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Eurockéennes

Belfort, du 4 au 6 juillet 2014

Live-report rédigé par Mélissa Blanche le 14 juillet 2014

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En cette deuxième journée des Eurockéennes 2014, la météo s'est faite plus clémente et la programmation plus grand public. D'excellents concerts se cachent dans le lot, comme celui de Franz Ferdinand, tandis que les catastrophes Shaka Ponk et Skrillex viennent entacher le niveau du line-up.

Nous commençons notre journée avec le groupe australien Jagwar Ma, entre rock psyché et musique dance. Ces enfants de Tame Impala, auteurs d'un album intitulé Howlin', sont les premiers à nous faire sauter dans la boue. Nous retrouvons ici la même veine psychédélique qui avait animé Temples hier, mais Jagwar Ma ont un son bien à eux, inspiré par le mouvement Madchester des Stone Roses et des Happy Mondays. L'influence du mouvement Madchester va même jusqu'à infiltrer la nonchalance et l'habillement du chanteur et guitariste Gabriel Winterfield, en t-shirt et baggy. Le synthé et les samples sont très présents, voilà de la musique que l'on aurait plaisir à entendre en club. Un très bon début de journée, donc.

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Les festivités continuent avec les Anglais de Circa Waves. Les quatre scouses de Liverpool se situent dans la droite lignée de groupes comme les Vaccines, les Strokes ou encore Palma Violets. Du bon rock anglais, en somme. Rien de révolutionnaire mais le groupe a du potentiel et de l'envie. On sent une bonne complicité entre les différents membres du groupe, lesquels achèvent leur set sur une reprise de 1901 de Phoenix.

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Le clou de la soirée réside cette fois-ci dans la prestation de Franz Ferdinand, lesquels nous livrent un concert absolument impeccable comme à leur habitude. Les Écossais de Glasgow débarquent sur scène dans des costumes d'une excentricité toute britannique, faits de patchworks de formes géométriques noires et blanches. Le quatuor indie nous assaille d'emblée avec une musique et un show d'une redoutable efficacité. Ils enchainent les tubes tandis que pogos et slams se multiplient devant eux. Les chansons de leur dernier album Right Thoughts, Right Words, Right Action sont aussi prisées que les vieux crus tels que Take Me Out ou Ulysses. Le chanteur Alex Kapranos au sourire ravageur a une présence incroyable et tient le public en respect. La performance est étudiée mais ne manque en aucun cas de fraicheur. Vieille de treize ans d'existence, la formation n'a rien perdu de sa fureur de vivre.

Le reste de la soirée ne sera guère aussi flamboyant, puisque l'heure Shaka Ponk et Skrillex approche, mais nous avons tout de même le droit en attendant à une bonne surprise nommée The Parov Stelar Band. Le DJ est accompagné de quatre musiciens et d'une chanteuse, Cleo Panther, au charisme indéniable. Le groupe d'électro-swing autrichien continue d'apporter un peu de fraicheur à cette soirée et parvient à faire danser l'intégralité du public de la Green Room.

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Vient ensuite, pour notre plus grand désespoir, l'un des groupes les plus surestimés de France. Nous ne nous attarderons guère devant le concert de Shaka Ponk, qui s'apparente à une bouillie sonore. Non contents de nous casser les oreilles, le groupe allie la torture visuelle à la torture auditive. Un univers visuel surchargé et criard s'ajoute en effet aux hurlements du leader qui harangue la foule comme un poissonnier. Leurs qualités mêmes sont des défauts, car leur énergie est excessive et grotesque et le mélange des genres ne fait que servir une soupe hurlante.

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Après ce moment difficile, nous nous accordons un instant de répit musical grâce aux deux Anglais de Drenge. Ils sont frères, ont la vingtaine à peine et ont des petits airs d'héritiers de Nirvana. Une batterie et une guitare, autant dire qu'il n'y a pas de fioritures. On sent une vraie sincérité chez ces deux jeunes originaires du nord de l'Angleterre qui jouent dans un style très grunge. Ils ne sont pas très loquaces mais c'est tout pardonné tant il semble évident que ce n'est pas leur tempérament et qu'ils ne sont pas du genre à jouer la comédie.

La soirée s'achève désormais avec le fameux Skrillex. L'homme dont tout le monde disait du mal. Celui-ci mérite-t-il donc toute la haine qui se déchaine sur lui? Pour être tout à fait honnête, peut-être est-il possible de passer un bon moment devant Skrillex si l'on ferme les yeux et que l'on entre dans cet énorme délire cacophonique. Cependant, il est conseillé de prendre tout ça au deuxième voire au cinquante-sixième degré. Or, la prestation de Skrillex dégouline de premier degré, c'en est affligeant. Le DJ américain en fait des tonnes. Après un compte à rebours de cinq minutes, l'énorme voile qui masquait la scène se soulève enfin pour laisser place à un énorme vaisseau spatial dans lequel se tiennent Skrillex et ses platines. N'étant embarrassé d'aucun instrument, celui-ci ne cesse de sauter en l'air et de haranguer la foule toutes les cinq minutes. Les vidéos projetées derrière lui sur les écrans géants proviennent d'une imagerie du jeu vidéo et de la science-fiction digne d'un gamin de quatorze ans, entre visages d'aliens, têtes de morts, robots et autres animations en tous genres.
C'est une caricature de show à l'américaine qui se déploie devant nous, avec lancement de flammes, fumées et lumières aveuglantes. Cela peut être amusant un moment et si l'on se prête au jeu on pourrait presque y trouver du plaisir, mais sans un gros effort d'indulgence, il est difficile de ne pas déplorer le ridicule de cette scénographie. Excessive et puérile, cette esthétique du too much se retrouve aussi dans la musique, bruitiste, machiniste et fracassante, un déluge de basses, de beats et de samples absolument écrasants. La seule manière de rehausser le niveau de la prestation est d'y ajouter une bonne dose d'ironie. Le seul moment où Skrillex parvient à le faire, c'est lorsqu'il nous demande de montrer nos meilleurs « dance moves » alors qu'il diffuse sur les écrans une vidéo de Steve Urkel (personnage comique de la série Une Vie de Famille, ndlr) en train de danser de façon totalement ridicule.

C'est dans cette ambiance totalement démentielle que se clôt notre deuxième journée des Eurockéennes.
artistes
    Skrillex
    Franz Ferdinand
    Shaka Ponk
    M.I.A.
    Gaëtan Roussel
    Parov Stelar band
    Jagwar Ma
    Little Dragon
    Bondax
    Drenge
    Brodinski
    Travi$ Scott
    Freddie Gibbs
    Young Fathers
    Kaytranada
    Cashmere Cat
    Jungle
    Louisahhh!!!
    Club Cheval
    Manu le Malin
    Circa Waves
    D-Bangerz
    Pegase
photos du festival