Sziget Festival

Aucun concert d'artiste britannique n'est programmé pour ce jour. L'occasion idéale pour déambuler dans les innombrables allées de l'île de la Liberté. Les différentes installations sont admirables et certaines d'entre elles serviront pour des animations qui, pour la plupart, ne commenceront que demain ou mercredi.



Il fait très chaud aujourd'hui encore et le temps est comme suspendu... A l'une des extrémités de l'île, certains festivaliers ont envahi la plage, qui détient cette appellation grâce à la possibilité qu'elle offre de se baigner dans le Danube. Ce fleuve étreint l'île à deux bras. Non loin de là, des sièges et des tables, confectionnés à partir de pneus, permettent de se détendre dans un sous-bois. A proximité, une grande estrade en bois sur laquelle de jeunes gens mal réveillés se trémoussent sur des musiques planantes, type « électro » tandis que d'autres dorment sur des chaises longues.

En revenant sur ses pas, une grande roue géante permet d'admirer une vue panoramique sur la ville de Budapest. Juste en dessous a été érigé un Rubik's Cube géant. En effet, le fameux casse-tête célèbre cette année les quatre décennies de son invention par un hongrois éponyme. Il sert de bar et comporte également, à son étage, une terrasse avec vue sur l'extérieur, sur laquelle les festivaliers peuvent investir des chaises longues. Ils peuvent aussi, en se tournant vers l'intérieur, admirer l'un des championnats des jeux qui sont organisés chaque jour comme les échecs, la Marelle 3D, le Backgammon, le Mancala, etc...



Les punks américains d'Anti-Flag se produisent à 16h, dès l'ouverture de la Pop-Rock Main Stage. Le décor de fond de scène - le drapeau des USA renversé en noir et blanc – est évocateur. Les morceaux de leur dernier album lèvent le doute (pour ceux qui en avaient encore) sur le message qu'ils délivrent, avec Fuck Police Brutality, Die For The Government. Cependant, ils quittent la scène paisiblement avec Power To The Peaceful.



Juste derrière la Pop-Rock Main Stage, la salle de l'A38 va connaître ses premières prestations et quelques peintres sont encore à pied d'œuvre, finissant de taguer les panneaux en bois qui l'entourent. Brody Dalle inaugure cette scène à 16h30. Cette chanteuse et guitariste australienne se lance dans une carrière solo après avoir fait partie de deux formations. La brune à crête et aux yeux entourés de khôl a laissé place à une délicate blondinette ; le punk-rock sauvage de ses débuts a définitivement disparu, laissant place à une musique pop-rock à son image. Son album a d'ailleurs entièrement été écrit et mis en musique pas ses soins dans l'atelier de son mari, Josh Homme, le leader de Queens Of The Stone Age. C'est donc une escapade en famille car ce dernier sera sur la scène principale dès 19h30.



Retour dans les parages de la Pop-Rock Main Stage. Juste avant le prochain concert, sur une tour terminée par une horloge qui ne donne pas l'heure, trois automates humains proposent un spectacle tragi-comique. Les deux hommes, engoncés dans des costumes plastifiés, se battent une jeune femme à coup de marteau, en poussant les « aaïïïe » d'une douleur simulée - tout cela sur des airs de boîte à musique pour enfant.
Dès les derniers sons de clochettes de cette horloge, à 17h45, les espagnols de Ska-P arrivent en courant. Le mélange de rock et de ska endiablé qu'ils produisent, ainsi que l'énergie déployée par chacun de ses membres, enthousiasment les festivaliers venus nombreux pour danser et chanter, à l'unisson avec eux. Ils vont faire un vrai show, se déguisant, qui en diable, qui en évêque, plaçant ici un confessionnal sur Crimen Sollicitationis, ou faisant intervenir des hôtes telle cette marionnette géante revêtue d'un costume d'agent de sécurité ou ce gorille-policier sur le front duquel clignotent alternativement deux spots rouge et bleu pour Cannabis. Ils font largement participer la foule en les encourageant à finir leurs phrases, puis avoueront leur joie d'être présents sur le site pour la seconde année. Le seul bémol à cette performance est leur implication dans le conflit israélo-palestinien. Avant d'entonner Intifada, le chanteur offrira tout un laïus qui ne peut qu'alimenter la haine des uns envers les autres, sans pour autant proposer des solutions pour l'apaiser.

A 19h, il fait encore jour quand commence le décompte pour l'animation collective du jour : le lâcher de ballons gonflés à l'hélium. Les milliers de ronds colorés rétrécissent à mesure qu'ils s'élèvent au-dessus de l'île, puis finissent par disparaître, emportés par le vent qui s'est levé en ce début de soirée.



En finissant la journée au Sziget, il est possible de se rendre dans l'un des nombreux « ruins pubs » de Budapest. Ces bars doivent leur nom au fait qu'ils ont été conçus dans des immeubles sur le point d'être détruits. La visite de l'un des plus célèbres, le Simpla Kert s'impose alors.
Décorés par des objets qui semblent chinés dans des brocantes, les murs sont également couverts de graffiti et chacun peut librement y ajouter le sien. Le mobilier vient compléter cette impression de fouillis haut en couleur : aucune table, aucune lampe ou aucune salle ne ressemble aux autres. Ces objets hétéroclites cohabitent dans de nombreux espaces ouverts sur un couloir central qui mène aux différents bars et aux escaliers qui permettent de profiter de ceux qui se trouvent à l'étage.

Tous ces univers finissent cependant par se rejoindre, grâce à la présence massive de ses occupants...