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Festival Chorus des Hauts-de-Seine

Courbevoie, du 27 mars au 4 avril 2014

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 13 avril 2014

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samedi 5
Le quartier de la Défense ; quel drôle d'endroit pour un festival de musiques actuelles... Entre les tours des géants français de l'énergie ou de la banque et dans ce petit territoire leader des affaires en Europe, coincé entre trois villes des Hauts-de-Seine et administré par l'état, un chapiteau (le Magic Mirrors) et une salle nommée le Dôme se sont installés en plein parvis à quelques encablures de la Grande Arche.
Pour sa 26ème année, le festival s'est agrandi, pour quasiment doubler de volume. Deux scènes au lieu d'une ; un espace de détente situé entre les deux et une programmation qui s'en trouve augmentée d'autant.

Il fait encore frais en ce cinq avril et il est agréable de retrouver l'ambiance et la chaleur des festivals de musique ; c'est une séquence de six mois qui s'ouvre avec Bourges, We Love Green ou Solidays, pour ne citer que les premiers à venir. Ce soir, c'est une programmation électro-rock qui est proposée au public venant de toute l'Ile de France.

Alb (ndlr : le Français Clément Daquin) ouvre le bal à 19h30 sur la scène du Magic Mirrors. Touche-à-tout numérique excellant aux claviers, Alb est accompagné sur scène d'un batteur qui lui fait face. Mise en scène léchée par un jeu de lumière chaleureux et titres lorgnant sur une prog-pop facile à écouter, Alb est un chanteur sentimental moderne dont le titre phare, Whispers Under The Moonlight, ne vous aura pas échappé dans sa version publicitaire illustrant la venue d'une nouvelle voiture de la marque Peugeot. Une agréable entrée en matière pour réchauffer un public encore un peu timide.

Réchauffé ou pas, le groupe qui suit va rehausser, de façon définitive, la température corporelle des milliers de festivaliers qui se sont pressés dans la salle du Dôme. À 20h20, Zombie Zombie, les bien nommés (fans de John Carpenter dont les musiques de films sont une de leurs sources d'inspiration), déclenchent l'allumage bruyant du moteur principal de la soirée. Sans nul doute, la révélation du public et les chouchous des médias présents après un set brillant et des sonorités électroniques anxieuses qui ramènent, effectivement, à ces films d'anticipation des années quatre-vingt tels que The Thing ou New York 1997. Neman, batteur de Herman Düne, et Etienne Jaumet, saxophoniste et grand collectionneur de synthétiseurs vintage, se sont réunis autour de leur amour commun pour le krautrock dans cette formation de jazz cosmique aussi appelée « techno » dans les années 90/2000.

Difficile pour Thomas Azier, le suivant dans la programmation du soir, d'enchaîner à 20h50 au Magic Mirrors après un tel déferlement de lumières et de musique stroboscopiques. Ce Néerlandais, vivant à Berlin et repéré par Woodkid, a déjà largement fait parler de lui avec son titre Angelene dont le vidéo clip vaut le détour sur Internet. Mais, si l'innovation et la recherche esthétique, qu'elles soient musicales ou graphiques, sont les atouts de cet artiste électro, la construction et les rythmes de ces titres ne sont que difficilement adaptables à un public live. Si la belle gueule qui le surmonte possède également un organe vocal irréprochable et même massif, elle le dessert également dans des postures de top modèle nordique qui se soucie autant de ses loops que de son look. Un peu trop pop avec des mélodies faciles que déclame un chant en trémolo à la limite du cri, Thomas Azier a du mal à faire oublier le groupe qui l'a précédé. « Un des grands cascadeurs de 2013 », comme le disaient ironiquement Les Inrocks. Ils n'avaient pas tort...

D'autant qu'ils sont nombreux à quitter la scène du Magic Mirrors très en avance pour aller se placer au-devant de la scène où va se produire la tête d'affiche de la soirée, les anglais de Klaxons. Manque de chance, après un seul titre, un problème technique sérieux leur impose de quitter la scène pour dix minutes ; une première à Chorus ! Pas rancunier, le public les acclame une deuxième fois et leur offre une seconde entrée en scène digne de rock stars. Avec des hits comme Golden Skans, It's Not Over Yet et Atlantis To Interzone, devenus aussi populaires que des hits de Muse ou Coldplay (tout est relatif), les londoniens de la mouvance nu rave peuvent afficher leur bonne humeur et leurs costumes satin reflétant la lumière comme autant de miroirs.
Leur son très enjoué et leurs rythmes dansant ne manquent pas de transformer l'assistance en kangourous sauteurs durant l'heure que va durer leur set, panne comprise. Les prestances physiques et la qualité musicale de ces quatre beaux gosses d'outre-Manche feront le reste, auprès du public féminin notamment. Mais, pour ce groupe formé en 2005, déjà, le décalage avec les sons et les rythmes d'aujourd'hui affaiblit considérablement leur impact, et la bonne volonté de Jamie, James, Simon ou Steffan n'y changera rien. Les Klaxons ont eu leur heure de gloire, mais sonnent terriblement datés en cette fin de soirée.

Soirée qui se trouve maintenant décalée et dont les Jabberwocky (à ne pas confondre avec les Jabberwocky américain qui officient dans le post-punk !), programmés à 22h au Magic Mirrors, font les frais. Les trois amis, originellement étudiants en médecine à Poitiers et officiant également dans l'électro, mais planante cette fois, ont envahi nos têtes avec le titre Photomaton, également utilisé par la même marque de voiture que celle déjà citée dans cet article. On se demande ce que serait l'électro française sans les agences de Pub !
Fans de personnages et d'histoires oniriques comme peut l'être l'univers de Lewis Carrol, les JBBRWCK (nom stylisé) manient les claviers et les ordinateurs comme leurs grands frères énervés de Birdy Nam Nam. Une guitare en plus et l'esprit DJ set en moins. Le nom Jabberwocky n'était apparemment pas un bon choix ; utilisé par un groupe américain, un film de Terry Gilliam sorti en 1977 et lui-même, originellement issu d'une nouvelle de Lewis Carrol, le groupe avait annoncé en décembre 2013 sur sa page Facebook, qu'il changeait de nom pour devenir Heart Of Wolves. C'est pourtant bien sous Jabberwocky qu'ils jouent à Chorus devant un public clairsemé pour cause de retard au set précédent. A suivre, donc...

Ces derniers n'ont décidément pas eu la partie facile car, juste après eux, Chorus propose un autre artiste très attendu par le public, Jackson & His Computer Band. DJ français, producteur du hit international de Justice, D.A.N.C.E, ou du Pacific Coast Highway de Kavinsky, ce musicien français de talent n'est pas un nouveau venu puisqu'en 1999, déjà, il sortait ses premiers EPs Sense Juice et Gourmet, pour la première fois sous le pseudonyme de Jackson & His Computer Band.
Remixeur de Femi Kuti ou Air et présent au générique du jeu vidéo GTA5, il est vite repéré par le célèbre label anglais, Warp. Tout ceci expliquant l'engouement du public de ce soir à se presser devant la scène du Dôme vers 23h. De la techno brute au funk moite, Jackson Fourgeaud de son vrai nom est une star nationale de la scène électronique, parfois minimaliste, souvent transe. Arte ne s'y est pas trompé en diffusant, en février dernier, son lumineux et robotique set à la Route du Rock Hiver. Des beats qui tapent, des sons spatiaux, des instruments éléctro-organiques transparents (His Computer Band) fabriqués pour lui et une mise en scène futuriste, qui n'est pas sans rappeler DeadMau5 ; de quoi faire danser et rêver un public prêt à entrer en mode nuit et discothèque, jusqu'à tôt, le lendemain.

C'est d'ailleurs en mode DJ set que The Shoes lui emboîteront le pas sur les coups de minuit vingt. Une autre histoire que celle à laquelle ce groupe électro-rock nous a habitués jusqu'ici, donc.
artistes
    Alb
    Baskerville
    Zombie Zombie
    Thomas Azier
    Klaxons
    Jackson And His Computer Band The Shoes (DJ set)