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Vieilles Charrues

Carhaix, du 16 au 19 juillet 2015

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 26 août 2015

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Un soleil plutôt radieux pointe ses rayons sur le camping. Dans ce fabuleux squat de l'étrange en pleine nature, on retrouve Alice, qui n'a pas l'air d'avoir passé une bonne nuit, un lapin pas vraiment aux aguets et quelques chats qui, malgré leurs sourires forcés, n'ont pas le pelage très soyeux. En s'enfonçant un peu plus dans les méandres que forment les allées, il n'est pas improbable d'apercevoir une chenille ne faisant pas tourner le narguilé ou bien un chapelier fou qui ne propose pas de tasse de thé. Croiser Harry Potter et ses acolytes, une troupe de minions ou quelqueq kilts écossais, n'est pas exclu, car rien n'interdit d'être totalement hors sujet, c'est même un droit absolu. Kipling a bien de quoi s'agiter dans sa tombe, peut-être en sortira t-il pour prendre une bière ou deux avec cette joyeuse assemblée. Tout le monde est fou ici.

Sur le site du festival, un château de la Reine de Cœur a été érigé, serti d'une pendule et de miroirs déformants. Le visage souriant du chat du Cheshire surveille, du haut d'un arbre, les faits et geste des passants. Le thème est omniprésent et immerge les festivaliers dans ce conte merveilleux, rempli de magie et de personnages hauts en couleurs.

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Grande star au Canada, parfait inconnu dans le Finistère, Pierre Lapointe est venu seul, poser son piano à queue au milieu de la grande scène Glenmor. Doté du charme et de l'humour noir dont les Québécois ont le secret, ses textes en français relatent l'amour à la dérive et la déprime profonde : « Quand on est poète et musicien, on a des histoires d'amour chiantes ». Poésie percutante et émotions exhortées des mots justes et souvent crus, heurtent la cible en plein cœur, faisant couler quelques larmes entre deux éclats de rires.

Sur Kerouac, là est le swing ! Au carrefour de l'électro et du jazz manouche, les français de Caravan Palace brouillent les pistes du temps en peignant de vintage leur dancefloor électroswing. Emportés par la pétulante Zoé Colotis, les sections cuivres, rythmiques et électroniques s'animent dans une joyeuse fanfaronnades qui sautille et se tortille à coups de doo wap, doo wap. Irrésistible !

Changement radical d'atmosphère sur Glenmor. Archive est peut-être l'une des formations les plus protéiformes de l'Histoire du rock britannique et puise sa force et son inspiration dans un mélange des genres délicats à définir, égaré quelque part entre rock progressif et trip-hop. Prolifiques, à raison d'un nouveau disque tous les ans, ils mettent en lumière Restriction, sorti en janvier de cette année, ainsi que AXIOM, un court album concept créé en 2014 dont le logo – un A sans barre entouré d'un cercle – occupe l'écran de la scène.
Les voix féminines absentes, le set perd un peu en relief. Mais les deux lead singers actuels, David Penney et Pollard Berrier, mènent le navire avec une puissance émotionnelle rare et embarquent l'assemblée dans des eaux houleuses, souvent torturées, mais fascinantes, invitant à l'introspection et la contemplation.

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La nuit tombe doucement dans le ciel de Kerampuilh qui se pare de jolies teintes orangées pour accueillir Sir Tom Jones sur la scène Kerouac. Avec une liste de tubes aussi longue que sa carrière - Sex Bomb, It's Not Unusual, Delilah – mais aussi une belle flopée de reprises qu'il sublime à sa manière – Tomorrow Night, de Bob Dylan, Tower Of Song, de Leonard Cohen, Reelin' and Rockin', de Chuck Berry, et Kiss, de Prince, en final – la légende de la soul, âgée de soixante-quinze ans, lâche les chevaux dans la prairie et fait résonner sa voix de crooner pour un moment de sensualité et de danse endiablée.

Deuxième année d'affilée que Heloïse Letissier, aka Christine and the Queens, prend possession d'une scène aux Vielles charrues. Mais de la scène Grall (scène secondaire) elle passe directement au prestige de la scène Glenmore en tête d'affiche du vendredi soir. D'une voix angélique et veloutée, elle s'érige maîtresse d'une incontournable performance artistique entre chant et danse, et crée un personnage tout en grâce et poésie imagée, devenu, en très peu de temps, phénomène de la scène française.

1h30, scène Glenmor, l'heure de rassembler ses dernières forces pour The Chemical Brothers. En trente ans, Tom Rowlands et Ed Simons se sont efforcés de donner de nouvelles définitions au concept du show de musique électronique. En 2015, cela donne un spectacle audiovisuel hallucinant, voyageant aux confins d'un VJing poussé dans ses limites, peuplé d'humanoïdes et de paysages d'un autre monde, et guidé par des sons en fusion électro-rock tout aussi percutants et cinématographiques. A 3h du matin, leur dernière image rend hommage à leur manager et ami depuis vingt ans, Stuart « Jammer » James, qui a succombé à une maladie le 4 juillet dernier.

La nuit bien avancée offre son lot de d'images surréalistes et de rencontres absurdes sur le chemin qui mène au camping. La pluie commence même à tomber...
artistes
    The Chemical Brothers
    Christine And The Queens
    Tom Jones
    Archive
    The Dø
    Caravan Palace
    Boris Brejcha
    Feu! Chatterton
    Pierre Lapointe
    Salut C'est Cool!
    Ez3kiel
    Laetitia Sheriff
    Cabadzi
    Fragments
    Guillaume Perret
    La Grande Tribu Gwernig
    Bel Air de Forro
    Dzambo Agusevi Orkestar
    Boogers Ghetto Blaster