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Rock en Seine

Paris, du 22 au 24 août 2014

Live-report rédigé par Fab le 29 août 2014

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Après une belle première journée la veille, ce samedi 23 août présentait, du moins sur le papier, l'affiche la plus faible des trois que le festival Rock en Seine nous proposait cette année. Une idée confortée par le fait qu'il faudra attendre le milieu d'après-midi avant que toutes les places ne soient vendues.

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Il est 15h30 et c'est sous une courte averse que les parisiens de Dorian Pimpernel, sans concurrence aucune sur une autre scène, lancent les hostilités devant un parterre essentiellement constitué de curieux attirés par le son déversé par les enceintes de la Scène de l'Industrie. Figurant parmi les groupes les plus en vue du label Born Bad Records, les cinq musiciens se concentrent sur leur musique avant-tout, leurs tentatives d'échanges avec le public restant peu concluantes. Avec un univers faisant la part-belle à la pop au sens noble du terme, agrémentée ponctuellement de touches plus psychédéliques de par la présence de deux claviers, ces derniers ont des arguments à faire valoir, à commencer par une belle diversité dans leur répertoire et un chant des plus agréables. Une entame réussie.

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Changement d'ambiance sur la scène Pression Live où les trois danoises de Giana Factory lancent leur prestation sous un beau soleil. Occupant basse, guitare ou claviers, et accompagné par une boîte à rythmes puissante, le trio ne manque pas d'amasser progressivement un public de plus en plus important. S'il est encore très tôt dans cette seconde journée et que leur prestation aurait assurément gagné en intensité dans l'obscurité, l'alliage de leurs trois voix et une électro-pop sombre et planante marquent des points et engendrent les premiers déhanchements du jour. Avec une setlist puisant tant dans Save The Youth (Rainbow Girl) que Lemon Moon (Right Or Wrong, Walking Mirror), le concert ne perd à aucun moment en intensité et envoûte quiconque a fait le choix de sacrifier Junip à leur profit. De quoi attiser l'espoir de les croiser à nouveau sur les scènes françaises dans quelques semaines.

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Une petite heure plus tard survient alors la faute de goût de la journée, si ce n'est de l'édition 2014 du festival. Si le succès commercial de Clean Bandit depuis plusieurs mois n'est plus à démontrer, la faute au single Rather Be diffusé plus que de raison, il ne faut que peu de temps pour comprendre la nature du spectacle s'offrant à nos yeux. Présenté à la base comme un quatuor mêlant musique électronique commerciale et classique, le groupe se produit aujourd'hui sur une toute autre forme, notamment en raison de l'absence de tout instrument à cordes, de simples samples accompagnant une batterie électronique et des claviers alors que deux chanteuses échappées de vidéo clips de hip-hop haranguent le public et déclament leurs textes. Si la petite scène aura rarement rassemblé une si forte affluence jusque-là durant cette édition 2014 et que le jeune public se donne sans compter, Clean Bandit auraient aujourd'hui plus eu leur place dans un club branché que dans un festival comme Rock en Seine. A oublier très rapidement.

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Sur la Grande Scène, une toute autre ambiance règne dans le public lorsque The Ghost Of A Saber Tooth Tiger (aka The GOASTT pour les intimes) débutent leur concert. A six sur scène et mené par le duo constitué de Sean Lennon à la guitare et du mannequin Charlotte Kemp Muhl à la basse, le groupe délivre le temps d'une petite heure une musique psychédélique à tendance hippie des plus plaisante. S'il n'est pas certain que ces derniers se seraient vus offrir la chance de se produire au sein du festival si les curriculum vitæ de ses deux membres principaux n'avaient pas été aussi garnis, la performance du jour a au moins le mérite de redémarrer sur des bonnes bases après le désastre précédent en compagnie de Clean Bandit. Relaxant et ponctué par de nombreuses tentatives, souvent maladroites, de communication de Sean Lennon avec le public, le set de The GOASTT aura bercé une fin d'après-midi en douceur en attendant l'arrivée des poids lourds du jour.

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Sept années après sa première apparition à Rock en Seine, Émilie Simon se produit sur le coup de 19h45 sur la Scène de la Cascade en compagnie de l'Orchestre National d'Île-de-France pour l'ambitieuse création originale de ce cru 2014. Outre trois musiciens l'accompagnant au premier plan, un impressionnant ensemble mêlant cordes, percussions ou encore cuivres se fait plus ou moins présent d'un titre à l'autre, complétant parfois subtilement ou de manière plus grandiloquente le répertoire de la française. Qu'on adhère ou non à l'univers singulier de la musicienne, à une voix pouvant se faire irritante et à des textes parfois trop candides ou mièvres, force est de constater que l'exercice de style présenté est des plus réussis, une impression confirmée par le public venu nombreux pour observer cette prestation notamment marquée par une reprise osée du I Wanna Be Your Dog d'Iggy And The Stooges.

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Mais place désormais au grand moment de ce samedi 23 août, si ce n'est de l'ensemble de cette édition 2014 du festival Rock en Seine : Portishead. Aperçus dans de nombreux festivals en Europe cet été, près de six ans après la parution de Third et alors que les rumeurs relatives à la préparation d'un nouveau disque continuent de faire surface de temps à autres, Beth Gibbons, Geoff Barrow, Adrian Utley et leurs musiciens vont ce soir marquer de leur empreinte la soirée et les mémoires des milliers de personnes rassemblées pour ce moment de grâce. Fidèle à ses habitudes, c'est une Beth Gibbons toute en retenue, le visage fermé et se détournant le plus souvent du public qu'on retrouve, seuls les instruments et une voix à la beauté divine berçant le parc de Saint-Cloud pendant près de soixante-quinze minutes. De Silence à The Rip ou We Carry On, en passant par une sublime interprétation de Glory Box et un Wandering Star au minimalisme captivant, la formation de Bristol délivre ce soir un récital tutoyant la perfection, puisant dans ses trois albums pour proposer la meilleure synthèse possible de sa discographie. Un grand moment pour un grand groupe.

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Samedi soir oblige, la fin de soirée se voudra plus animée : dansante avec Flume, explosive avec la machine The Prodigy, plus psychédélique et planante avec The Horrors, voire même raffinée et électrique avec le set de St. Vincent en guise de clôture. Mais ce que beaucoup retiendront de cette journée restera assurément la démonstration de Portishead, au sommet de leur art pour leur retour attendu de longue date à Paris.
artistes
    The Prodigy
    Portishead
    The Ghost Of A Saber Tooth Tiger
    St. Paul and The Broken Bones
    Flume
    Émilie Simon
    Thee Oh Sees
    Junip
    The Horrors
    Joey Bada$$
    Cheveu
    ALB
    Dorian Pimpernel
    St. Vincent
    Frànçois And The Atlas Mountains
    Lucius
    Clean Bandit
    Giana Factory
    Encore!
    Agua Roja
    Jean Jean
photos du festival