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Festival Chorus des Hauts-de-Seine

Courbevoie, du 28 mars au 6 avril 2014

Live-report rédigé par Xavier Ridel le 6 avril 2014

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samedi 29
La 26ème édition du Festival Chorus accueille en ce samedi 29 mars la première soirée de l'édition sur le Parvis de la Défense. 18h30, le soleil couchant illumine les lieux et vêtit la grande Arche d'une belle teinte orangée. Une programmation plus qu'alléchante, des places qui se vendent comme des petits pains (en témoigne la longueur de la queue à l'entrée), des pizzas et de la bière à foison. Voilà qui promet une belle soirée.

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Et c'est Griefjoy qui, à 19h tapantes, ouvrent le festival sur la petite scène. Les quatre niçois (anciennement connus sous le nom de Quadricolor) démarrent timidement leur concert avant de faire parler la poudre sur la tubesque Feel. Les quatre musiciens sont sûrement les futurs fers de lance d'une pop française en pleine ébullition, tant leur énergie est communicative et leurs chansons entrainantes. Guillaume Ferran, l'ambitieux chanteur du groupe, l'avait annoncé : « Le concert sera court mais, putain, il sera intense ». Et il tient sa promesse. Maniant habilement les ficelles d'une pop bipolaire déchirée entre la danse et la douleur, alternant introductions piano/voix et beats techno épileptiques, le quatuor offre aux spectateurs une prestation au goût sucré-salé et termine sur un Touch Ground repris en choeur par toute la salle. Ferran n'aura pas réussi à « foutre le bordel » mais parviendra à slamer sur une foule sage bien que totalement sous le charme.

Faisant fi des préjugés, nous nous lançons dans la grande salle, prêts à braver Mademoiselle K. Même avec la meilleure volonté et les pupilles closes, impossible d'accrocher à la voix stridente et braillarde de Katerine Gierak, ni d'ailleurs à ses compositions qui se déclinent désormais dans la langue de Shakespeare. Impossible d'ailleurs de saisir une seule bribe des textes, tant la méchante rebelle (« cette chanson est dédicacée à tous les connards de voisins qui nous pourrissent notre putain de vies », le tout agrémenté d'un majeur dressé en signe de ralliement) semble avoir du mal à articuler. Que la demoiselle soit pleine de second degré ou qu'elle ne soit qu'une pâle caricature de la rockeuse énervée, qu'importe. Tout ceci est trop surjoué, trop fade... trop, tout simplement. Et votre serviteur sort de là avec une affreuse envie de se noyer dans la bière.

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Retour dans la petite salle. C'est au tour de Toybloïd de se confronter à un public déjà légèrement alcoolisé. Et le trio, emmené par une chanteuse au visage caché sous un rideau de cheveux, fait le job. Riffs de guitare affutés, voix qui n'est pas sans rappeler Joan Jett, batterie lourde, le tout tient bien la route. Ttturn Me On résonne à fond et les têtes se balancent en rythme. Lou (fille de feu Stéphane Sirkis, le frêre de Nicolas) déborde d'énergie rageuse et gueule « I've got something to share ». Un petit pogo se forme devant la scène tandis que le groupe enchaine les chansons aussi rapidement que des Ramones sous speed. Et les voilà partis, laissant une trainée de poudre se répandre dans la salle et emplir nos poumons d'une poussière de rage viscérale.

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A peine le temps d'avaler une part de pizza (au prix de 6 Euros, quand même) et The Jim Jones Revue lancent déjà leur concert. Des frissons d'énergie parcourent l'échine de chaque individu présent dans la salle. La magie du rock'n'roll opère dès les premières notes de It's Gotta Be About Me. « Putain » est le seul mot qui vienne à l'esprit devant tant de furie contrôlée. Un bassiste sosie de Paul Simonon, un guitariste qui manie sa Gretsch orange à la perfection, un pianiste sous perfusion Jerry Lee Lewis et un chanteur au charisme vénéneux. Impossible de passer à coté du spectacle. Le groupe londonien distille quelques raretés (Make It Hot, Another Daze) au milieu de ses classiques (Shoot First, Princess & The Frog, Dishonest John). Le concert atteint son apogée sur Chain Gang, reprise d'un vieux morceau de gospel chanté à quatre voix avec pour seule accompagnement une batterie feutrée. Les morceaux s'enchainent parfaitement et nous regretterons juste le son un peu décevant (voix trop forte, guitares trop faibles). Qu'importe, les Jim Jones Revue nous ont montré que leur réputation de groupe de scène n'était pas volée.

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Un bref passage auprès du rock symphonique des toulousains Kid Wise, et voici venu le tour de la tête d'affiche. Peter Doherty ne laisse même pas le temps aux gens de se demander s'il viendra et arrive à 22h tapantes, accompagné de ses fidèles Babyshambles. Le costume noir et l'Epiphone rouge sont de sortie, les cheveux ont blanchis mais la présence scénique du dandy chapeauté, elle, n'a pas pris une ride. Le groupe nous offre un concert sous forme de Best Of dans lequel les morceaux de Shotter's Nation se taillent une belle part. Delivery, en seconde chanson, et une version avec trompette du trop rare I Wish mettent le feu à la salle. Les groupies pogotent, hurlent et se massent devant la scène qu'arpente le nonchalant (et parfois titubant) leader, main droite dans le dos. Mick Whitnall n'a jamais eu le visage aussi fatigué mais son jeu de guitare, sublimé par l'acoustique de la salle, prend une ampleur rarement égalée. Doherty s'allume une cigarette avant de passer à Baddie's Boogie, suivie de quelques titres issus du dernier album (Farmer's Daughter, Dr. No, Nothing Comes To Nothing). Le concert s'achève sur l'habituel Fuck Forever, hymne cinglant à la débauche. Peter Doherty aura encore une fois prouvé qu'il n'a rien perdu de sa superbe et ce malgré ses divers excès dont nous n'avons finalement pas grand-chose à faire tant son talent est grand lorsqu'il s'agit d'écrire des bonnes chansons.

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L'heure des derniers métros approchant, la foule est de plus en plus clairsemée devant les sympathiques mais décevants Sarah W. Papsun et les énergiques marseillais de Nasser qui distillent leur micro-tubes (Bronson, Out Of Control) avec une générosité non dissimulée.

La foule se disperse alors, courant vers le premier taxi ou le dernier métro. Cette première soirée à la Défense du Festival Chorus aura été, sans surprise, une belle réussite.
artistes
    Griefjoy
    Mademoiselle K
    Toybloid
    The Jim Jones Revue
    Kid Wise
    Babyshambles
    Sarah W_Papsun
    Nasser
photos du festival