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Vieilles Charrues

Carhaix, du 17 au 20 juillet 2014

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 21 août 2014

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Le réveil du samedi est humide. On raconte que dans les environs de deux heures du matin, un son et lumière d'orage a rythmé le concert techno du DJ Gesaffelstein et trempé le public assistant à cet impressionnant spectacle. Le soleil matinal semble pourtant bien installé et devrait rapidement sécher les tentes et les festivaliers encore imbibés.

Quelques dégâts en revanche dans les costumes : les ailes de fées pendouillent lamentablement dans le dos des jeunes filles (et de quelques garçons aussi), les Na'vis d'Avatar ont perdu leur peinture bleue, les Daenerys sont décoiffées et Peter Pan a ses collants troués et maculés de boue. Seul l'inquiétant dragon noir reste digne et vendeur de rêves, celui qui garde l'entrée du festival de ses yeux rouge, larguant quelques effets de fumée de temps à autre du haut de son piédestal.

A 15h15, alors que le soleil tape fort et les files d'attentes aux buvettes s'allongent à vue d’œil, un certain Benjamin Clementine s'installe au piano à queue sur la scène Kerouac. Il est de ces artistes qui saisissent leur public en quelques secondes, tandis que ses doigts courent délicatement sur les touches et que les notes s'envolent.
Musicien Anglais d’origine ghanéenne, révélé entre deux rames du métro parisien alors qu’il vivotait sans domicile fixe de l'autre côté de l'Eurostar, le farouche story-teller déploie devant un public subjugué une puissance et une amplitude vocale incroyables : des basses profondes vers une voix de tête fragile et poignante. Même s'il parle peu et s'excuse à plusieurs reprises de ne pas parler français, il termine en offrant sa version de Emmenez-moi dans un français syllabique approximatif aidé par des festivaliers émus, touchés par tant d'humilité et d'humanité.



Après l'éclaircie vient la pluie qui rafraîchit et grisaille le décor. Mais rien de grave. Les hymnes électro de l'album War Room Stories du groupe Breton transpirent le rock par tous les pores. D'une créativité sans frontière, les anglais ont imprégné leur musique fiévreuse de voyages et de sensations. La voix de Roman Rappak est puissante et offre un moment d'échange et de reconnaissance pour un concert puissant et soigné. Aucun regret de s'être fait mouiller.



Alors qu'il représente certainement la venue la plus controversée de cette édition, c'est la chemise noir ouverte et les cheveux en bataille que Bertrand Cantat a choisi de faire son retour sur le scène des Vieilles Charrues, treize ans après le passage de Noir Désir. Accompagné à la basse de Pascal Humbert, les morceaux du premier album de Détroit traversent les routes hantées du rock en trimbalant de noirs fantômes sans superflu ni artifice. Ils racontent l'histoire des hommes, des forces et des parts d'ombres, toujours avec l'espoir que Le vent l'emportera.



C'est l'hystérie sur Kerouac. Le public féminin a envahi le front row, déballé t-shirts et banderoles dans l'attente de prendre sa dose de yeux bleus. Chose promise, chose due, les iris océan de Julien Doré déploient leur charme... Quant au propriétaire, il apporte la preuve que des télé-crochets peuvent émerger quelques surprises et attiser la curiosité des réticents. Son nouvel album Love révèle une sensibilité très personnelle autour d'un thème universel traité avec beaucoup de justesse. Julien Doré devient un artiste cohérent dont le show est à la hauteur.

Avec Engus et Éléanore Fernese la musique est une histoire de famille, et ce qui est dans les gènes n'attend pas le nombre des années pour se révéler. Les petits jeunes de Carbon Airways prennent possession de la scène Grall avec assurance, rythmant les mélodies électro avec entêtement, saupoudrant d'une voix feutrée les ambiances éthyliques.

Il faut bien de la motivation et un soupçon de courage pour attendre Shaka Ponk jusqu'à 1h30 du matin. Une voix intérieure souffle pourtant que ça ne sera pas pour le regretter. Comment définir un live de Shaka Ponk si ce n'est dire que ça décoiffe... sévèrement. Mené par les bêtes d'énergie et de scène - l'énergumène Frah, la sulfureuse Samaha Sam sans oublier Goz, le singe virtuel - le spectacle est carrément déjanté. A la surprise générale, le groupe explore les tréfonds des ses débuts résolument heavy et punk, au détriment des tubes un peu trop renâclés. Entre deux morceaux de rock activiste et hurlé, une battle entre le batteur et Goz s'engage.

Une chose est sûre : on n'avait pas transpiré comme ça sur la scène principale depuis Rammstein l'an passé.
artistes
    Breton
    Détroit
    Arctic Monkeys
    Shaka Ponk
    Benjamin Clementine
    The Red Goes Black
    Julien Doré
    Disiz
    Jabberwocky
    Flabella
    Fakear
    Carbon Airways
    Gramatik
    Diplo
    Les Brethoniques
    Skenet
    Nirmaan
    Le Bot/Chevrollier
    N'Diaz
    Lintanf/An Davay
    Trio NRV