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Rock en Seine

Paris, du 23 au 25 août 2013

Live-report rédigé par Fab le 31 août 2013

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Ce qui devait arriver arriva : après une journée du samedi des plus clémentes, les précipitations s’étant abattues sur Paris et la région parisienne tout au long de la nuit ont gorgé d’eau le site du Parc de Saint-Cloud. Si les zones d’herbe demeurent encore praticables, les chemins sont eux couverts de boue pour cette ultime journée du festival Rock en Seine.

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C’est ainsi sous un crachin typiquement britannique que les jeunes pousses de Temples sont amenées à nous offrir la première prestation du jour sur la Grande Scène. Face à eux, un public épars comptant tout au plus quelques centaines de personnes camouflées sous leurs parapluies, K-way et autres gabardines. Pour leur second concert dans la capitale après une première venue en avril dernier à l’occasion du Record Store Day, le quatuor doit ainsi affronter des conditions pour le moins difficiles mais confirme progressivement les bonnes aptitudes entrevues précédemment. Plus à l’aise sur scène, avec un son mieux maitrisé et un répertoire s’étant notamment enrichi de deux excellents singles (Colours To Life et Keep In The Dark), Temples nous prouvent que leur pop tournée vers le passé a assurément un bel avenir devant elle et que leur leader James Bagshaw, affublé d’un surprenant maquillage gris sous les yeux et sous son imposante chevelure, a tout d’une icône en devenir.

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Alors que la pluie est en passe de cesser de tomber et ne plus être qu’un mauvais souvenir, Surfer Blood et leur power pop ensoleillée s’appliquent à apporter un peu de baume au cœur des festivaliers sur la Scène de la Cascade. Après un agréable premier album, Astro Coast, en 2010, les américains avaient marqué les esprits il y a quelques mois avec son successeur, Pythons, aux mélodies entêtantes et au charme immédiat. Sur scène, le constat est assurément moins positif : si le rythme du concert est soutenu et que John Paul Pitts ne ménage à aucun moment ses efforts avec un chant parfois proche du hurlement, la sauce ne prendra jamais réellement tout au long des quarante minutes passées par le quatuor sur scène. La faute à un manque de charisme, à un son parfois brouillon et à des chœurs perdant de leur impact dans les conditions du live, qui plus est lorsque le public se contente d’être spectateur tout en faisant preuve d’un intérêt discutable. L’une des déceptions de la journée de la part d'un groupe dont on attendait un tout autre visage.

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Retour vers la Grande Scène afin de retrouver The Computers dont la réputation scénique n’est plus à faire alors qu’une dernière averse achève de rafraichir le public. Comme à leur habitude, les cinq musiciens débarquent en costume-cravate leur conférant une classe certaine. A peine les premières notes se font-elles entendre que leur leader Alex Kershaw installe son microphone sur l’avancée de la scène comme pour mieux électriser la foule alors que la pluie s’abat sur ses épaules. Intenable, ce dernier va dynamiter durant quarante-cinq minutes le public avec des compositions mêlant rockabilly, garage et punk, s’offrant même une longue incursion au sein de la foule durant la seconde moitié du set. Leur musique pâtit certes d’un manque cruel d’originalité ou de variété, mais l’énergie déployée se prête parfaitement avec les aspirations de festivaliers.

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L’opposition de style entre Eels sur la Grande Scène et Is Tropical sur la Scène de l’Industrie tourne par la suite rapidement à l’avantage du premier. En effet, en dépit du buzz survenu il y a quelques mois lors de la mise en ligne du vidéo clip, rapidement censuré, de leur single Dancing Anymore, la foule semble avoir boudé le trio anglais aujourd’hui. Si Lover's Cave, en ouverture du concert, semble placer le groupe sur une bonne dynamique, l’ennui gagne rapidement du terrain et leur électro-rock laissant tantôt la place aux cordes, tantôt aux claviers, ennuie plus qu’elle ne secoue des festivaliers attendant selon toute vraisemblance le tube du groupe pour sortir de leur léthargie. Cela sera chose faite quelques minutes plus tard, les trois musiciens se voyant rejoints au chant par Kristie Fleck pour les quatre minutes de l’entêtant Dancing Anymore, temps fort d’un set que beaucoup auront rapidement oublié quelques minutes plus tard seulement.

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Sur la Scène de la Cascade, la tornade Skip The Use s’apprête à donner naissance à l’une des plus impressionnantes communions du week-end. Quelques minutes avant l’arrivée de la formation originaire de Lille, l’accès à la scène se révèle déjà pour le moins difficile, des milliers de festivaliers ayant vraisemblablement succombé à la réputation du groupe et de son déjanté leader Mat Bastard. Pour l’ultime concert des deux années de tournées ayant accompagné la sortie de leur album Can Be Late, les cinq français vont déployer durant une heure toute leur énergie, provoquant sans cesse moult pogos aux quatre coins de la fosse. Avec une puissance sonore étourdissante et une volonté sans cesse renouveler de haranguer le public, l’ambiance est au rendez-vous malgré le manque de finesse de leur musique. La fin du concert ne laissera toutefois aucune place au doute : après être parvenus à faire bouger le public de gauche à droite selon leur bon vouloir, puis avoir fait assoir la majeure partie de la fosse, une reprise du Smells Like Teen Spirit de Nirvana fait rugir de plaisir le Parc de Saint-Cloud avant un dernier titre ponctué de nombreux remerciements aux fans et à leur entourage.

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Les oreilles bourdonnent encore de ce déluge de décibels que Lianne La Havas débute quelques dizaines de mètres plus loin sa prestation, installée seule, guitare en main, à l’avant de la scène. Radieuse dans sa robe blanche, l’anglaise trouve ses marques après une poignée de titres, qu’ils soient interprétés en solo ou en compagnie de ses quelques musiciens, sobrement installés à ses côtés. La jeune musicienne ensorcelle un peu plus minute après minute les festivaliers de sa voix soul, lesquels le lui rendent bien en lui improvisant un touchant « happy birthday » de circonstances. Celle qui avait fait forte impression lors de la sortie de son album Is Your Love Big Enough en 2012 joue de sa sincérité et sa simplicité pour toucher l’auditoire, ne donnant jamais dans l’excès auquel elle préfère une proximité certaine. Une charmante découverte pour certains en cette fin de journée, une belle confirmation pour d’autres.

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L’une des attractions de ces derniers mois, et en conséquence de cette journée du dimanche, est alors en passe de faire son apparition sur la Scène Pression Live : CHVRCHES. Subitement découverts en mai 2012 lors de la mise en ligne du titre Lies, les trois écossais ont depuis parcouru bien du chemin au point de faire figure de possible révélation de cette année 2013, multipliant les tournées aux quatre coins de la planète depuis plusieurs mois alors que leur premier album The Bones Of What You Believe est attendu dans quelques semaines.
Aujourd’hui, leur mise en scène est minimaliste. Respectivement placés dans les coins gauche et droit de la scène derrière leurs claviers, boîtes à rythme et synthétiseurs, Iain Cook et Martin Doherty entourent la chanteuse de poche qu’est Lauren Mayberry. D’apparence frêle et haute comme trois pommes, tel un oisillon tombé du nid, cette dernière se révèle rapidement faire preuve d’assurance et être la force motrice du trio, sa voix accompagnant des titres au croisement de la synth-pop, new wave et électro-pop, le tout dans une ambiance poussant les corps à se mouvoir et les têtes à dodeliner en rythme.
Dès Lies, en ouverture du set, le ton est donné, et l’enchaînement des pépites concoctées par la formation ne faiblira à aucun moment durant les quarante-cinq minutes de leur prestation. Recover et Gun font ainsi leur petit effet, alors que Night Sky ou We Sink se placent eux aussi en tubes en puissance. Plus posé et marqué par l’apparition de la basse, Now Is Not The Time berce le public alors que Martin Doherty, intenable, s’installe au chant, microphone en main, sur Under The Tide. Le final sur leur dernier single en date, The Mother We Share, ne fera que confirmer la sensation d’avoir assisté à l’un des concerts les plus convaincants du week-end en attendant leur retour sur la scène de la Maroquinerie le 19 octobre.

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Le festival touche alors à sa fin et trois concerts vont être proposés simultanément ou presque aux festivaliers. Premiers à monter sur la Grande Scène, System Of A Down ont indéniablement attiré un très large public en ce dimanche. Après deux concerts au Palais Omnisport de Paris Bercy en 2011, leur retour pourrait également faire figure d’adieux au public français tant les tensions au sein du groupe ont fait parler ces derniers mois. Tout en puissance, le rock musclé des américains fait une dernière fois sauter la foule au rythme des classiques Chop Suey, B.Y.O.B. ou encore Toxicity.
Quelques centaines de mètres plus loin, VV Brown, devant un public peu nombreux, livre une prestation pour le moins déstabilisante centrée sur son nouvel album Samson & Delilah. Si sa scénographie se veut très (trop ?) travaillée, ses musiciens se voyant affublés de tenues blanches alors que plusieurs danseurs multiplient les chorégraphies, rares sont ceux à adhérer à l’étrange spectacle proposé.
Sur la scène Pression Live, c’est un Tricky très peu concerné que l’on voit évoluer au milieu de nombreux musiciens, ce dernier déléguant le chant à Francesca Belmonte sur la majorité des titres, préférant errer, cigarette en main, sans but précis. C’est à l’heure de quitter la scène que l’incroyable se produit : l’anglais semble s’éveiller, reprenant les rênes d’un concert en pilote automatique depuis près d’une heure. Boosté par un envahissement de la scène qu’il a lui-même provoqué, il ira jusqu’à entrainer ses musiciens dans un jam final de près de vingt minutes, achevé sur le coup de 23h40, répétant sans cesse avec conviction un « do you feel the same? » résonnant peut-être encore dans certaines têtes aujourd’hui.

Avec 118 000 personnes réunies tout au long des trois journées de cette édition 2013, un record depuis sa fondation, le festival Rock en Seine aura réussi son pari, celui de renforcer année après année sa position d'événement musical majeur dans le paysage estival français en dépit de têtes d'affiches en-deçà des espérances. Ne reste plus qu'à espérer que les programmateurs sauront faire preuve de plus d'audace à l'avenir pour tenter d'asseoir une position idéale aux portes de la capitale.
artistes
    System Of A Down
    The Bloody Beetroots Live
    Eels
    The Computers
    Temples
    Major Lazer
    Skip The Use
    Mac Miller
    Surfer Blood
    VV Brown
    Lianne La Havas
    Is Tropical
    Wall Of Death
    St. Lo
    Tricky
    CHVRCHES
    Parquet Courts
    Ms Mr
    Poliça
photos du festival