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Vieilles Charrues

Carhaix, du 18 au 21 juillet 2013

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 30 juillet 2013

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Métaleux et gothiques ont plié bagages et rentrent chez eux : les colliers à pics laissent la place aux casques pointus des vikings dans le camping des irréductibles, dont certains ne lésinent ni sur l’imagination ni sur les moyens pour coller au thème de l’édition 2013. En se promenant dans ce village Gaulois où les huttes sont en toiles de tentes, on peut croiser, outre de célèbres personnages moustachus et des demoiselles à la longue chevelure blonde, des audacieux qui sont parvenus à se déguiser en menhir, ou bien d’autres qui prennent le risque de se recevoir des baffes en arborant des habits de soldat romains. Ce voyage à travers les siècles, en long en large et en travers, n’en a pas empêché certains de se vêtir d'un costume hors sujets mais dans la grande tradition de ce concours d’extravagances, qui donnent à l’endroit des allures de kermesse, les enfants sont grands, majoritairement plutôt imbibés et largement dépravés.

On peut ainsi facilement occuper sa matinée à contempler ce carnaval fou ou bien aller se divertir là où de célèbres marques de boissons, chips ou jeans proposent des stands de jeux stupidement drôles et ne pas manquer de repartir avec son lot aussi peu esthétique qu’utile (et donc indispensable !). Ça passe le temps. Plus développement durable, un stand offre des cadeaux proportionnellement au nombre de déchets ramassés dans le camping. Pas bête : le système de la carotte fonctionne plutôt bien et permet de réduire assez considérablement les dégâts. La sensibilisation et la prévention ne se limitent pas à l’écologie : « N’oubliez pas la crème solaire et le chapeau et surtout buvez de l’eau ! » ressasse une voix amplifiée par mégaphone. « De l’eau, oui ! il en faut pour le Pastis ! » répondent des passants. Mais c’est sérieux, le soleil cogne et l’insolation guette les imprudents. Un prétexte idéal pour déclencher une guerre de pistolets à eau !

C’est effectivement sous un ciel sans nuage que la bande de Lilly Wood and The Prick actionne le starter rock folk et fait pétarader la machine à tubes. Avec les morceaux de The Fight ce duo jeune et branché a su se propulser sur le haut du pavé et s’y sent bien. Nili Hadida, aux mèches incandescentes, balance le voltage d’une chanteuse de disco pop hyperactive façon Beth Ditto de Gossip, tandis que The Prick (Benjamin Cotto) déploie sa force tranquille dans des riffs tout en puissance et maîtrise. Les arrangements léchés se suivent et se ressemblent (un peu trop parfois) mais la foule est conquise et piétine sans ménagement la pelouse de la scène Kerouac. Apparemment les français aussi se débrouillent niveau uppercuts.

« J'aurais préféré Annie Cordy », « C'est une plaisanterie ? », « On se donne rendez-vous au bar pour un poker pour la peine ! », « Eh bien ça c'est de l'affiche...et sinon, à part ce poisson d'Avril en Juillet, c'est qui le vrai groupe qui vient ? ». A la vue des réactions sur les réseaux sociaux le remplacement d’Elton John – victime d’une crise d’appendicite aiguë une semaine avant le début du festival - par Patrick Bruel aura été reçu comme une mauvaise blague. La plaine n’a pourtant pas été désertée ce vendredi soir et les réfractaires déçus ont laissé la place à la Bruel-Mania pure et dure qui ne s’est pas faite prier pour investir les lieux. Le principal intéressé ne s’est pas démonté et présente au pied levé son show dans lequel des parties hip-hop hasardeuses viennent se frotter aux chansons d’anthologie qui font crier l‘assemblée de fans fidèles au poste.

Moment serein de fin de soirée où le soleil commence à disparaître et permet à une légère brise fraîche de souffler gentiment, quand soudain une ambiance bleue sombre tombe lourdement sur la scène Glenmore. Matthieu Chédid apparaît au milieu de cette obscurité, laissant ses lunettes en forme de M réfléchir les projecteurs braqués sur lui.
Modeste derrière son micro, sa voix haut perchée se fait timide et égare les textes au milieu d’une confusion stridente alors que les lumières s’emballent dans un show de majesté. -M- et son égo : une histoire d’amour ou une histoire d’image ? Mine de rien, on s’y perd un peu. Mais -M- a son Mojo qui va de paire avec une bonne dose de générosité qu’il partage sans mesure.
Maître de cérémonie, il conduit l’hommage à Jean-Philippe Quignon, président des Vieilles Charrues, décédé en septembre dernier, en faisant naître un tapis céleste sur la foule qui brandit les lumières des téléphones et accompagne La Belle Etoile. Même le temps retient son souffle.

Il n’y a rien de plus contrariant lors d’un festival que lorsque deux groupes que l’on apprécie se produisent à un même horaire. Comme on n’est pas aux Vieilles Charrues pour s’embêter à faire des choix la solution est sans doutes d’aller profiter d’une moitié de set de l’un puis de l’autre.
A partir de minuit, les Naive New Beaters investissent la scène Xavier Grall pour y planter leurs palmiers en plastique et leur univers déjanté. « Est-ce que t’es chaud comme du kouign amann, baby ? En tout cas t’es aussi craquant ! », avec cette entrée en matière David Boring (chant), Eurobelix (machines) et Martin Luther B.B. King (guitare) font « chalouper » le public avec leur pop-rap-rock électronique fun et décalé. Sans oublier l’intervention remarquable de Mickey dans une version un poil déviée de celle de Disney, mais parfaitement appropriée à l’endroit.

En simultané sur la scène Kerouac, la classe britannique des Two Door Cinema Club sévit avec force. Ces jeunes irlandais ont quitté depuis quelque temps – quelque part autour de la sortie de leur dernier album - le club des groupes de pop-rock mignons pour défendre leur place sciemment méritée dans la cour des grands. Leur méthode ? des tubes scintillants, une énergie naïve fricotant avec des arrangements transpirants de maturité. L’ambiance lumineuse tantôt éclatante, frénétique ou crépusculaire s’ajoute à l’ensemble pour un live grandiose et enivrant dont on ne veut pas perdre une miette.

L’agitation rock reste dans les jambes sur le retour au camping tandis que les beats lourds des scènes électro résonnent sur le site. Les occasions de reprendre des forces aux Vieilles Charrues sont rares, il faut en profiter le temps qu’elles durent, surtout que le lendemain a de belles cartes à jouer dans sa manche.
artistes
    BRNS
    COLIN
    COMPAGNY MAGMANUS
    ELECTRIK GEM
    HALF MOON RUN
    HEARTBREAK HOTEL
    JACKY MOLARD ACOUSTIC QUARTET
    JUVENILES
    KENY ARKANA
    LA ROTATIVE
    LES CUBITÉNISTES
    LESCOP
    LILLY WOOD & THE PRICK
    -M-
    MMMMM
    NAÏVE NEW BEATERS
    PATRICK BRUEL
    PAUL KALKBRENNER
    PETIT MONSIEUR
    RANGLEKLODS
    ROKIA TRAORÉ
    RONAN TABLANTEC / SÉBASTIEN BARRIER
    SERENDOU
    SUUNS
    TWO DOOR CINEMA CLUB
    YOUN SUN NAH DUO