logo SOV

La Route du Rock

Saint-Malo, du 13 au 16 août 2014

Live-report rédigé par François Freundlich le 21 août 2014

Bookmark and Share
Cette année encore, nous redevenons Malouins le temps d'un week-end du 15 août pour la 24ème édition de la Route du Rock, Collection Eté. La programmation subtilement taillée pour séduire tout amateur de pop, électro ou rock atteindra son apogée avec le retour des anglais de Portishead, seize ans après leur dernière apparition au fort de Saint-Père. Mais parlons d'abord de la soirée d'ouverture dans la salle de la Nouvelle Vague, où se déroule également l'édition hiver du festival en février. Trois groupes vont lancer les hostilités devant des festivaliers déjà au rendez-vous.

SOV

Pour le premier d'entre eux, nous sommes relativement contents d'en faire un compte-rend écrit plutôt qu'oral, car la prononciation pourrait nous faire défaut. Avec les Montréalais de Ought, nous hésitons entre un cri de balle perdue à Roland Garros ou une machine aspirante de cuisine. Ce quatuor venant d'horizons divers (Australie, Portland, New Hampshire) mais installé au Québec va faire décoller comme il se doit la soirée avec des morceaux tubesques s'inscrivant directement en tête, portés par le charismatique leader Tim Beeler.
Le mince chanteur récite des textes d'une voix grave et lancinante à la manière de Lou Reed en répétant des catchphrases à l'infini tout en augmentant un tempo excité de guitares électriques mordantes. Les quelques « lalala » ponctuant les morceaux, comme Today More Than Any Other Day, incitent grandement au remuage en tous genres, à l'image de déhanchement désarticulés du chanteur. Quelques notes de synthé s'échappent difficilement des résonances post-punk, rappelant les Talking Heads lorsque leur coté pop reprend le dessus. On se sera très facilement pris au jeu d'Ought, ces nouveaux venus sur le label Constellation possèdent un potentiel qui peut les amener très loin.

SOV

Après ces débuts tout en excitation, Hamilton Leithauser va quelque peu calmer le jeu avec ses allures de crooner en costume transpirant la classe. Le chanteur de The Walkmen est de retour en terre malouine après le concert dantesque de son groupe à l'été 2012. Il soutient cette fois son album solo tout en déliés et en subtilités, libérant totalement sa voix rauque dans des envolées lyriques forçant l'admiration. Ses influences folk ressortent davantage et la prestation en deviendrait presque intimiste avec cette guitare acoustique mise en avant. Le chanteur est parfois uniquement accompagné d'une simple guitare, se présentant seul à l'avant de la scène, le microphone brandi au-dessus de sa bouche : sa position caractéristique. Hamilton Leithauser se met à nu, prenant le risque d'un a-capella tranchant empli d'une tension palpable et frissonnante. Le fameux single Alexandra permettra de se libérer de cette emprise avec cet air plus joyeux et dansant. Les festivaliers décontenancés devaient s'attendre à un show plus excité comme pourrait le donner The Walkmen mais en passant outre les expectations, ce concert fut le plus torride et le plus abouti de la soirée.

SOV

Pour conclure la soirée, nous retrouvons des frenchies ayant marqué la hype de ces derniers mois : Frànçois & The Atlas Mountains. Après le disque très remarqué par la critique, E Volo Love, le succès est arrivé encore plus grand avec ce dernier album aux inspirations synthétiques. Là ou nous connaissions le collectif de La Rochelle dans des concerts de chanson pop un peu déglinguée par les percussions, ce retour est marqué par un recentrage du groupe sur des sonorités discoïdes, électroniques, voire des énervements carrément noisy. Leurs anciens titres comme Be Water ou Piscine se voient remixés dans des versions assez méconnaissables, débouchant sur des instrumentaux tonitruants. Leur tube La Vérité, qui fait la joie des radios ces derniers temps, nous donne l'occasion de remuer tandis que leur traditionnelles chorégraphies de groupe sont limitées aux strictes minimum. Frànçois & The Atlas Mountains se sont recentrés sur un combo électro-rock plus classique et plus sérieux que par le passé. Le rappel s'achève sur un mur de guitares à en faire trembler la Nouvelle Vague, on ne s'attendait clairement pas à un tel volume sonore de la part de groupe du gracieux François Marry.

Cette mise en bouche à La Nouvelle Vague a déjoué les pronostics avec un concert de Hamilton Leithauser dans la subtilité écorchée suivi d'une prestation de François & The Atlas Mountains déchainée. La bonne surprise fût ce concert de Ought plein de panache et d'envie. Et maintenant, à nous le fort de Saint-Père !
artistes
    Frànçois And The Atlas Mountains
    Hamilton Leithauser
    Ought