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Nuits électroniques de l'Ososphère

Strasbourg, du 21 septembre au 19 octobre 2013

Live-report rédigé par François Freundlich le 6 octobre 2013

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vendredi 27
L’ancien siège historique aujourd’hui désaffecté de La Coop accueille les Nuits Electroniques de l’Ososphère au cœur du quartier portuaire de Strasbourg. Quelques uns des meilleurs DJs du moment y sont rassemblés, accompagnés de pointures bien reconnues de la musique électronique comme Fatboy Slim ou Laurent Garnier. Le premier soir s’annonce torride entre les deux scènes d’un festival affichant complet depuis quelques jours.

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Il est presque minuit lorsque nous entrons dans le SUB, un premier dancefloor installé dans un local à l’ambiance d’usine désaffectée où les murs sont recouvert d’écrans, le plafond très bas et les poteaux bétonnés. Le trio The Toxic Avenger ouvre le bal sur des rythmes hip-hop rappelant les Beastie Boys avec des beats très agressifs. Leurs machines foutraques débordent de la longue table derrière laquelle ils livrent une une prestation enflammée alors que les écrans placés derrière, à gauche et à droite de la scène affichent des petits films au rythme tout aussi effréné. Malgré quelques passages de gros son west coast, nous entrons difficilement dans l’ambiance et nous les quittons quelques instants pour découvrir le second dancefloor.

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Le REV se trouve sous un chapiteau à l’extérieur : il est plus facile d’y circuler et d’apercevoir la scène. On a déjà bien plus l’impression d’assister à un festival, le son y est en outre bien meilleur. C’est le duo électronique The Shoes en configuration de DJ set qui envoie sa sauce bien plus house mais également moins subtile. Le set se fera moins radical sur la fin en se rapprochant de la pop, notamment sur leur dernier morceau avec leur fameux tube disco Time To Dance qui réjouira un public encore un peu froid.

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Nous retournons dans le dancefloor intérieur où il n’est vraiment pas nécessaire d’ajouter de la reverb tant le son de mauvaise qualité nous revient de tous les cotés. Le duo berlinois Booka Shade calme un peu le jeu avec un son plus minimaliste porté par des percussions et quelques voix aériennes. On vibre au son mathématique des synthés graves bien plus cadrés et précis comme sur leur tube Charlotte. Les allemands se dispersent moins que nos DJ français un peu plus foufous mais y gagnent en intensité et en présence, ce qui excite fortement le public en présence. Nous quittons l’atmosphère enfumée, chaude, humide et à la limite du supportable du SUB pour rejoindre le bien plus accueillant chapiteau.

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Place à un rejeton du label Ed Banger avec Breakbot qui s’installe derrière une bouche géante lumineuse ou est installée sa platine. Thibaut Berland n’est pas venu seul puisqu’il est accompagné sur certains morceaux d’un groupe composé d’un chanteur et d’un bassiste strasbourgeois ainsi que d’un guitariste. Pas de fausse note donc cette fois pour Breakbot, contrairement à son dernier mix au Parc des Princes où il avait diffusé sous les huées le titre fétiche de l’Olympique de Marseille : Jump de Van Halen. L’ambiance se fait clairement plus disco funk, rappelant allègrement le dernier album de Daft Punk et son Get Lucky bien connu. Le Pharell Williams local se nomme Irfane : il disperse sa voix de crooner tout en douceur alors que Breakbot s’installe derrière son piano. Il alterne des mixes aux sonorités popisantes seul derrière sa platine buccale et des morceaux joués en groupe comme son fameux tube Baby I'm Yours qui conclura le set dans un déhanché général. Voilà une incursion disco-pop relaxante après plusieurs sets aux beats frénétiques.

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A ce moment de la soirée, deux choix s’offrent aux festivaliers. Les jeunes attendent le très hype Kavinsky alors que les vieux se dirigeraient plutôt vers le légendaire Fatboy Slim. Ayant passé notre adolescence au son des Right Here, Right Now, nous nous laissons tenter par le DJ de Brighton. C’est d’ailleurs sur ce morceau que le set débute avec cette montée de synthé tellement reprise au cinéma ou à la télévision. Le set est dansant au possible et enflammera nos mollets pendant toute sa durée, le tout sans temps mort. Au milieu de mixes de quelques tubes actuels comme We Are Your Friends ou le Harlem Shake, Fatboy Slim intercale des passages de ses incontournables tubes comme The Rockafeller Skank. L’anglais n’hésite pas à stopper sa cadence nerveuse pour nous laisser planer sur Marvin Gaye, I Heard It Through The Grapevine: il sait nous faire plaisir. Puis il repart ni vu ni connu, déchainé sur des beats technoïdes tout en balançant un gros ballon jaune doté d’une face de smiley pirate : son logo. Le rythme répété de « Move your ass to control the bass » nous fera sourire, surtout lorsqu’il l’interrompt de quelques alarmes de trompettes de stade. Fatboy Slim termine son set dans la furie la plus totale sur un remix de Praise You en slow motion pour une conclusion sur ces fameuses trois notes de synthé ainsi qu’un retour de Right Here, Right Now dont le fameux clip de Cro-Magnon apparaît sur les multiples écrans. Au milieu de tous ces jeunots, Fatboy Slim est toujours bien le patron, ayant livré LA prestation de la soirée.

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Malgré cela, nous n’avons pas résisté à l’envie de quitter l’atmosphère étouffante du dancefloor intérieur pour aller nous rafraichir du coté du chapiteau. Le public danse beaucoup moins, étant beaucoup plus en contemplation : les plus foufous ne sont pas ceux que l’on croit. Le DJ préféré des routiers, Kavinsky, est installé seul en grand gourou devant sa platine et son écran géant s’étendant sur tout l’arrière de la scène. Le son lourd et grave d’un lent synthé dont il s’est fait le chantre ces derniers mois, s’étend sur le dancefloor via des nappes angoissantes et enivrantes. Kavinsky se cache derrière des lunettes lumineuses rouges lui donnant une allure de cyborg. Ses visuels sont bien plus abstraits et géométriques que ses prédécesseurs, se démarquant clairement puisque son set restera comme le plus calme de la soirée, les briquets étant même de sortie du coté du public. Malgré cette tranquillité, l’intensité est présente via de longs crescendos forcément liés à des images cinématographiques bien connues dont on a du mal à se détacher. Ce son rétro-futuriste est sa marque de fabrique, il en use jusqu’à plus soif, ou plutôt jusqu’à son fameux tube Nightcall qui sera joué en dernier sous les acclamations et devant une multitude de smartphones, génération oblige.

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Après cet interlude cosmique au milieu de la nuit, nous pouvons évacuer nos dernières forces devant un DJ Set du rémois Yuksek. L’occasion de sauter sur place sur quelques hymnes pop comme Girls & Boys de Blur pour un set faisant la part belle à des sonorités rock. Ses propres tubes ne sont pas oubliés comme Always On The Run, bien connu et chanté en cœur par l’audience. Voilà deux titres qui furent parfaits pour terminer une nuit agitée par cette ambiance particulière des festivals de musiques électroniques.

Les prestations de la première nuit à La Coop de l’Ososphère furent très bonnes si l’on excepte le lieu peu adapté à ce genre de manifestation et l’organisation discutable puisqu’il était compliqué de se désaltérer sans mourir écrasé. Fatboy Slim nous a plus que convaincus alors que Kavinsky et Breakbot ont su porter l’électro-pop à la française vers les sommets.
artistes
    Booka Shade
    Breakbot
    Fat Boy Slim
    Kavinsky
    The Magician
    The Soes
    The Toxic Avenger
    Yuskek