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Solidays

Paris, du 27 au 29 juin 2014

Live-report rédigé par Mélodie le 9 juillet 2014

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La dernière journée a déjà sonné. Après s'être fait rincer comme jamais la veille, il faut avouer que l'idée de retourner à l'hippodrome de Longchamp est mêlée d'appréhension. Les yeux rivés sur le ciel et l'application météo du smartphone, il est temps de prendre la navette à Porte Maillot pour la dernière fois.

Un programme de choc nous attend aujourd'hui, d'ailleurs, on ne nous a pas facilité la tâche. Plusieurs grands noms passent aux mêmes heures, nécessitant de faire un choix que l'on a clairement pas envie de faire.
Les concerts commencent à 16h avec Triggerfinger d'un côté, et Jamaica de l'autre. Il faut choisir, et c'est le duo français qui attire irrémédiablement. Composé de Florent Lyonnais et Antoine Hilaire, le groupe fait dans le rock délicieusement électro, un peu à la manière de Phoenix. Leur deuxième album Ventura est une merveille portée par le single Two On Two. Une bien belle manière de commencer la journée. Et pour couronner le tout, il y aurait presque du soleil.

La suite va lorgner du côté du rock français avec La Femme. Certes, le choix est une nouvelle fois cornélien car FFF passent en même temps sur la scène Bagatelle. Duel entre deux générations d'artistes. Marco Prince et sa Fédération Française de Fonck ne gagnent pas cette fois-ci mais on se consolera au Festival Soir d'été de OÜIFM sur la place de la République le 11 juillet prochain. L'année passée, on avait déjà eu le plaisir de voir La Femme aux Solidays, mais cette année, ils reviennent avec plus de notoriété et un album qui cartonne, Psycho Tropical Berlin. Toujours aussi bariolés, La Femme nous servent aujourd'hui leur pop délicieusement aguicheuse. De Sur La Planche à Si Un Jour, leur new wave façon sixties fait danser le Dôme frénétiquement.

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Le festival fait ensuite une pause d'une heure, le temps nécessaire pour le traditionnel Patchwork des Noms qui rend hommage aux victimes du Sida. Un moment très émouvant qui rappelle pourquoi il est si important de tous se mobiliser.
Il est maintenant 19h, la pluie ne s'est pas fait beaucoup remarquée depuis le début, et on constate même, avec grande joie, que le ciel bleu pousse les nuages et s'invite à la fête. Il était temps ! Le public des Solidays est donc d'attaque pour deux concerts qui mettent à l'honneur la gente féminine avec Vanessa Paradis sur la scène Paris, et Christine And The Queens qui affole la scène française depuis peu. La première est une figure incontournable à qui on ne peut pas tourner le dos, même si elle a moins convaincus ces derniers temps. On a tous en tête une chanson de Vanessa Paradis, que ce soit de sa période Gainsbourg, celle de Lenny Kravitz ou celle de Matthieu Chedid. C'est donc avec une petite pointe d'excitation que l'on attend la copine de Joe Le taxi. Petite surprise avant même qu'elle n'arrive sur scène car, parmi les musiciens, on reconnait Benjamin Biolay. Du pain béni pour alimenter à nouveau les rumeurs d'une possible liaison entre les deux.
Vanessa Paradis apparait finalement à son tour, toujours aussi féline et extrêmement classe. Par chance, elle revient sur tout son répertoire, et nous délecte de chansons que l'on connait par cœur.

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Malheureusement, il n'est pas possible de s'attarder plus que cela car Christine And The Queens a déjà commencé son set et ce serait sacrilège de revenir des Solidays sans l'avoir vue. Le chapiteau du Domino est bien trop petit pour accueillir la jeune chanteuse. Il est très difficile de réussir à passer la muraille humaine et ensuite de se frayer un chemin dans la fosse. Les plus chanceux pourront voir la scène, quant aux autres, ils devront se satisfaire de ses chansons et d'une moitié de bras aperçus, conséquence de l'absence d'un écran pouvant retransmettre le concert. Et pourtant, la prestation d'Héloïse Letissier, alias Christine, vaut le détour. Dans son costume d'homme elle ferait presque penser à Mickaël Jackson, vu la manière dont elle bouge sur scène. Quant à ses chansons, l'envoutant Saint Claude fait tourner la tête. Il est surprenant de voir à quel point ce petit bout de femme réussit à prendre aux tripes son public. Entre moments pleins de douceur et d'autres plus pop qui déménagent franchement, Christine And The Queens propose des interludes de danse qui mettent le feu. En effet, la jeune française est accompagnée de deux danseurs hors pair qui finissent de subjuguer un chapiteau (voire au-delà) qui a des étoiles pleins les yeux.

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Il est maintenant 20h, et même si les belges de Girls In Hawaï nous interpellent franchement, l'appel de Patrice est bien plus fort. Il y a quelques années, il avait enflammé les Solidays, il y a fort à penser que ce soit la même chose ce soir. L'auteur de Soulstourm revient avec un nouvel album intitulé The Rising Of The Son, un mélange de soul, de blues et de hip-hop, de la « sweggae music » comme il se plait à la définir. La scène Bagatelle est pleine à craquer pour son concert et, malheureusement, les derniers arrivés, stoppés par la muraille humaine, ne peuvent pas voir grand-chose. Le petit prince du reggae folk est toujours aussi incroyable mais la foule est beaucoup trop pressante, ce qui ne rend pas le concert agréable. On a vite envie de fuir cette marée humaine.

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La suite lorgne du côté britannique avec le groupe électro-pop le plus en vue depuis un moment. Metronomy sont attendus sur la grande scène Paris. Certes, le groupe est une des têtes d'affiche du festival et certainement un concert à ne pas manquer, mais faire un festival, c'est aussi renoncer à certaines affiches pour aller écouter des artistes que l'on n'irait pas voir d'instinct en concert. Les plus malins vont donc retrouver l'américaine Kendra Morris, énorme découverte du festival. La nouvelle icône de la soul possède une voix hors du commun et puissante qui fait irrémédiablement penser à Amy Winhouse et (on ose la comparaison) à Janis Joplin. Cette voix puissante semble sortie tout droit de ses tripes, et chacune des chansons de son album Banshee prend des allures d'exutoire. La foule est en délire et complètement sous le charme de la New-Yorkaise qui ondule de manière très féline. Kendra Morris est un réel coup de cœur qu'il nous faut malheureusement quitter avant la fin pour rejoindre la scène Bagatelle dans l'espoir d'avoir une très bonne place pour le monstre Woodkid. Il semble d'ailleurs que nous ne soyons pas les seuls à avoir eu cette idée lumineuse. Un géant mouvement de foule ondule vers la scène en question. Au passage, des bribes du concert de Metronomy parviennent jusqu'à nos oreilles. Après avoir enfin parcouru la distance entre les scènes Domino et Bagatelle, la chance nous sourit et nous donne de bonnes places proches de la scène et dans la ligne de mire de l'écran géant. Une place parfaite pour attendre le Maestro Woodkid.

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Yoann Lemoine à la ville, Woodkid est le nouveau prodige de la scène électro française dont on dit que ses prestations live sont exceptionnelles. Lorsque sonnent 22h, une armada de musiciens fait son entrée sur scène. Ce ne sont pas de simples musiciens mais le corps d'un orchestre plutôt atypique, barbe, casquette et sweat-shirt en attributs, à l'image de leur chef. Un cor se charge de tuer le silence et percer le ciel. Une entrée en matière qui donne la chair de poule. L'attente est alors insupportable car la tension monte. Et enfin il arrive. La frêle silhouette de Woodkid fait son entrée sous l'acclamation du public.
Il fait son entrée tel un souverain. Et quel souverain ! Woodkid est indéniablement le roi dans son domaine. Pour ne pas nous faire mourir d'extase dès la première chanson, le français débute son set en douceur, mêlant la majesté de ses symphonies à la douceur de sa voix. Le tout est d'une beauté sans nom. Son album The Golden Age nous avait déjà transportés dans son univers électro-lyrique, mais chacune de ses chansons prend une toute autre ampleur en live. Woodkid est un véritable homme d'orchestre. Chacun de ses gestes a une signification et c'est avec une très grande grâce qu'il mène d'une main de fer ses musiciens. Il dédicace à la gente masculine son merveilleux titre I Love You qui embrase la foule. Après une entrée en matière plutôt douce avec Baltimore Bay, Woodkid monte d'un cran visiblement prêt à faire danser tout Solidays et à faire exploser les cœurs. Iron, Run Boy Run, Stabat Mater, Ghost Lights, autant de titres épiques qui rendent fous. Un inédit nous est présenté comme un présent : Volcano, morceau instrumental complétement dingue qui électrise toute la foule, et même son créateur qui saute dans tous les sens. Décidément, Woodkid est un artiste au talent immense et sans bornes, en témoigne sa mise en scène elle aussi très travaillée. Vient bientôt l'heure des adieux, mais la foule en a décidé autrement et chante le refrain de Run Boy Run, malgré la fin du set et les Skip The Use qui tentent, comme ils peuvent, de faire venir leur public. Le roi de l'électro symphonique que l'on pensait inébranlable se laisse chahuter par l'émotion et lâche un « Je t'aime Solidays ! ».

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Les esprits encore tout chamboulés, la foule se retire pour rejoindre la bande de Matt Bastard, tandis que d'autres préfèrent regagner les navettes. Après un concert pareil, il est difficile d'enchainer avec autre chose, et Skip The Use risquent de nous paraître bien ternes. La vérité est là. Le vrai concert de clôture de ces Solidays 2014 est celui de Woodkid. Il n'y en a pas d'autres possibles, n'en déplaise à Skip The Use, pourtant très bons.

La journée du dimanche se finit donc sur une note positive. La météo a été plus clémente que la veille, et le soleil a même refait une apparition. Quant au reste, on se souviendra du coup de cœur Kendra Morris et surtout du live d'exception de Woodkid.
Les Solidays 2014 nous ont encore gratifiés de trois jours placés sous le signe de la solidarité et de la musique. Ce sont un peu plus de 175 000 festivaliers qui ont permis cette année de récolter près de 2,2 millions d'Euros. Une bien belle somme pour permettre de poursuivre la lutte contre le Sida. Il reste à remercier très chaleureusement tous les volontaires et le personnel qui veillent, comme chaque année, à la bonne organisation de ce beau festival. A l'année prochaine !
artistes
    Triggerfinger
    De La Soul
    Woodkid
    Skip The Use
    Sarah W_Papsun
    Kendra Morris
    Christine And The Queens
    VS
    Get A Room!
    FFF
    Mary May
    Le Tournedisque
    Patrice
    Girls in Hawaï
    St.Lô
    Metronomy
    Vanessa Paradis
    Crayon
    La Femme
    Sarah Celestic Club
    Yuksek
    Kobo Town
    Jamaica
photos du festival