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Les 3 Eléphants

Laval, du 23 au 25 mai 2014

Live-report rédigé par Caroline Dall'o le 27 mai 2014

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samedi 24
Ce deuxième jour s'annonce moins humide que la veille, l'occasion de participer aux différentes manifestations offertes en centre-ville dans l'après-midi. Théâtre de rue et happenings agrémentent la vieille ville, ainsi qu'une journée du jeu, hasard du calendrier lavallois. Comme la veille, pas de fléchage, c'est donc au petit bonheur la chance que l'on découvre artistes et spectacles : la bonne humeur est de mise, mais nous n'aurons pas l'occasion d'assister à une représentation complète puisqu'il nous faut longer plusieurs fois les quais pour trouver la péniche sur laquelle à lieu le bateau-concert du jour.

L’Argentine Juana Molina se produit en trio lors d'une croisière d'une heure sur les flots de la Mayenne. Ses patchworks electro-folk s'inscrivent merveilleusement dans le cadre de cette déambulation fluviale : batterie, guitare, claviers et samplers livrent des motifs inédits, proches de la transe. Dommage que le voyage ait été assis car les membres public dodelinant de la tête aurait sûrement apprécié de livrer leurs corps à ces pulsations hypnotiques.

Il est déjà l'heure de se rendre à deux kilomètres de là sur le site du festival afin de pouvoir assister aux débuts des festivités annoncées pour 19h30. En arrivant, on apprend que la soirée affiche déjà complet ! La veille les guichets furent également fermés en milieu de soirée : soit 10 000 spectateurs sur deux soirées, une première depuis sept ans ! Une excellente nouvelle au regard de l'atmosphère conviviale du lieu, mis en valeur par pas moins de sept collectifs de décorateurs du grand ouest, et de la programmation à la fois sélective et ouverte au grand public. La bonne idée fut assurément de programmer deux groupes affichant complet à chacune de leurs venues sur la France entière, Detroit hier et Fauve aujourd'hui, tout en profitant de l'occasion pour présenter les meilleurs groupes indés du moment.

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Pour l'heure, ce sont les jeunes Genevois de The Animen qui ouvrent le bal sous le Patio. Avec sa dégaine à la Alex Turner, le chanteur assure ses parties chant avec un style très british, soutenu par des musiciens certes jeunes, mais bien en place. Les mélodies empruntes de blues et d'une saveur d'un rock d'autrefois sont éloquentes et le tout donne vraiment envie de suivre leur évolution. Ce n'est donc pas dû à la qualité du concert que le gros du public se masse dès son arrivée dans l'obscurité de la grande salle de l'Arène, mais bel et bien pour être fin prêt à accueillir FAUVE, sensation scénique de ce début d'année. On ne livrera pas de solution à la situation dans laquelle se trouve les amateurs de musique dès que l'on évoque leur cas. Comme sur disque, le collectif divise sur leur prestation : certes il n'y a pas de réelles différences avec ce que l'on peut entendre sur leur EP et album. Car il y a cette férocité qui transpire des prises studio, qui est ici sur scène aussi brutale, ce pessimisme rageur qui laisse du monde aux portes de leur univers, mais qui par là même l'ouvre en grand à ceux qui s'y reconnaissent. Beaucoup d'ados et de jeunes, certes, mais aussi pas mal d'adultes pour qui encore et toujours « les autres sont un combat ». Ce concert, tous décibels dehors, aura ravi donc les seconds et permis aux premiers de dîner tranquillement en attendant la suite du programme une heure plus tard.

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Vundabar lance ses premiers riffs alors que les milliers de festivaliers hésitent encore entre liquide ou solide (bière ou sandwich, telle est la question !). Avec son air de petit branleur, Brandon Hagen se la joue mec qui a tout vu. On serait presque prêt le croire étant donné la maîtrise de la guitare et du chant que ce jeune Bostonien possède du haut de ses dix-neuf ans. Annoncé en duo, les Américains seront en fait trois et assureront un set boosté d'électricité et de rock garage, ponctué d'un jeu de déplacement d'arbustes en pot dont on n'a toujours pas compris la signification.

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Autre tête d'affiche de la soirée, Girls In Hawaii reviennent sur la scène mayennaise après un passage très remarqué en 2008. Après leur grande tournée entamée en avril 2013, les Belges sont bien rodés mais n'en ont pas perdu leur aura. Ce soir encore, ils proposent un répertoire mélangeant les titres de leur dernier opus et les meilleures chansons de l'époque d'avant 2010. On appréciera d'ailleurs qu'ils clôturent ce très bon concert par un Flavor dans une longue envolée électrique tout simplement envoûtante.

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Dans ce timing très précis et bien respecté, on craint de fait de manquer les premières notes de Jungle, LE concert du soir. La chance est avec nous, personne ou presque ne connaît encore leur fabuleuse puissance scénique et les quelques minutes de retard nous permettent d'aller en devant scène sans trop jouer des coudes. Pour ceux qui n'ont pas encore vu les Anglais en concert et qui ont déjà été conquis par leurs premiers singles (l’album arrivant en juillet prochain), la version live peut étonner : deux claviers au centre, djmebés & percussions à gauche derrière le bassiste, belle batterie ornée de bouteilles de soda derrière les deux têtes-pensantes, à droite deux choristes. Sans oublier les guitares sur leur stand. Bref, on est loin de la funk électronique ouatée que l'on a adorée sur disque. Dès les premiers accords de Busy Earnin', la messe est dite : ce sera l'apogée du groove coloré et du funk irrésistible soutenu par une rythmique acoustique exemplaire ! Deux mille personnes au bas mot se déhancheront sur la musique de la formation londonienne, et un noyau dur continuera de les acclamer plus de cinq minutes après le dernier morceau, car oui Jungle fut LA grande révélation de cette édition des 3 Éléphants !

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C'est ensuite le show des Mexicains Rodrigo y Gabriela : l'énergie est là, la bonne humeur aussi. Et si l'on doit avouer que l'on n'est pas les plus grandes groupies du duo de guitares électro-acoustiques, force est de constater que le public, lui, répond présent à l'appel de la guitare rythmique échevelée. Nous en profitons pour nous poser à quelques mètres de là, dans un discret passage s'ouvrant à droite de la sortie de l'Arène vers le bar principal. Une magnifique tête de mort psychédélique à la peinture fluorescente illumine un lieu de repos face auquel quelques énergumènes passent des disques dans leur cage disco. Le DJ commence alors à chauffer et lance du Metronomy, Phoenix et autre pépites rock indé qui font s'arrêter les badauds et se trémousser de plus en plus de festivaliers. Dans cet endroit confiné, on passera d'une dizaine de danseurs à 23h45 à plus d'une centaine après le concert des Mexicains, ce qui fera de ce petit lieu le plus prisé du site !

Difficile de décrocher de cette ambiance survoltée, mais tel est le devoir du reporter de festival. Il est temps d'aller écouter D-BangerZ. Les rappeurs français, assez loin de Stupeflip cité en référence par le programme, n'attirent malheureusement pas les foules mais réussissent toutefois à faire jumper la centaines de personnes présentes. Il faut dire qu'il n'est pas loin de 2h, et la soirée fut bien remplie. On tente de rejoindre la boîte de nuit improvisée, mais face au succès, impossible de passer. C'est un signe, il est l'heure de dire au revoir aux 3 Éléphants, un peu nostalgiques déjà, mais sincèrement heureux qu'un tel événement perdure et sache encore offrir une programmation d'une telle qualité dans de si bonnes conditions. Merci !
artistes
    The Animen
    FAUVE
    Vundabar
    Girls In Hawaii
    Jungle
    Rodrigo y Gabriela
    D-Bangerz
    N'to
    Cie Tu t'attendais à quoi ?
    Solids
    Loup Barrow
    Juana Molina
    Cie Autrement Dit
    Juke Box Orchestra
    Juke Box Orchestra
    Les Frères Casquette
    SAmBA De La mUERTE
    Joy Squander
    Marabout Orkestra
    Ptit Fat & Friends
    Jazz Combo Box
    Groupe Bernard Menaut
    La Chouing
    Collectif Jamais Trop d'Art !
    Jazz Combo Box
    Cie du Thé à la Rue
    Tony Clifton Circus
    Cie Qualité Street
    Five Foot Fingers
    Juke Box Orchestra
    Immo
    Groupe Bernard Menaut