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Paris International Festival Of Psychedelic Music

Paris, du 4 au 5 juillet 2014

Live-report rédigé par Xavier Ridel le 20 juillet 2014

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samedi 5
Le très attendu deuxième jour du Paris International Festival of Psychedelic Music (appelons le Paris Psych Fest) a lieu ce samedi 5 juillet. Une nuée d'artistes tous meilleurs les uns que les autres s'apprêtent à fouler les scènes de La Machine Du Moulin Rouge.

C'est malheureusement par une très mauvaise nouvelle que débute cette journée : l'annulation et la dissolution des Blue Angel Lounge, groupe allemand chouchouté par Anton Newcombe. Nous ne pouvons commencer ce report sans parler de ce groupe ô combien talentueux et sans lui rendre un dernier hommage. La première écoute de leur musique s'est faite via Youtube, au travers de leur sublime chanson In Distance qui, nous sommes prêts à le parier, deviendra sous peu un des titres représentatifs de l'année 2012. C'est donc avec une grosse boule dans la gorge que nous nous rendons au festival, prêts à noyer notre chagrin sous des litres de bière et de musique envoutante.

Wall/Eyed lancent les hostilités avec brio, enveloppant les spectateurs de rythmes à la fois percutants et hypnotisants. La formation à deux synthétiseurs et une guitare bénéficie d'un son parfait et d'un jeu de couleurs très travaillé qui met en lumière des compositions tendrement hallucinées, comme le très krautrock Walk/Demon.

Suite à l'annulation des Blue Angel Lounge, les programmateurs du festival n'ont eu que très peu de temps pour trouver un remplaçant à ces derniers. Et c'est donc Gianni Solo, guitariste de Cabaret Contemporain, qui prend place sur la scène du Basement à 20h10, plage horaire initialement attribuée aux Blondi's Salvation. Le jeune homme, cheveux dans les yeux, a à ses pieds une impressionnante palette de pédales en tous genres, mais garde les yeux fermés et fixés loin vers un horizon connu de lui seul. Des nappes de guitares atmosphériques se confondent avec des notes jouées ça et là et des percussions frappées à l'aide de simples tapotements sur les cordes de sa demi-caisse. Un public clairsemé se tient assis devant le musicien, qui invite les quelques auditeurs à voyager au creux de leur âme, naviguant sur des flots ininterrompus à bord d'un bateau ivre de boucles sonores.

Le temps d'émerger du rêve que l'on entend déjà une clameur émerger du Main Stage. The Blondi's Salvation ont été surclassés et ont pris la place des allemands tant regrettés. Et ils nous feront assez vite oublier toute trace de déception, tant les français sont à l'aise avec leurs compositions. Sitars, bouzoukis, guitares vintages, tambourins : les musiciens domptent à la perfection leurs instruments exotiques, tous plus beaux les uns que les autres, et se les échangent de main en main. On relève aisément les influences du Brian Jonestown Massacre, du Velvet Underground et de toute sorte de substances hallucinogènes. La seule chose à regretter est l'attitude un peu poseuse du groupe, mais on pardonnera rapidement ces travers. Leur album Crusades sorti en début d'année a été une belle claque et prend une véritable ampleur pendant ce concert qui s'avèrera tutoyer la perfection.

Go!zilla prennent la suite des français sur la scène du Basement mais les italiens s'avèrent franchement décevants. Du surf punk sous perfusion reverb qui n'est pas sans rappeler Wavves et autres groupes américains. Mais le tout est brouillon et un peu faiblard.

Pendant ce temps, Radar Men From The Moon poursuivent un concert sans concessions et abreuvent les oreilles fragiles des parisiens de leurs space-rock teinté de shoegaze. On voit beaucoup de gens quitter la salle du Main Stage, étourdis et terrifiés par tant de puissance sonore. La musique des chevelus n'est pas directement abordable, il faut se laisser porter par les notes et le (contre) courant. Un concert finalement assez en place et plutôt sympathique.

Au tour de TOY de se confronter à tout ce petit monde déjà plein d'alcool ou de substances diverses et variées. Les anglais, après un album éponyme de toute beauté, avaient confirmé leur talent en sortant Join The Dots, savant mélange de new wave, shoegaze et krautrock. Et là, c'est l'explosion. Les basses martèlent le cerveau du spectateur abasourdi, la voix de Tom Dougall nage au-dessus d'une mare de sons boueux, entrainant nos neurones dans une danse effrénée à coup de mélodies enfantines et de paroles brunes. Join The Dots, Make It Mine et Left Myself Behind résonnent comme autant de tubes imparables et de chansons ultra efficaces. La formation distille ses titres sans un mot au public, comme pour ne pas gâcher la transe et les danses de ce dernier. Et les voilà qui tirent leur révérence et quittent la scène sous les acclamations et les cris d'amour. Assurément un grand groupe.

Nous raterons malheureusement Zombie Zombie qui, d'après les dires d'amis, auront offert un excellent concert. Pas de place pour les regrets, ne restent après cette soirée qu'une pensée très émue pour les Blue Angel Lounge (encore eux, nous ne nous en remettons pas) et des ruines de neurones abrutis par la fumée, les substances licites ou non et les décibels. Le Paris International Festival of Psychedelic Music aura tenu ses promesses. Ne reste plus qu'à attendre le prologue du lendemain. Mais également à savoir si ce mouvement que nous refusons d'appeler néo-psychédélisme en raison d'une musique bien plus sombre que celle de ses prédécesseurs bourrés d'acides sortira un jour des tréfonds de l'underground, comme semblent avoir réussi à faire quelques groupes comme Tame Impala ou les très récents Temples.
artistes
    TOY
    ZOMBIE ZOMBIE
    THE OSCILLATION
    RADAR MEN FROM THE MOON
    GO!ZILLA
    THE BLONDI'S SALVATION
    WALL/EYED
    CABARET CONTEMPORAIN
    ZADIG PRESENTS KERN SPATIAL ADVENTURES
    ETIENNE JAUMET DJ
    SONIC BOOM DJ
    Gonzai DJ's
    Balades Sonores DJ's
    The Drone DJ's
    Eric Stil (Garage Mu)