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Fête de l'Humanité

Paris, du 12 au 14 septembre 2014

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 20 septembre 2014

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samedi 13
« L'Humanité, le plus beau nom que l'on pouvait donner à un quotidien. » C'est, en substance, un des messages affichés sur les cotés de la grande scène et distillés par le journal du même nom qui est à l'origine des rencontres politico-musicales du Parc de la Courneuve. Dans ce dédale de stands des fédérations communistes venues de toute la France et installées sur une surface tellement étendue que trois jours suffisent à peine à en faire le tour, plusieurs centaines de milliers de personnes se croisent tout au long du week-end que durent les festivités. Samedi 13 septembre, les têtes d'affiche de la grande scène sont Les Ogres de Barback, Ayo et un concert géant pour la Palestine regroupant Kery James, Médine, HK et Gaza Team, puis, dans la soirée, IAM et Scorpions. Avec 25 degrés au thermomètre sous ces hautes latitudes d'Île de France, la pelouse de la grande scène affiche complet, comme on pouvait s'y attendre.
La Fête de l'Humanité, c'est également une scène indé nommée Zebrock avec, entre autres, le groupe indie-rock Tigers Can Swim, le nouveau projet fou du batteur Cyril Atef, ConopunQ, ou encore Florent Marchet et son univers électro, ainsi qu'une scène jazz nommée Jazz'Hum'Ah! où le saxophone sera à l'honneur avec le marseillais Francesco Bearzatti Tinissima 4.

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Ce samedi, à la Fête de l'Humanité, coté politique c'est généralement la journée dédiée aux ateliers et rencontres entre partis dits de gauche qui échangent sur les problèmes sociétaux, au combien nombreux à notre époque ; Gaza et le conflit israélo-palestinien s'imposeront en point d'orgue des discussions politiques, durant tout le week-end.
Mais aussi, le nucléaire, l'écologie, l'emploi, le transport... tout y passe et tout y repassera, l'année d'après, faute de visions communes d'un avenir que chacun aimerait tracer à son idée alors que c'est l'idée d'un avenir commun qui trace le destin de l'humanité.
Plus tôt, dans la journée, Jérôme Kerviel, nouveau champion de l'humanisme retrouvé, était accueilli par Jean Luc Mélenchon et le Parti Communiste, tel un héros des temps modernes.

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C'est dans ce contexte que le plus célèbre collectif musical de Marseille, depuis le ballet de Maurice Béjart, lance la soirée et leur flow particulier, vingt ans après leur dernier passage à la Fête de l'Humanité. Avec plus de 25 ans de carrière, IAM font figure de grand frère dans le rap français et affichent une longévité record, qui égale une certaine constance dans leur œuvre.
Akhenaton et Shurik'n, en première ligne, égrènent durant plus d'une heure et demie les titres qui ont vu danser nombre des festivaliers présents au cours de ces dernières années et qui rentreront, à coup sûr dans le rap hall of fame national, si tant est qu'il existe, un jour. Petit Frère, L'Empire du Côté Obscur, un medley de La Face B, Chez Le Mac et de l'immortel Je Danse Le Mia, puis une conclusion attendue, mais revisitée, sous les rafales textueles ultra réalistes d'un des plus beaux titres du groupe repris en chœur par la majorité des moins de quarante ans, Demain C'est Loin.

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Ambiance estivale et chauffée au blanc (celui du stand de la fédération communiste de Champigny ou de la fédération communiste de Loire, peu importe, ici aucun alcool n'est facturé plus de deux Euros le verre) par l'échange et la communion que Freeman maitrise avec le public, le terre-plein de la grande scène est en fête et il faut faire preuve d'un grand courage pour qui aurait l'idée de marcher à contre-courant pour le quitter. Ici, le 100 mètres se marche au mieux en dix minutes.

Le groupe qui suit ne pouvait trouver meilleurs chauffeurs de salle pour entériner leur retour sur scène après une mise en retrait de quelques années et que l'on croyait définitive. Il fallait sûrement ça pour planifier les presque retraités du heavy metal que sont les Allemands de Scorpions. Sortis de leur retraite à la demande de leur public, Klaus Meine, Rudolf Schenker, Matthias Jabs, Pawel Maciwoda et leur nouveau batteur, Johan Franzon proposent un coper-coller du set proposé à Bercy en 2012 et alignent Sting In The Tail, Holiday, Tease Me Please Tease Me ou encore Big City Nights, le tout relevé d'effets pyrotechniques très « 90's » émanant de l'avant-scène, montée pour l'occasion, et même du manche de la guitare de Rudolf Schenker qui s'embrase de mille feux (d'artifice) avant que le groupe ne quitte la scène juste avant l'inévitable rappel.
Still Loving You. Un slow mièvre, mais musclé, où la batterie et les riffs lourds se taillent la part du lion et sur lequel tout adolescent a dansé, la tête calée dans le creux de l'épaule de cette fille qui ressentait alors sa toute puissance de femme se révéler pour la première fois. Les quadras s'en donnent à cœur joie et invitent à tour de bras leurs compagnes ou la fille d'à côté à vivre ces quelques instants de nostalgie. Les plus jeunes sont, au mieux, amusés et, au pire, inquiets de cette tendance persistante au conservatisme sentimentalo-médiocre...

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Enchaînant ce triste slow qui restera, bien malgré eux, identitaire de l'histoire de ce groupe pourtant présent depuis les années 70 dans un registre bien différent, il y a Wind Of Change, sorti en 1991. Quand on sait que ce titre est un hymne anti-URSS et anti-communiste, on ne peut que sourire à ce pied de nez, ignoré du plus grand nombre en pleine Fête de l'Humanité ! Il est tard et on ne compte plus les festivaliers ayant rejoint Morphée en plein milieu du set et de la pelouse dont la fragrance est composée d'un étrange mix d'alcool et d'herbes folles. Les buvettes ont été dévalisées avant même l'heure de fermeture et on continue à boire ce qui reste... Alors que beaucoup se pressent pour rejoindre les transports en commun pris d'assaut, chaque soir, le groupe entame un When The Smoke Is Going Down de circonstance.

Cette année, l'organisation a pris les devants. Un nombre conséquent de WC a enfin été installé et des allées plus larges ont été creusées pour fluidifier les mouvements des 80 000 personnes ayant assisté aux deux principaux sets du soir.
Chaleur, fréquentation maximum et quelques moments de grâce dans cette époque bien triste. La Fête de l'Humanité a tenu ses promesses, tout en souffrant d'une programmation bien terne. Espérons que l'actualité et les négociations de 2015 ramènent sur le site du Parc de la Courneuve (parc Georges Valbon pour être précis) des têtes d'affiche plus fraîches et novatrices pour que l'avenir de l'Humanité ne se conjugue pas en éternel recommencement.
artistes
    Les Ogres de Barback
    Puggy
    Ayo
    IAM
    Scorpions
    Nevche
    The Lone John Harps
    CongopunQ
    The Psychotic Monks
    Outernational
    Tom Fire
    Papanosh
    Louis Winsberg/Trio Gypsy Eyes
    Emmanuel Bex, Nico Morelli, Mike Ladd
photos du festival