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Eurockéennes

Belfort, du 29 juin au 1er juillet 2007

Live-report rédigé par Arth le 6 juillet 2007

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C'est toujours le cœur plein d'attentes qu'on débarque dans la région de Belfort vers la fin du mois de juin depuis bientôt 20 ans. Cette année, on est là pour voir des petits nouveaux, des confirmés, des anciens vieux, des faux jeunes, des légendes, des bons, des mauvais, la reine aussi, et les fous du roi. Sur le papier, les journées s'annoncent imprévisibles et en même temps attendues avec leurs moments de grâce. Dernière vérification météorologique et on file prendre le premier train du matin à gare de l'Est direction Belfort. Arrivée là-bas onze heure. Alternance nuages/soleil, un peu l'image que je garderai de cette édition 2007.

Un festival, ça s'ouvre toujours mal. La preuve en est avec les « über chiants » Kaolin qui ouvre le bal sous le chapiteau. Décision, pourtant, intelligente : Gogol Bordello ! Alors que leur prochain disque Super Taranta! qui sort le 10 juillet m'avait un peu déçu, ces new-yorkais originaires d'Europe de l'Est ont la science de l'agitation et de la fête. Le son des Balkans rejouait par des punks, l'idée est efficace et ces joyeux larbins sapés comme pour un carnaval font chauffer la terre encore boueuse de la grande scène dès 18h. Un violoniste aux allures de Che illuminé, un bassiste qui aurait pu jouer pour les Roots, un accordéoniste sosie de Sim et Eugène Hutz, chanteur barré qui arrange la foule comme un chef de guerre, voilà un peu ce que donnait le premier tableau des Eurockéennes. Ces gogols ont foutu leur petit bordel au parfum d'oranges.

Détour ensuite par Juliette and the Licks qui jouera sous le chapiteau. Accompagnée de ses Licks, Juliette Lewis, ou plutôt son jeu de jambes, semble toujours aussi barge sur scène. Pourtant c'est un peu déçu que je sortirai de ce concert au bout de 20 minutes. En dehors des singles Hot Kiss et Sticky Honey qui dégagent vraiment quelque chose, on s'ennuie un peu dans une mélasse de guitares rock. Ca tombe bien car sur la Plage Archie Bronson Outfit entame leur set avec Cherry Lips. Superbe moment. La Plage est visuellement la meilleure scène du festival, et ça tombe bien car Sam, Dorian, Mark et le barbu qui joue sur deux saxophones en même temps dégagent aussi une présence et une classe folle. Le mélange de blues et de psyché touche efficacement. Le pied bat le tempo, le corps bouge au son du riff de guitare et la tête part dans les notes allongées des cuivres. Mais me voilà contraint de quitter ce beau concert pour quelque chose qu'on ne peut pas manquer : le retour du Wu-Tang Clan.

En déclin depuis quelques années, le Wu Tang reste pourtant aux yeux de tous LE groupe de rap par excellence. Et c'est après une petite attente que les membres du Clan débarquèrent sur scène devant une foule criant en coeur le légendaire WU TANG WU TANG WU TANG. Method Man, RZA, GZA, Ghostface, ils sont tous là. Ils brillent dans leurs fringues. Quelques minutes auparavant j'avais croisé Method Man dans le village presse. Autour de ses chaussures, deux sacs plastiques pour protéger les précieuses de la terre de Malsaucy, le détail qui tue.
Ils livrent un set à réveiller une grand-mère. En grande forme j'ai eu l'impression de près qu'ils prenaient plaisir à poser. Malgré une coupure de son sur un titre et quelques morceaux dispensables, le public est conquis et en redemandera, sans retour.

Pendant qu'Amy Winehouse reçoit divers objets de la part d'un public sur lequel je reviendrai plus tard, je pars voir Peter Von Poehl. Alors pourquoi ? Eh bien ça rejoindra un peu mon explication vis à vis du public. Peter Von Poehl se paye les services du leader de Das Pop à la batterie et d'un groupe de studio qui semble avoir été naturellement imposé. Peter Von Poehl c'est un peu la mule chargée par Taratata et Europe 2 qui est montée très très vite, et devenu vilain aussi rapidement. Le concert est fade, le son n'aide pas. Les mélodies sont insipides, forcément. Alors qu'on peut aimer la douceur du disque, sur scène tout est perdu.

Un festivalier se doit de goûter aux plaisirs alternatifs de son festival, c'est pourquoi je n'irai ni voir le retour apparemment plus marqué que marquant des Rita Mitsouko ni Simian Mobile Disco que je pensais encore bloqués à Londres ... Mais attention, la grosse claque inattendue de la journée arrive : Junior Senior. Ce groupe danois a réussi il y a quelques années à faire danser l'Europe entière sur le tubissime Move Your Feet, remettant par la même occasion le pixel à la mode. Mais j'ai vu venir le loup de loin. Dès les répétitions et les réglages du groupe sur scène, je réalise que c'est loin d'être un groupe one hit wonder. Que ce soit le batteur, le bassiste ou la voix flexible disco du chanteur, je commence à vraiment les attendre sur scène. Et ils ne décevront pas. Leur concert était fantastique. A la Plage, une fièvre disco s'empare du public et on danse gaiement les uns avec les autres. Le kitch dans le bon sens du terme, comme il devrait tout le temps être. Un moment ravissant servi pour une rare fois en trois jours par un son juste. Sur scène, le chanteur un peu Scissors Sisters et un MC barbu en combinaison Adidas Oldies, une bassiste fan de Blondie et de CSS, un batteur sorti d'un cartoon et deux jolies choristes; la perfection à la danoise. Le moment phare était évidemment Move Your Feet, autant attendu par le public que prévu par le groupe. Hymne dance, décontraction kitch et colorée. Encore un très bon moment sur la Plage.

Amour et fatigue mettront à l'amende Marylin Manson, et me laisseront quelques minutes de détente en attendant Clipse. Je visais un peu haut. L'année dernière, exactement dans la même configuration, le samedi proposait l'enchaînement Spleen/La Caution, avec sur la grande scène Depeche Mode, mais aussi sur les télévisions le quart de finale de la Coupe du Monde de Football France-Brésil. Autant dire que c'était l'hystérie totale quand La Caution débarquèrent sur scène avec le maillot de l'équipe de France sur les épaules. Ce vendredi là, pas de victoire, pas de folie, juste et toujours de la bière.
Clipse, ce duo de rappeurs US qui friquotent avec Pharrell depuis l'année dernière avec leur disque Hell Hath No Fury, débarquent sur scène dans des applaudissements un peu mous des bras. Pourtant c'est dans une poussée jouissive qu'ils entament leur set de la même manière que sur leur disque avec Momma I'm Sorry qui démonterait n'importe quel amateur de productions fat. Malheureusement le public ne semble pas si réceptif. Il faut avouer que leur jeu de scène n'est pas au point. Un DJ et deux MC pour motiver une foule qui ne les connaît pas, c'est difficile de faire prendre la sauce. Mr Me Too s'enchaîne et Wamp Wamp assoit définitivement la frustration du moment: des chansons qui tuent avec un public de morts ... impossible de plus en profiter. Direction le chapiteau où là, le public est censé en montrer bien plus.

Ca chauffe sous le toit du chapiteau pour la fin de cette première journée. Justice. Le coup de poker français de l'année. Les deux garçons débarquent sur scène derrière deux murs d'amplis Marshall et une tour de LED. Au centre, bien sûr, la croix; le symbole qui inonde myspace depuis presque un an. L'emblématique et l'énigmatique croix. Le duo débarque dans l'enthousiasme d'un public déjà conquis sans avoir entendu une note du groupe sur scène. Le mix commence. Ca danse déjà sans qu'ils aient à envoyer le beat ... ils savent que peu importe ce qu'ils vont faire, les gens vont danser. Alors est-ce vraiment cet état qui a fait que leur set était bancal ? Personnellement j'ai beaucoup aimé, dansé sans cesse sur un beat signé Justice, aucun problème. Mais peut-on se permettre des blancs dans un set electro ? Quelques bourdes, par manque d'imagination ? Il semble que Justice ne soit pas encore les nouveaux Daft Punk qu'on veut tant nous faire croire. Pour un danseur nocturne sans cervelle, Justice c'est un peu la perfection. Mais force est de constater que techniquement il manque un truc pour les enchaînements. Sinon rien à redire, leurs morceaux en live sont des tueries, assez simplement.

Première journée finie, les Eurockéennes ont à moitié réussi leur pari avec une moyenne de bons moments et de surprises correct. En tête, Junior Senior et Justice, puis le Wu Tang, Archie Bronson et Gogol Bordello. La nuit j'ai toujours faim de ces moments, j'en veux plus, j'en attends plus. J'en attends plus...
artistes
    Marilyn Manson
    Juliette and the Licks
    Wu-Tang Clan
    Les Rita Mitsouko
    Amy Winehouse
    Kaolin
    Justice
    Gogol Bordello
    The Young Gods + Dälek
    Clipse
    Converge
    Peter Von Poehl
    Archie Bronson Outfit
    Punish Yourself
    Junior Senior
    Simian Mobile Disco
    Hellbats
    Million Dan
    Heavyweight Dub Champion
    Hell's Kitchen
    Bonde do role
    Austin Newcomers
    Asher Selector & friends
    Hollow Corp
    Iltika