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Vieilles Charrues

Carhaix, du 17 au 20 juillet 2014

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 6 août 2014

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Quand on en est à la septième expérience consécutive des Vieilles Charrues, le plaisir est moins à la découverte qu'aux bonnes habitudes.

On sait, par exemple, parfaitement à quelle heure il faut arriver pour contourner le coup de feu de la fouille du camping et passer deux heures compacté dans la foule, à piétiner dans la poussière pour se faire retourner le contenu de son sac de voyage, au risque d'immanquablement passer à côté du concert d'ouverture. On sait également où stratégiquement placer sa tente (si l'on fait partie des quelques milliers de festivaliers courageux qui optent pour le camping), chose indispensable si l’on tient au minimum de confort de sommeil possible à cet endroit : pas trop près de l'entrée (camping 10 et plus) pour le bruit, à bonne distance des toilettes sèches et points déchets pour les odeurs, sous un arbre pour éviter que l'abri de fortune ne se transforme en four dès les premiers rayons du matin. Les paramètres sont nombreux. Les habitudes sont aussi dans l'ambiance, le lieu, les bruits, les odeurs... une bien drôle madeleine de Proust trempée dans un week-end de fête et de musique. Et dire qu'en attendant il y a des gens malheureux !

Quand on est parisien, le Finistère, Centre-Bretagne c'est un peu le bout du monde. D'ailleurs, tout ce qui se trouve au-delà du mur périphérique est un peu le monde. Si la SNCF Bretagne propose des tarifs intéressants aux festivaliers pour rejoindre la gare de Carhaix Plouger, la solution économique face aux heures de tortillard à travers la campagne reste le co-voiturage. Avec juste un peu de chance, on trouve généralement ses futurs voisins de camping et compagnons de buvette, et les six grosses heures de route passent à l'allure d'une licorne au galop. Par ailleurs, la licorne n'est pas une évocation innocente. Bien qu'il soit toujours agréable de parler innocemment de licorne, là n'est pas le propos. L'organisation des Vieilles Charrues propose chaque année un thème à suivre pour les costumes et la décoration des lieux. Si l'édition précédente les indestructibles Gaulois ont envahi la citée de Keramphuil, cette fois il faut s'attendre à voir débarquer toutes sortes de créatures magiques et personnages médiévaux. La fantaisie est donc à l'honneur. Au fond, dans son sens large, c'est plutôt un leitmotiv.

Sur le site du festival le jeudi soir, 19h30, la fête bat son plein depuis un moment déjà et Vanessa Paradis appelle sa divine idylle à travers la plaine. Pourtant, Benjamin Biolay est à l'orchestre en fond de scène, discret, lui répondant par des regards. Il y a de l'amour dans l'air, un vent de fraîcheur sous ce soleil de plomb.



Juste le temps qu'il faut pour faire le tour du domaine et Skip The Use montent sur scène. Embarqué par l'énergie déferlante de Mat Bastard et de ses potes, le public conquis d'avance est là pour se prendre sa claque de rock « de grands malades ». Pièce unique en son genre, la silhouette athlétique du chanteur se découpe dans la fumée tandis qu'il défie toute lois de la gravité et sert un discours à la fois absurde et galvanisant : « Je vous préviens, on risque de ne pas tous s'en sortir. Mais ceux qui s'en sortiront, ils vont bien se marrer ! ». La foule en délire se délecte des tubes à hurler comme Ghost et Nameless World et des morceaux de leur période punk : « A l'époque, on rêvait d'être invités aux Vieilles Charrues ». Une belle revanche pour un set explosif et entêtant.

Du côté de Glenmor, la grande scène du festival, les Black Keys, sont attendus de pied ferme pour une bonne séance de mise en jambes et de décrassage. Avec tout de même une appréhension pour les plus puristes de guitares fiévreuses : la production un peu trop soignée de leur dernière galette, Turn Blue, étant bien éloignée de leur réputation d'American boys pas vraiment sages. Heureusement, les rockeurs néo-bluesmen s'accrochent à leur nostalgie féroce et s'enracinent dans leurs terres avec une force nonchalante qui leur va comme un gant. De nouveaux hits, comme le sous-estimé Fever, s'immiscent naturellement entre un Dead And Gone intense et l'hymne incontesté Lonely Boy qui s'impose de lui-même en fin de set.



Quatre ans après leur premier show aux Vieilles Charrues, Indochine font un remarquable retour et offrent aux fans au rendez-vous un condensé de leur dernière tournée des stades. Le lieu se prête parfaitement à l'ampleur du phénomène. Les écrans éblouissent d'images de la Black City, bien gardée par ses imposants soldats. Les confettis pleuvent tandis que le répertoire est parcouru de long en large et en travers, touchant à tous les endroits avec un doigt bien levé contre l'homophobie. Nicola Sirkis et son public sollicitent la lune qui domine cette grandiose assemblée avant que L'Aventurier ne débarque pour un final en apothéose de la première nuit de ce festival tout en démesure.
artistes
    Vanessa Paradis
    The Black Keys
    Indochine
    Shantel
    Skip The Use
    FAUVE
    Hollysiz
    Odezenne
    Frànçois And The Atlas Mountains
    Christine And The Queens
    Bakermat