa voix caverneuse résonne dans toute l’enceinte du Paléo, faisant frémir la moelle épinière du public présent. Nick Cave jongle entre panio et guitare, alternant balades et hymnes rock. Sa musique est parfois inquiétante, le piano étant battu hératiquement, et les paroles de ses morceaux décriées avec passion, pour un résultat évoquant une musique issue des enfers.
Et là où Billy Corgan semblait piqué par des tranquillisants avant-hier, ce soir Nick Cave prouve que le rock passe avant tout par la communication avec le public. Descendant dans la fosse et surplombant le public, il passe une bonne partie du show, main dans la main avec ses fans.
The Weeping Song est accueillie par de forts applaudissements tandis que la nuit tombe sur la grande scène. On ferme les yeux et se laisse emporter par le titre légendaire, transportant directement vers une autre galaxie.
Même si la scène est loin d’être remplie, un rappel est réclamé et sera bien entendu honoré par le maître de cérémonie qui s’éclipsera sur le classique Red Right Hand, en n’ayant pas oublié de chaleureusement remercier sons public.

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Toujours pas attiré par les concerts des autres scènes, j’attends celui de -M-, persuadé qu’il s’agit là d’un rock français gentillet que je suis en mesure d’apprécier. C’est loupé. Je tiens quarante minutes, ne pouvant plus avaler une seule goutte de sa musique suave et surtout très répétitive.
Le show est néanmoins assuré, notre pays possédant officiellement un Elton John, made in France. Plein de bons sentiments, appelant à « exploser ce Paléo », le public venu en famille apprécie le show et applaudit de concert. Plusieurs enfants sont d’ailleurs invités à monter sur scène le temps d’un morceau.
Je me surprends à fredonner le refrain de l’Onde Sensuelle, mais cela aura bien été le seul mouvement que Mathieu Chedid aura réussi à m’arracher. Un concert à voir en famille on vous dit.

S’ensuit le même choix qu’hier : enchainer avec de l’électro (Etienne de Crécy) ou aller se coucher car Blur joue demain soir, et que j’attends cela depuis le début de la semaine. La question se pose donc à peine, et m’en vais prendre un repos bien mérité.

Toutes photographies : © Paléo Festival
artistes
    Nick Porsche
    Bo Houss
    Dubioza Kolektiv
    Dizzee Rascal
    Retro Stefson
    Youssoupha
    Christine Salem
    Fai Baba
    Nick Cave & The Bad Seeds
    Gaël Faye
    Keny Arkana
    Lindigo
    Loccomotion ft Mc Stone
    -M-
    Etienne de Crécy