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Vieilles Charrues

Carhaix, du 16 au 19 juillet 2015

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 25 août 2015

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Cette histoire a débuté il y a fort longtemps. En 1992, précisément, un groupe d'amis bretons, d'humeur espiègle, décide de faire un pied de nez à une célébration qui a lieu dans le port de Brest, appelée la fête des Vieux Gréements. Dans les terres du Finistère, point de port et encore moins de trois-mâts. La petite bande monte alors une kermesse baptisée « la fête des Vieilles Charrues ». Finalement, ce qui devait être une guinguette de village, accueille plus de cinq cents invités venus trinquer et écouter de la musique, donnant naissance, sans le savoir, à l'un des plus grands festivals de France.

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C'est avec l'équilibre financier atteint de justesse que démarre la vingt-quatrième édition du festival des Vieilles Charrues, qui se tient, comme tous les ans, dans le village de Carhaix Plougher (depuis Paris : dépassez les vaches, suivez les nuages gorgés de pluie, c'est tout droit !).
Cette année, le thème proposé invite les festivaliers à revisiter le roman onirique Alice au Pays des Merveilles, sans conteste l'analogie la plus poétique jamais faite aux Vieilles Charrues qui promet une panacée de costumes et de décors défiant l'imaginaire des plus créatifs.

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Jeudi, 17h30, c'est à peine tombé dans le trou du lapin blanc qu'une course effrénée commence contre le temps. Au bout du chemin, un croisement offre deux possibilités : par ici, une place de choix devant la grande scène pour l'attraction de la soirée, ou par là, ce n'est pas un chat au grand sourire mais une panthère noire avec des lunettes de mouche que l'on rencontre scène Kerouac.
En combinaison moulante et rouge à lèvres flamboyant, Anna Calvi apparaît sur scène comme une héroïne de bande dessinée, sensuelle et mystérieuse. Elle mêle sa voix chaude aux percussions et riffs de guitares qui se font patte de velours, et se pose sur les traces du rock sauvage féminin, empreint à la fois de fougue, de rage et de rêves.

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C'est la deuxième fois en cinq ans que Muse surplombent l'affiche des Vieilles Charrues. Reçus comme espoirs de la scène rock internationale en 2000, le festival les a vus grandir et revenir en 2004 puis en 2010, année mythique où leur passage a manqué d'être annulé à cause des trombes d'eau qui noyaient Carhaix ce soir là, risquant de provoquer un incident électrique. Mais, n'ayant peur de rien, les colosses des Cornouailles – Matthew Bellamy (chant, guitare, piano), Christopher Wolstenholme (basse) et Dominic Howard (batterie) - sont montés sur scène, flanqués d'improbables tenues de l'espace et ont offert un show dantesque et inoubliable.

Fidèles, ils sont de retour pour faire, une fois de plus, pleuvoir les superlatifs sur la scène Glenmor. Si le morceau phare de leur dernier album Drones, Psycho assène le premier coup, les plus belles pièces de leur répertoire déferlent pour étancher les fans de toutes heures : le dévastateur Supermassive Black Hole, Plug In Baby et son riff déjà légendaire, Apocalypse Please joué sur le piano translucide, ou Time Is Running Out (comme dirait un certain lapin blanc), s'abattent en déluge de décibels, de riffs et de lyrisme à déchainer les éléments.
Matt Bellamy, ambassadeur de la force tranquille, et connu pour ne pas être le chanteur le plus discoureur sur scène, s'amuse cette fois à montrer, à plusieurs reprises, qu'il sait parfaitement prononcer le mot « Carhaix », à l'aise en terre conquise. Les trois Anglais offrent un final grandiose avec Mercy, dans une explosion poétique de confettis et serpentins, ainsi que l'épique et incontournable hymne des stades, Knights Of Cydonia.

Deux scènes et seulement quatre artistes en tout de programmés, cette première journée n'était évidemment qu'une mise en bouche du week-end qui attend les festivaliers, soit pas moins de soixante artistes répartis sur les trois jours restant. Et si peu d'heures de sommeil...
artistes
    Muse
    Soprano
    Brodinski
    Anna Calvi