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For Noise Festival

Pully, du 21 au 23 août 2014

Live-report rédigé par Amandine le 16 septembre 2014

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Voilà, samedi est déjà là et arrive donc le dernier jour de ce For Noise 2014. Pour beaucoup, la plus grosse soirée avec la venue de Blondie. Pour nous, beaucoup d'impatience de découvrir Thurston Moore mais un peu moins de curiosité que les autres soirs face à une programmation plus éloignée de nos goûts.

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La journée débute donc sur la Grande Scène avec When Saints Go Machine, groupe découvert quelques années auparavant lors d'un concert d'Art Brut. Les Danois vont nous servir une synth pop teintée de lyrisme, le tout emmené par un falsetto digne de M. Hegarty ou Hayden Thorpe (Wild Beasts). Durant les deux premiers titres, seules quelques dizaines de curieux sont présents et attentifs sur le parterre de la Grande Scène, ce qui ne rend pas justice à ce groupe qui mérite une attention toute particulière. Heureusement, When Saints Go Machine sauront ramener la foule. Malgré des problèmes techniques récurrents (la faute, sans doute, au son poussé si fort qu'on enfonce nos bouchons d'oreilles un peu plus à chaque montée), ils ne perdent pas leur bonne humeur et livrent cette pop aux accents électroniques.

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Pas de temps mort car un petit phénomène nous attend sur la colline, dans la petite salle DeMovie. Le Canadien Sean Nicholas Savage fait en effet pas mal parler de lui ces derniers mois, notamment grâce à sa tournée avec Timber Timbre. Personne ne s'y trompera car les spectateurs se massent alors que le jeune homme arrive sur scène : cheveux blonds clairs plaqués en arrière, visage anguleux et silhouette élancée, le bonhomme a de l'allure. Malgré tout, difficile de se contenter de cela. Beaucoup semblent apprécier la prestation mais la soul démodée et ultra cheesy qui nous est servie nous semble bien trop indigeste et nous préférons rejoindre les premiers rangs de la Grande Scène pour ne rien perdre de la splendide messe rock à venir.

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Un projet solo, pour un aussi grand nom que Thurston Moore, ex-membre de Sonic Youth, ne serait pas valable sans l'aide de musiciens de renom, tous plus talentueux les uns que les autres. Sur scène, Steve Shelley, ancien batteur de Sonic Youth ou encore Debbie Googe, bassiste chez My Bloody Valentine, accompagnent le quinqua à la jeunesse éternelle.
Alors que l'écran géant passe en boucles une vidéo en sépia, le géant à mèche entame un concert qui ne durera pas moins d'une heure trente. Noisy à souhait, les morceaux qui s'étirent sur plus de dix minutes offrent des séquences tantôt calmes et enlevées, tantôt crades et bruyantes. La maîtrise est totale et l'idée nous effleure qu'être le guitariste de Thurston Moore ne doit pas être chose aisée mais James Sedwards semble pourtant plutôt bien le vivre et s'avère être un compagnon convaincant. M. Moore possède la classe, le talent mais aussi la sobriété ; dans ce set, rien n'est superflu : on parle peu mais on exécute bien et c'est après tout ce qu'on leur demande. Le son est lourd et n'est pas sans rappeler Sonic Youth (normal quand on connaît la patte du chef). Éternel adolescent (toutes les femmes doivent jalouser son teint parfait), Thurston Moore dévoile les titres de son nouvel album pour notre plus grand plaisir. Une grande leçon de guitare que le For Noise a ici reçue.

Alors que nous sommes encore sous le choc de la tornade Moore, nous décidons de tenter de nous frayer un passage pour assister à la fin du show de notre crooner national, Gaspard Royan. Malheureusement, l'entrée de l'Abraxas est saturée et nous n'entendrons que de loin les titres multicolores du Français.
Nous vous passerons sous silence l'interminable attente pour avoir la chance de goûter un burger végétarien (certes délicieux mais qui ne valait pas les quarante minutes de file) et passons directement à LA plus grosse tête d'affiche de ce For Noise 2014, Blondie.
Debbie Harry et ses acolytes n'en finissent plus d'arpenter les festivals et l'ambiance familiale de Pully semble leur convenir à ravir.
Debbie Harry, icône du CBGB, beauté fatale s'il en est, pendant sexy de la génération de nanas qui en avaient (certains préféraient les aisselles poilues de Patty Smith au regard félin de la jolie new-yorkaise ? Really ?) a certes vieilli, il faut se l'avouer. Les gestes aguichants sont presque devenus ringards, la tignasse blonde peroxydée a laissé place à une perruque inerte et les tenues se sont assagies mais il est difficile de ne pas trépigner à l'écoute de One Way or Another qui débute ce set. Les vidéos de la grande époque '77 tournent en arrière-plan, pour le bonheur des yeux. Côté musique, ce concert retrace pleinement la carrière du groupe : des tubes en pagaille (Hanging on Telephone, Heart of Glass, Atomic...), une période reggae (moins passionnante), notamment avec le fameux The Tide Is High ou quelques nouveautés qui trainent en longueur et sont loin d'être passionnantes. On pourra tout de même leur trouver un gros avantage : elles pallient la voix qui n'est plus aussi suave que celle d'antan et beaucoup moins puissante. Clem Snide, coupe champignon de rigueur et tee-shirt Ramones, est enfermé dans sa cage de plexi (était-ce nécessaire ?) et frôle le ridicule lorsqu'il s'arme à proposer des solos de batterie ringards. Malgré tous ces petits défauts, il est impossible de ne pas apprécier la qualité du concert, l'ambiance et la bonne humeur de Debbie Harry ; elle s'amuse sur scène, se donne à 100%. Plus assez d'énergie et de voix pour l'intemporelle Atomic ? Pas grave, on chante pour toi Debbie ! On ne te pardonne certes pas tes duos virtuels ragga/reggae de mauvais goûts mais ta gentillesse et ton charme nous les font oublier et après tout... tu es Debbie Harry, la plus belle, la plus sexy et la plus rock des filles de la période punk !

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L'instant nostalgie groupie passé, nous faisons un tour vers l'Abraxas où les Baby Genius s'énervent sur la contrebasse, le chanteur bavard racontant en détail ces mésaventures avec ses anciennes petites amies... OK...

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Dernier concert et grosse installation pour les papes de la musique électronique, Super Discount 3 ; Alex Gopher, Etienne de Crécy et Julien Delfaud vont enfin injecter la dose électro qui manquait cruellement cette année sur la Grande Scène.
Énormes lettres rondes déclinant leurs couleurs au gré des morceaux, un son un poil old school catchy, nous savourons tout en pensant déjà à l'an prochain.

Cette année encore, le For Noise a su nous procurer des moments magiques : d'un Beirut chamanique à la prestation géniale d'Adult Jazz en passant par le fabuleux Thurton Moore ou la bonne humeur de Blondie, le petit festival romand ne nous décevra donc jamais, même en cette année de vache maigre pour tous les festivals européens. Bravo à l'équipe !
artistes
    Thurston Moore
    Blondie
    Super Discount 3
    When Saints Go Machine
    Baby Genius
    Gaspard Royant
    Jeanne Added
    Sean Nicholas Savage
    Puts Marie
    Verveine
    Bauchamp
    Francis Francis
photos du festival