Débutées déjà la veille, les festivités ont pris leur rythme de croisière lorsque j'arrive en milieu d'après-midi. Depuis 13h20 et jusqu'à 5h00 du matin, les concerts de cette première journée, tout comme les autres, s'enchaîneront avec une ponctualité suisse. Impressionnant pour cette grosse machine qui s'étire en alcôves et plateaux scéniques sur le terrain multi-sports du village, des prés et cette année une ancienne mine (« le Terril »). Et si Dour est un moment de partage, chacun vivra sa propre aventure, tant le programme est gargantuesque.
Mon « entrée » se fera après quelques détours (perditions dans les rues belges, récupération d'accréditation, repérage du site) et sous un soleil de plomb. Direction la « petite maison dans la prairie » pour assister aux quatre derniers titres de
SOHN. Bien qu'excentrée, la tente est quasiment pleine pour écouter les envolées ambient soul du monsieur venu en trio. On assiste avec
Artifice,
Lessons et
The Wheel à une interprétation très habitée des titres de son premier album sorti en avril. Étonnant puisque ces trois-là resteront les fesses vissées sur leurs tabourets.
Mais le charisme de SOHN est tel qu'il saura dynamiser son public bien plus dans cette posture que les
Mount Kimbie, lesquels se tiennent eux sur leurs deux gambettes. Ces derniers livreront un set mitigé : bien que précis, ils pâtiront du son très moyen de cette scène-là, brouillon et condensé. Pas de prouesses côté jeu de scène non plus, Dominic Maker er Kai Campos ne levant jamais la tête de leurs machines.
Entre temps, on assiste avec un pincement au cœur au set de
Johnny Flynn, pauvre folkeux perdu dans cette énorme programmation et qui malgré une réelle qualité artistique ne trouvera cet après-midi là qu'une quarantaine de personnes pour l'écouter.
Changement de lieu, puisque le grand nom britannique du jour,
Blood Red Shoes, se produit sur la Last Arena, la grande scène non couverte. Et c'est avec cette énergie que l'on ressent déjà à l'écoute de leurs disques que ces deux musiciens tiendront fièrement la scène, en plein cagnard de 17h à 18h.
La très bonne surprise du jour vient d'Australie, se nomme
Chet Faker et livre en cet après-midi inaugural une magnifique prestation R&B électro faisant quasiment explosr de chaleur le chapiteau Dance Hall ! Un très bel univers à découvrir.
Par delà les nombreux groupes « découvertes », Dour sait aussi contenter les nostalgiques, notamment en programmant des groupes venus d'autres époques comme
Soulfly en cette fin d'après-midi. Accompagné désormais de son fils à la batterie, Max Cavalera a offert aux anciens jeunes fans de metal un grand moment de nostalgie, fêté dignement autour de plusieurs « circle pits » de circonstance.
Plus tard, sur cette même grande scène, se produisent
Détroit qui, après avoir trébuché sur un
Sous Le Soleil, livrent un bon concert, devant un public pas spécialement fervent en comparaison des autres festivals qu'ils écument cet été.
Pour clore ce jeudi, une heure de downtempo enchanteur avec
Bonobo, qui malgré le défi de tenir cette « Arena », réussit à séduire ceux du public qui n'avaient pas encore entamé la version nuit du festival. Car la réalité de cet événement apparaît dès le premier soir : tel Janus, Dour a deux visages, l'un diurne aux traits assez typiques de bien d'autres rendez-vous musicaux, l'autre nocturne, les yeux fermés même en plein jour. Celui-là est le plus particulier et le plus séduisant, mais demande un minimum d'énergie. Celle dont je manquerai pour assister au set, écourté, de la légende
Jeff Mills (arrêt lié à un jet de bière sur les platines de la star) et le paraît-il mémorable de
Chris Liebing.
Pour aller loin, il faut ménager sa monture, et demain s'annonce d'ores et déjà riche et intense.