Nox Orae

A l'heure où la période estivale touche à sa fin, le Nox Orae se prépare en ce dernier week-end du mois d'août à accueillir une édition 2014 marquée par les venues de The Horrors, Thee Oh Sees ou encore Warpaint.

Avec seulement huit artistes répartis sur deux soirées, difficile pour le festival de concurrencer les poids lourds du circuit européen sur le papier, mais en pratique les arguments jouant en sa faveur sont nombreux. Installé dans le Parc Roussy à La Tour-de-Peilz, à proximité de Vevey, à quelques mètres seulement du Lac Léman et son cadre idyllique, avec un prix d'entrée bon marché et une ambiance n'étant pas sans rappeler les Guinguettes, le Nox Orae a tout pour plaire au public ayant fait le déplacement avant tout pour une affiche de qualité.



En ce vendredi 29 août, le temps menaçant et la pluie annoncée tout au long de la soirée semblent avoir refroidi les ardeurs du public, au propre comme au figuré. Lorsque Laure Betris, alias Kassette, monte sur scène en compagnie de ses musiciens sur le coup de 19h30, seule une petite cinquantaine de personnes sont alors éparpillées dans parc et peinent à se rassembler face à l'unique scène que compte le site. Définitivement rock, l'univers de la musicienne à la chevelure frisée ne manque ni d'énergie ni de fougue, à l'image de sa voix, alors que ses trois acolytes semblent eux aussi tout aussi investis, peut-être même trop à l'image d'un guitariste aux mimiques et poses parfois trop exubérantes. Du bon et du moins bon dans son set, parfois légèrement redondant, mais une entame de festival tout à fait honorable.



Près de quarante-cinq minutes d'attente s'ensuivent alors avant la montée sur scène des américano-australiens de Unknown Mortal Orchestra, un laps de temps durant lequel le taux d'humidité grimpe progressivement alors que la pluie s'invite, la bruine initiale devenant alors une averse soutenue durant la quasi-totalité du set du groupe. K-Ways, ponchos et parapluie font ainsi leur apparition, une proportion non négligeable du public choisissant alors de se réfugier sous les arbres disséminés dans le parc. Sur scène, face aux trombes d'eau se déversant sur les courageux leur faisant face, les trois musiciens ne baissent pas les bras et déroulent durant près de cinquante minutes leurs compositions oscillant entre pop lo-fi, surf rock et envolées psychédéliques. Longtemps attentiste, la fosse se laisse convaincre en fin de set alors que la pluie cesse et que l'énergie déployée par le trio fait son œuvre. Tout est bien qui finit bien.



C'est au Nox Orae que The Horrors ont choisi de donner leur unique concert en Suisse cet été. Une date attendue depuis plusieurs mois par leurs fans dont l’enthousiasme a semble-t-il résisté aux conditions météorologiques difficiles jusque là. Profitant de l'excellente acoustique des lieux tout au long du week-end, mais aussi de jeux de lumières illustrant parfaitement leur prestation, les cinq anglais font ce soir forte impression, menés par un Faris Badwan peu loquace, agrippant sans cesse son pied de microphone, mais indéniablement appliqué, un Rhys Webb se dandinant sans discontinuer basse en main, et un Joshua Hayward malmenant sa guitare le visage dissimulé derrière son imposante chevelure.
Certes les prestations du groupe se suivent et se ressemblent souvent, avec une setlist n'évoluant guère depuis la sortie de Luminous il y a désormais quelques mois, mais le savoir-faire des londoniens et la maîtrise des compositions récentes devient plus évident semaine après semaine. Si l'impact du puissant Sea Within A Sea n'est plus une surprise et que Moving Further Away, dans une version étirée et noisy à souhait, constitue un final jubilatoire, on ne peut que souligner à quel point In And Out Of Sight et sa ligne de basse entrainante, Endless Blue et son accélération progressive ou encore les plus accessibles Still Life et I See You constituent à présent des temps forts des concerts de The Horrors. Une prestation assurément très professionnelle de la part du quintet.



Sans doute éreinté par les multiples averses ayant détrempé le parc Roussy, le public n'est plus aussi garni qu'espéré lorsque Thee Oh Sees débutent leur set dans la foulée de l'installation de leur matériel à minuit. C'est pourtant durant le concert du trio mené par l'intenable et survolté John Dwyer que l'ambiance atteindra son paroxysme ce soir, les premiers slams et pogos étant déclenchés dès le premier titre interprété. Un set explosif, fidèle à la réputation du groupe, que même un certain sentiment de répétitivité ne saura remettre en cause.