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Paléo Festival

Nyon, du 23 au 28 juillet 2013

Live-report rédigé par Maxime Canneva le 1er août 2013

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Avant dernier jour du gargantuesque Paléo Festival, et dernier jour de présence pour Sound Of Violence sur le site, étant donné que l’ultime jour des réjouissances est en grande partie consacrée à la chanson française. Les prévisions météo étant également catastrophiques (des orages annoncés d’une violence égale à ceux du début de la semaine), nous sommes au regret de vous annoncer que le live report du concert de Patrick Bruel n’aura pas lieu.
Mais dans l’immédiat, retour à la journée du samedi où la programmation s’est avérée très variée. Car même si on bave d’impatience depuis le début de la semaine en prévision du concert de Blur, le programmateur du festival, sûrement dans un état d’ébriété avancée au moment de faire la dite programmation de ce jour, a décidé de faire précéder la formation de Damon Albarn par les concerts de Saez, BB Brunes, Benjamin Biolay et Oxmo Puccino. Par conséquent ma décision est prise : cette soirée sera dédiée à la découverte des petites formations.

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Après un showcase extrêmement réussi la veille, c’est tout naturellement que l’on se dirige à la découverte d’un jeune groupe de rock local : The Animen. Leur musique est directe, efficace, sans fioritures, un savant mélange de rock relevé de pop. Avec un look assez rétro (chemises dans le pantalon et coupes à la Beatles), le trio de guitare agrémenté de sa basse et de sa batterie nous offre un apéro musical de circonstances.
On vient définitivement de faire la (très bonne) rencontre des suisses les plus british qui puissent exister et leur musique n’est d’ailleurs pas sans rappeler les grands crus des feu-Libertines, le côté punch en plus. Avec des titres plus balades qu’on croirait sortis d’un album de Leonard Cohen ou avec des accords plus country, l’ensemble est varié et très bien reçu par le public. Les applaudissements vont bon train et la température monte sous le chapiteau du Club Tent. La reprise de Bruce Chanel, Hey ! Baby, fait mouche et est reprise en cœur par une fosse ravie.
Les suisses se fendront même d’un rappel avant de quitter la scène en jetant des exemplaires de leur premier opus dans la fosse. La classe.

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Le programme officiel nous annonce ensuite un concert pop-rock du côté du chapiteau du Détour, et c’est donc fort naïvement que je m’en vais assister au concert de Hathors. Leur nom aurait pourtant dû me mettre sur la voix (prononcer « haters »), tout comme la mise en scène (les trois membres de noir vêtus). Mes doutes se confirment en entendant le chanteur hurler dans son micro et en le voyant agiter sa chevelure d’avant en arrière.
Certains passages sont certes beaucoup plus calmes mais de courte durée et leur musique se voit donc à réserver en tout premier lieu aux fans de formations du type 30 Seconds To Mars. Trente secondes, c’est d’ailleurs le temps que j’aurai en moyenne tenu avant de prendre mes jambes à mon cou.

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Retour sur la scène du Club Tent où c’est à présent au tour des trois parisiennes de Théodore, Paul & Gabriel de venir présenter leur folk gentillette. La voix de la chanteuse peine à s’imposer au cœur de la petite scène et l’effet produit par leur musique se révèle malheureusement très rapidement soporifique, l’ambiance étant loin d’être folle au sein du public.
Problème majeur de la formation : très peu d’originalité dans les compositions, et une absence totale de renouvellement sur les différents titres proposés. Faisant une tentative au clavier sur un titre, on se rend vite compte que celui-ci n’apporte rien à l’ensemble. La batterie quant à elle semble complètement anesthésiée, incapable de libérer quelques touches de rock qui seraient pourtant extrêmement bienvenues.
Lorsque la chanteuse annonce « on va se poser le temps d’une balade », je me dis qu’il peut être stratégique de ne pas finir dans les bras de Morphée à 18h30 et décide donc de m’en aller, concluant qu’il s’agit là d’une nouvelle formation parisienne à placer aux oubliettes.

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Et tant qu’on est dans la catégorie « formation parisienne sans intérêt », c’est au tour des BB Brunes de se produire au niveau de la Grande Scène. Ils ont cherché à se racheter une conduite il y a quelques temps pour qu’on leur ôte leur étiquette de « groupe pour jeunes filles en fleur » en essayant de donner dans des titres plus rock.
C’est raté. Car aujourd’hui encore, le groupe le plus pistonné et arriviste de la scène française ne suscitera que le déplacement d’adolescentes venant scander d’une voix aiguë « Dis moiiii, si j’dois partir ou pas ». De mon côté la question trouve rapidement sa réponse et j’en profite pour repartir du côté de la scène du Détour.

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J’y trouve à mon arrivée le sosie vocal de Cali, en la personne de Marc Aymon. Commençant à faire une overdose de chanson française, je ne m’y attarderai pas. On me convainc néanmoins d’assister au début du set de Benjamin Biolay. Pour ne vexer personne, j’explique à mes voisins que « je comprends très bien qu’on puisse aimer ce style musical, mais que j’ai grandement du mal à y adhérer ». Sa voix sombre (en contraste avec son immonde chemise à fleurs) prend possession de la scène des Arches, et ses textes ont beau être inspirés, je n’en retirerai pas le moindre frisson.

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Retour au Club Tent où joue une nouvelle formation locale, Navel qui propose une cold-wave très inspirée de leurs ainés de Joy Division. L’ambiance est d’ailleurs très sombre, la scène dans la pénombre et envahie par une fumée épaisse. Le chanteur est en short avec une guirlande rouge autour du cou, contrastant étrangement avec la musique.
La formation propose également des titres beaucoup plus rock, fortement inspirés par les Clash. Quelques morceaux sortent d’ailleurs du lot et restent bien en tête, grâce au bon dosage des instruments. Mais le reste du set n’attire que moyennement l’attention, et on ne restera pas marqués par la formation locale.

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Encensés par une presse se voulant à la pointe de la découverte et de l’innovation musicale, ne gardant souvent de rock que le nom, les jeunes français de La Femme ont ce soir la lourde tâche de jouer en terre encore inconnue. Pas moins de quatre claviers sont alignés sur le devant de la scène où les membres du groupe s’agitent de façon saccadée au rythme de leur musique aux sonorités aussi étrange que leurs textes. On retiendra notamment de ces derniers le « Vous allez mourir, je dis la vérité ».
La voix de la chanteuse est efficace et s’accorde bien avec la musique touchant plus du côté électronique que du côté rock. Là encore, deux titres, La Femme et Sur La Planche sortent du lot, le reste des compositions ne présentant un intérêt que très limité. Leur single phare (Sur La Planche) est néanmoins très bien accueilli. Celui-ci reste en effet en tête et est apprécié par le public présent.
Et les jeunes gens ne viennent pas de Biarritz pour rien. Sortant une planche de surf de derrière la scène, le guitariste pose cette dernière à même la foule, avant de prendre place par-dessus. La Femme ont une vision bien à eux et assez littérale du crowd surfing ! On salue une tentative sportive aussi innovante qu’instable et donc bien vite abandonnée : la vague humaine aura eu raison du surfeur en une trentaine de secondes !

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Retour à la scène des Arches où Breakbot ressert exactement le même set qu’en mai dernier au festival Art Rock. Même mise en scène : une grande bouche rouge en plastique surplombant la scène derrière laquelle mixe le français à l’allure christique. Au-dessus de lui, un néon rose aux allures 60’s floqué à son nom. A l’arrière un écran où est projeté le même mix vidéo (et pourtant lorsqu’il s’agit de Vjing, il n’est pas dur d’innover et de proposer un set différent à chaque intervention) avec des images que l’on croit tirées d’une Atari des années 90, aux allures kitschissimes.
Le set en lui-même est très mou, le public bouge peu, même face à l’intervention live des musiciens sur scène. J’abandonne donc le show du français en son milieu et vais me positionner pour le concert le plus attendu du festival.

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Je n’étais pas né qu’on les annonçait déjà en tant que rois incontestés de la Brit Pop, et c’est avec une grande ferveur que j’attends devant la Grande Scène le groupe que je n’aurais jamais imaginé voir en live : Blur.
En effet entre les side-project du prolifique Damon Albarn (The Good, The Bad And The Queen et Gorillaz qui l’ont grandement occupé au cours des dix dernières années) et les annonces incessantes de « dernier concert avant séparation définitive », il était difficile de penser voir une date du britannique avec sa formation d’origine. On constate au passage que les british en profitent pour remplir leurs portefeuilles en vendant les t-shirts floqués Blur à pas moins de 40€.
Et même si les mises en bouche qu’ont constitués les précédents concerts n’étaient pas forcément à la hauteur d’une première partie digne de ce nom, la foule est arrivée massivement pour voir les héros du soir. Et les hostilités démarrent dur avec d’entrée de jeu un Boys & Girls détonnant, mettant d’office la fosse sans dessus dessous. Le refrain jouissif est repris en cœur par les 30 000 festivaliers massés devant la grande scène. La température monte très vite et le sieur Albarn commence déjà à jouer à son jeu préféré : arroser la fosse avec des bouteilles d’eau. Une piscine gonflable se balade d’ailleurs au-dessus des têtes des festivaliers, signe de la folie montant au sein du public.
Les plus grands tubes du groupe sont repris, dans une ambiance parfois très planante comme sur Tender où des chœurs et instruments supplémentaires (trompette entre autres) sont invités à prendre place et où l’ensemble du festival reprend à l’unisson dans une grande communion « Oh my baby, oh my baby, oh why, oh my ». On ne peut pas non plus s’empêcher de penser au clip le plus réussi au monde lorsque résonne le très doux Coffee & TV. L’ambiance est plus rock à d’autres moments comme sur Parklife, There’s No Other Way, Beetlebum ou Country House, là encore hurlés comme des hymnes par toute la fosse. Un drapeau anglais flotte fièrement dans les premiers rangs, où Damon Albarn vient se positionner, provoquant l’émeute auprès des fans de toujours.
Le britannique est d’ailleurs complètement barré sur scène, tapant les cymbales de la batterie avec un porte-voix, sautant à n’en plus pouvoir et se jetant littéralement contre les enceintes du côté de la scène comme un fou se jetterait sur les murs molletonnés d’un hôpital psychiatrique (et provoquant au passage l’ire des techniciens de la grande scène).
Pas très bavard pour autant, le groupe s’en va sur un simple « Merci », avant d’être acclamé et réclamé pendant plusieurs longues minutes avant un rappel de rigueur. Celle que tout le monde attend finit bien entendu par arriver, les « wouhouuu » étant psalmodiés avant même le début de Song 2. Bien que les deux courtes minutes de ce titre aient toujours été une source incroyable de frustration au cours de ma jeune existence, l’entendre en live reste une source de jouissance indicible, dont le groupe fait peut-être mieux de ne pas trop prolonger l’écoute afin ne pas créer de dépendance trop forte.

Une heure et demie de concert détonnant (bien que l’excellent Charmless Man ait été éludé, mais on ne peut pas tout avoir), un parfait pot de départ pour ce Paléo qui aura été rempli de claques en tous genres.

Toutes photographies : © Paléo Festival
artistes
    The Animen
    Les Tambours Du Burundi
    Hathors
    Oxmo Puccino
    Théodore, Paul & Gabriel
    BB Brunes
    Marc Aymon
    Benjamin Biolay
    Nathalie Natiembé
    Navel
    Saez
    La Femme
    Breakbot Live
    Just A Band
    Blur
    Juveniles
    Kavinsky DJ Set