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Vieilles Charrues

Carhaix, du 16 au 19 juillet 2015

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 28 août 2015

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Le dimanche matin ouvre le dernier chapitre de cette histoire.

Chaque édition du festival des Vieilles Charrues comporte une création originale, souvent issue de collaborations improbables et innovantes qui promettent un grand moment de fun ou d'évasion. Dans la continuité du projet « Contréo » présenté à Carhaix en 2010, le chanteur et musicien adepte d'expériences transculturelles, Ollivier Leroy, présente, cette année, The Secret Church Orchestra. Le concept : un habillage électro fait principalement de bruits rythmiques cueillis dans la nature, un accompagnement symphonique – violon, violoncelle et alto - une voix ténor lyrique – celle d'Ollivier – et le chœur de « La Maîtrise de Bretagne » composée de 24 enfants. Les textes, écrits en anglais, racontent des histoires mystiques et des émotions en montagnes russes, dans un univers sonore planant, parfois semblable à Sigur Rós ou Radiohead. La réalisation de cette très belle idée a des moments de superbe quand d'autres auraient mérités un peu plus de mise en place. Mais son authenticité lui donne un charme unique, en particulier lors d'une reprise onirique de Stairway To Heaven des mythiques Led Zepplin.

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Paradoxale au climat typique breton qui continue de sévir sans relâche, la scène Glenmor se voit transformée en havre de paix tropical, fontaine de jouvence, parsemée de palmiers et de flamands roses aux allures rétro insouciant. Brigitte, bardes au féminin, duo de paillettes et de glamour, ensorcèle de chansons françaises aux mélodies pop lumineuses, d'harmonies aériennes et de chorégraphies tout en sensualité. Miroir l'une de l'autre, Sylvie et Aurélie, scintillantes dans leurs robes façon Jessica Rabbit, jouent de charme, tantôt femmes séductrices, amantes ou mères. Là, est le panel de la féminité.

18h50, la scène Glenmor attend sa leçon de culture folk américaine et surtout d'humanité. Surnomée, justement, la « Reine de la folk » depuis les années 60, Joan Baez est aussi et surtout une reine qui a du cœur et un fort passé d'engagements pour la paix et la justice, notamment en première ligne du Mouvement des Droits Civils aux côtés de Martin Luther King.
Pour son retour très attendu aux Vieilles Charrues depuis son passage en 2010, elle offre un recueil de surprises et reprises de tous horizons, sublimant quelques airs de son ancien compagnon de scène et de vie, Bob Dylan - Farewell Angelina, It's All Over, Baby Blue, et Don't Think Twice, It's All Right – un air américain bien connu, The House Of The Rising Sun, ainsi qu'un chant traditionnel breton, Tri Martolod – et non pas La Tribu de Dana, malheureux ! – ovationné d'un profond respect.
Rayonnante d'humilité et de joie de vivre, elle lie entre elles les pièces de légende, de Imagine de John Lennon à Chanson pour l'Auvergnat de Georges Brassens, prônant la paix entre les peuples et les Hommes. Instants simples mais rares de communion à la lumière d'une grande dame.

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La pluie incessante commence à peser sur le moral et la pop tourmentée de London Grammar n'y arrange rien. Basses massives, rythmique trainante et voix d'une profondeur abyssale, l'évanescence qui se dégage des compositions épiques du trio anglais est difficile à apprécier compte tenu des circonstances. Acte manqué, à retenter un jour plus radieux.

C'est le grand chic des programmateurs des Vieilles Charrues : inviter une ancienne icône internationale que personne ne s'attendait à (re)voir en festival. Mais Lionel Richie est bien présent et décidé à investir la scène Glenmor pour un flasback vers la bande son des années 80. Pendant 1h30, il ressuscite les grands classiques qui ont fait danser toute une génération, soutenu par ses musiciens qui s'emploient à faire monter le thermostat avec une énergie contagieuse. Qu'il soit au piano dans un halo de lumières pour jouer les suintants Say You, Say Me et Hello, sous la pluie, au plus près de son public au rendez-vous, ou qu'il entraine Joan Baez sur scène pour un rapide mais touchant moment de complicité, le king de la soul n'a rien perdu de sa superbe.
Après l'irrépressible et très attendu All Night Long, les vingt-quatre enfants de « La Maîtrise de Bretagne » le rejoignent et entament les chœurs de We Are The World, sa collaboration avec Mickael Jackson, qui a marqué les esprits et les cœurs. Il quitte finalement la scène, laissant seuls les enfants et le public, qui reprennent inlassablement le refrain, les yeux humides, mesurant le caractère unique d'un tel évènement.

Les Vielles Charrues se souviennent de l'année 2011, quand David Guetta a transformé la prairie en dancefloor géant sous une boule disco à sa démesure. Au cœur, cette fois, d'une structure dantesque aux lumières aveuglantes, le prince du DJing assure la prestigieuse mais difficile tâche du concert de clôture de l'édition. Les mixes récents sont à l'honneur dans un style destiné aux plus friands d'électro pure, tandis que les tubes plus populaires – Love Is Gone, Titanium – ne font que de furtives apparitions en mash-up.
Vers la fin du set, un feu d'artifice surprise éclate derrière la scène. Coup de chance ! La pluie a laissé suffisamment de répit au festival pour offrir ce final sensationnel et explosif à la 24ème édition des Vieilles Charrues.
artistes
    Lionel Richie
    David Guetta
    Joan Baez
    London Grammar
    Flume
    Dominique A
    Brigitte
    Stand High Patrol
    The Drums
    La Fine Equipe
    Puts Marie
    Krismenn & Alem
    The Secret Church Orchestra
    Kreiz Breizh Akademi #5
    Lolomis
    Brieg Guerveno
    Super Parquet
    Mazalda Turbo Clap Club
    Boogers Ghetto Blaster