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Eurockéennes

Belfort, du 4 au 6 juillet 2014

Live-report rédigé par Mélissa Blanche le 12 juillet 2014

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vendredi 4
L'édition 2014 des Eurockéennes de Belfort aura été des plus mouvementées. Risques de grèves des intermittents et risques d'orages pesaient cette année sur le festival. Malgré tout, ces dangers n'ont pas eu raison des festivaliers, venus en masse, parés de bottes en caoutchouc, de k-way ou de cirés bretons pour affronter les averses et la boue.

Ce sont les Français du Mofo Party Plan qui ouvrent les hostilités pour le premier concert de cette 26ème édition. Nous ne regrettons pas d'être venus si tôt pour découvrir ce groupe d'électro-pop nîmois dont la musique a de petits airs de Two Doors Cinema Club, présents l'an dernier sur la Grande Scène. Le quatuor a la bonne humeur des débutants, et se dit reconnaissant de notre présence malgré les averses intermittentes et le Mondial de Foot.

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Place ensuite à la découverte de la journée, le groupe anglais complètement déjanté Fat White Family. Le concert démarre tandis que le ballon est lancé pour le quart de finale qui oppose la France à l'Allemagne. La tension est à son comble dans les deux cas, mais à la différence du match, le concert s'avèrera être une victoire. Le sextet de Brixton affiche une dégaine complètement délirante, à l'image du musicien aux synthés habillé en veste, chemise, short de sport, baskets et casquette verte. Un cocktail explosif. Le ridicule ne tue pas et c'est ce qu'a compris son chanteur Lias Saoudi. Il n'a pas peur de hurler, de danser bizarrement, de faire le pitre, bref, de faire n'importe quoi. Un jeu quelque peu bestial qui le conduit à faire tomber la chemise et le pantalon, pour qu'enfin la moitié du groupe se retrouve torse nu. L'alcool y est de toute évidence pour quelque chose mais il semblerait que cet individu n'ait aucune gêne quel que soit son taux d'alcoolémie. Plus que l'alcool, c'est la drogue qui fait la cohésion de ce groupe. Le guitariste de droite fait extrêmement peur à voir tant il a dû ingérer de substances illicites. Le bassiste quant à lui se met à jouer allongé par terre pendant un moment. Sans prévenir, le chanteur embrasse le second guitariste, porteur de rouflaquettes. Le set se finit en véritable foutoir : guitares saturées à l'excès et Lias Saoudi qui se lance dans la fosse. Repéré par le NME, le groupe livre une prestation à la Black Lips qui ne laisse personne indifférent.

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Sobre, sans jeu de scène ni saut en l'air, la préstation de Temples crée un contraste tout à fait frappant avec ce qui vient de précéder. Pour le concert de ces chantres du psychédélisme, le setting est tout à fait approprié puisque les quatre Anglais jouent aujourd'hui sur la scène de La Plage, en plein milieu du lac de Malsaucy, sous un soleil clément. Le groupe le plus chevelu de la journée, auteur d'un unique album intitulé Sun Structures, nous fait passer un très bon moment dans un cadre idéal. Le calme avant la tempête.

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Nous allons ensuite jeter un coup d'œil au concert de Findlay, chanteuse mancunienne qui remue la scène de la Green Room. L'occasion de passer un bon moment devant une prestation rock et bien foutue. Nous aimerions nous attarder davantage mais il vaut mieux partir en avance si l'on veut être bien placé pour le sommet de la soirée, j'ai nommé les Pixies.

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Nul doute n'est permis, le meilleur concert de cette première journée, si ce n'est le meilleur concert de tout le festival, est celui des Pixies. La formation légendaire des années 80, portée par l'intemporel Frank Black, nous offre un beau moment de nostalgie. Ils nous rejouent tous leurs morceaux mythiques : Monkey Gone To Heaven, Nimrod's Son, Hey, U Mass, Where Is My Mind?, j'en passe et des meilleures. Le groupe n'est pas très communicatif, à l'exception de ce moment où le guitariste Joey Santiago se rapproche du public pour nous faire une démonstration de ses talents et où les musiciens saluent le public avant de quitter la scène. Mais peu importe car la musique des Pixies est assez intense, assez légendaire, et surtout assez bonne pour tenir tout le public à genoux.
Les pogos s'enchainent dans les premiers rangs. Il est loin le soleil des Temples ; la nuit est tombée et il s'est mis à pleuvoir. Mais pour l'instant, l'averse n'est pas un problème. La pluie ne fait que renforcer la beauté du moment. Et quand des milliers de festivaliers reprennent en cœur Where Is My Mind? en levant les bras sous la pluie fine, on se dit que c'est l'une des plus belles choses que ce monde ait à nous montrer. Malheureusement, notre fascination pour la beauté de la pluie ne durera qu'un temps parce qu'après plusieurs heures d'averses, même fines, c'est le risque de pneumonie que l'on se met à contempler avec horreur.

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La pluie continue donc de tomber sur Metronomy, qui nous livrent un joli concert quoi que sans surprise, l'occasion d'entendre sur scène le nouvel album Love Letters sorti en mars dernier.
La pluie se fait de plus en plus envahissante lorsque débute le concert de Stromae, le phénomène belge encensé par les médias depuis la sortie de son second album Racine Carrée. Les k-ways lâchent, les jeans sont trempés, les cheveux dégoulinent, le ras-le-bol commence à s'installer alors que Stromae enchaine les tubes tels Formidable, Tous Les Mêmes, Alors On Danse et Papaoutaie. Rien à redire, lorsque le chanteur ouvre le bal avec Ta Fête, c'est bel et bien une immense fête populaire qui s'anime dans le public. Il y a un monde fou devant la Grande Scène, peut-être la plus grosse affluence que l'on ait observé durant ces trois jours. Le Belge nous fait ici la démonstration de sa pertinence. Sa musique aux influences très diverses est portée par un maitre de la scène, un animateur de foule hors normes, qui change de tenue entre chaque morceau avec une rapidité folle, danse merveilleusement bien, se lance de façon totalement incongrue dans un plaidoyer sur l'origine belge des frites avant d'entamer Moules Frites, joue l'homme ivre mort sur Formidable et nous donne envie de rester jusqu'au bout, malgré la pluie, malgré le froid, malgré tout.

Il est simplement dommage, et ce n'est pas peu dire, de ne pas avoir pu apprécier à sa juste valeur cette performance de brio à cause de cette satanée pluie.
artistes
    Pixies
    Stromae
    Détroit
    Metronomy
    Casseurs Flowters
    Benjamin Clementine
    Temples
    Trash Talk
    Gramatik
    Odezenne
    Reignwolf
    Findlay
    Salut C'est Cool
    The Daptone Super Soul Revue
    The Fat White Family
    Mofo Party Plan
    Hermigervill
photos du festival