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Vieilles Charrues

Carhaix, du 17 au 20 juillet 2014

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 22 août 2014

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Le matin du dimanche lors d'un festival est souvent accompagné d'un moment de stress aromatisé de spleen, où l'on se rend compte que le temps a passé bien vite et qu’il ne reste plus qu'une journée pour profiter et vivre intensément ce qui arrive. On voudrait tout faire, tout en même temps et même deux fois pour en garder assez en réserve dans le sac à dos et tenir jusqu'à l'année prochaine. Alors on passe la journée à courir un peu partout en tenant sur les dernières batteries et en redoutant l'arrivée imminente du dernier concert et du coutumier discours de clôture.



En attendant, Yodelice est l'image du baroudeur folk qui, en deux ou trois grattages de cordes, nous emmène tranquillement en promenade par-delà les forêts denses et les routes américaine poussiéreuses. C'est sans manquer de souligner le rapprochement avec la scène hommage à Jack Kerouac que le public des Vieilles Charrues le voit poser son sac et brancher les guitares, déterminé à montrer le côté rock'n roll de la chose. Un peu halluciné d'être là mais surtout terriblement heureux, il embarque courageux et mélomanes entre voyages et émotions dans un set personnel et particulièrement énergique. Si bien que lorsque arrive Sunday With A Flu, gentille balade folk qui trainait avec insistance sur les ondes ces dernières années, le public danse sans retenue. Encore un plaisir partagé.



De retour en 2013 depuis la disparition du batteur fondateur Denis Wielemans en 2010, les Girls in Hawaii - ou plus exactement les garçons de Belgique - jouent la catharsis, heureux de renouer avec leur public après une période bien sombre. On retrouve dans leur set les mélodies indie-pop puissantes et les arrangements délicats et finement soignés qui font leur signature. Une renaissance à la mesure du talent qu'on leur connaissait.

En 2009 elle avait fait faux bond à la dernière minute. Mais cette fois Lily Allen est bien là, en robe à franges et gambettes à l'air pour nous badigeonner les oreilles de pop acidulée parfaitement girly power. Et du sucre, il en pleut ! Jusque dans sa voix mielleuse qui teinte de rose tout ce qui sort de sa bouche, grossièretés comprises, oui mademoiselle ! Dans un univers à mi-chemin entre celui de Kathy Perry et Rihanna, les images de cupcakes à la fraise sont accompagnées de figures hautement plus grivoises. Coquine, la miss anglaise, qui sait mettre assez d'excentricités, de charme et de fraicheur dans son insolence pour échapper à la vulgarité. De peu...

Une quinzaine de minutes avant le top départ du DJ français Kavinsky sur une scène voisine, c'est le rockeur anglais Miles Kane qui aurait du entamer son set sur la petite scène Grall, si deux jours plus tôt un tweet n'avait pas annoncé son désistement : « We regret to advise that due to illness Miles will be unable to perform at Vieilles de Charrues Festival in France on Sunday 20th July 2014 ».
Fort heureusement, nos représentants de la teen musique à la française étaient prêt à relever le défi au pied levé. Un défi qui n'en est d'ailleurs pas vraiment un pour les BB Brunes. Pas encore la trentaine et pas tout à fait dix ans de carrière musicale dans le slim, la bande d'Adrien Gallo a déjà l'expérience des grandes scènes et fait figure de nostalgie pour le public, qui a grandi dans son sillage. Guitares crissantes, voix langoureuse et chanson française légère, ça crie en cœur « Dis-moi ! Si tu aimes ça ». Allez, il faut bien l'admettre, ils sont fort sympathiques.

Oui, mais... en festival on est très souvent confronté à des choix. Et face au Outrun Live de Kavinsky qui démarre sur la scène Kerouac, les BB Brunes se font quelque peu délaissés. Il faut dire que le show électro du DJ est à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre face au succès de son album Outrun. Les platines dissimulées derrière une estrade rouge, l'installation lumineuses et les effets de VJing plongent dans une ambiance rétro-futuriste dans laquelle il disparait par moment, englouti par une épaisse fumée. Un album joué dans son intégralité, incluant Nightcall, bande originale du film Drive. Erreur de programmation ? Kavinsky quitte la scène après quarante-cinq minutes de set alors qu'il était programmé sur 1h30, et laisse un public déçu par ce goût de trop peu.

Et voilà, nous y sommes. La foule se condense progressivement devant la scène Glenmor pour le concert de clôture de l'édition. En s'approchant on peut repérer facilement des personnes grimées aux couleurs du groupe : Echelon (les fans de Thirty Seconds To Mars) est en place. Cette fois-ci le discours des organisateurs vient avant le concert et apporte deux nouvelles essentielles : le festival a été élu le meilleur du monde par un concours internet et, plus important encore, il est cette année entré de nouveaux dans ses frais et pourra perdurer encore un moment.
Sur ces notes joyeuses, Thirty Seconds To Mars fait son entrée fracassante. Affublé d'une blouse blanche et d'une barbe de bucheron Jared Leto parcourt la scène de long en large en exhibant un drapeau breton. La foule est hystérique. C'est que le chanteur américain, accessoirement acteur oscarisé à ses heures perdues, n'est pas sans charme dévastateur et surtout doté d'une puissance vocale à couper le souffle. Les hymnes rock engagés et aériens se succèdent dans ce show spectaculaire et parfaitement millimétré. Peut-être un peu trop.
Les habitués savent que le groupe a tendance à resservir à peu de choses près le même concert tout au long de la tournée. Sachant que même les apparentes improvisations ne sont qu'illusions, en particuliers les moments de communication avec le public, la spontanéité du groupe perd un peu de sa crédibilité et apparait comme de la mise en scène à l'excès, ce qui ne retire rien à la qualité de la performance. Que l'on soit parmi les heureux sélectionnés par Jared Leto pour monter sur scène lors du morceau final Up In The Air, ou non, on en repart assouvi de musique et de grands spectacles, et avec des acouphènes qui siffleront bien jusqu'à l'année prochaine.
artistes
    Ky-Mani Marley
    Christophe
    Lily Allen
    Thirty Seconds To Mars
    Yodelice
    Girls In Hawaii
    Etienne Daho
    Kavinsky
    Totorro
    TRAAMS
    Bombay Show Pig
    Von Pariahs
    BB Brunes
    Birth Of Joy
    Silwink
    Régis Huiban
    Coetus
    Charka
    Filastine