logo SOV

Rock en Seine

Paris, du 28 au 30 août 2015

Live-report rédigé par Fab le 30 août 2015

Bookmark and Share
Le même rituel se répète chaque année pour tout bon amateur de musique lorsque la rentrée des classes approche et que la période estivale touche à sa fin : point de passage obligé, le festival Rock en Seine marque la fin des vacances et le retour au quotidien. Et comme chaque année, le public répond présent, en témoigne une première journée affichant complet avec une programmation des plus éclectiques sur le papier.

SOV

L'ouverture des festivités est ainsi assurée à 15h30 sur la Grande Scène pour les suédois de Ghost, et ce face à un parterre de festivaliers venus en masse dès l'ouverture des portes du site. Pour quiconque ne connaissant guère l'univers du sextet, la découverte de la mise en scène (vitraux dessinés au second plan, musiciens masqués et leader grimé en prêtre présenté sous le nom de Papa Emeritus III) semble à première vue une plaisante surprise, avant de laisser place au fil des minutes à un certain désarroi face à la faiblesse de la prestation. Le hard rock orienté FM déversé par la petite troupe sataniste, sans doute trop gentillet et pas assez assumé, se déroule sans haut ni bas, et si les adorateurs placés dans les premiers rangs réagissent au doigt et à l'oeil aux discours du leader de leur culte, nombreux sont ceux à suivre au mieux distraitement un concert qui ne fera pas date dans l'histoire du festival. Pour Ghost, le désintérêt progressif du public ne laissera pas de place au doute : la messe est dite.

SOV

Changement radical d'ambiance sur la scène Pression Live pour le retour à Paris du petit prodige du hip-hop anglais, Kate Tempest, quelques mois après une dernière apparition à la Maroquinerie. Chez elle, point d'artifices inutiles ou de superflu : affublée d'un simple jean et d'un t-shirt, la musicienne se présente sans la moindre mise en scène, accompagnée seulement d'un percussionniste et d'une camarade préposée aux claviers et autres sampleurs. La surprise n'en est que plus grande lorsque cette dernière arpente la scène microphone en main et déverses ses textes avec un impressionnant débit, accompagnée le plus souvent par des compositions aux tempos lents voire dépouillés comme pour mieux laisser le plus grand espace possible à une voix touchant de plein fouet une audience pleinement captivée par tant d'aisance et d'assurance. Si certains titres aux tempos plus marqués feront bouger les têtes, on retiendra essentiellement de la prestation Kate Tempest elle-même, ses performances tutoyant le spoken word et ses leçons de vie débitées parfois en pleine improvisation. Le festival n'en est qu'à ses balbutiements à cet instant, et pourtant le sentiment d'avoir déjà vécu l'un des temps forts du week-end est réel.

SOV

Il est alors temps de se déplacer de quelques centaines de mètres pour découvrir la nouvelle configuration de la Scène de l'Industrie, laquelle fait désormais face à la Grande Scène après une rotation de 90 degrés. Jeanne Added, aperçue dans de nombreux festivals cette année, connait une belle ascension s'étant traduite récemment par la sortie de l'album Be Sensational chez Naïve il y a quelques mois. Avec seulement deux musiciens installés aux claviers et à la batterie, la trentenaire à la formation jazz présente le temps de son concert des influences variées au sein de titres plongés dans les années 80s, oscillant du synthétique à l'organique lorsqu'elle se saisit de sa basse. Seule constante, une voix remarquée aux multiples variations. Rien de véritablement marquant toutefois, si ce n'est un charisme évident et une belle assurance.

SOV

C'est alors sur la scène Pression Live que bien des regards vont se tourner pour le concert de Wolf Alice, devenus stars outre-Manche avant même la sortie récente de leur premier album My Love Is Cool. Annoncés durant plus d'une année comme l'une des jeunes formations rock les plus excitantes en activité, les quatre anglais menés par Ellie Rowsell, aperçus en première partie d'Alt-J en France dans un passé récent, font aujourd'hui preuve d'une certaine timidité, mêlée à une application certaine, alors que s'égrainent les premiers titres de leur set, à savoir Fluffy et She. Il faudra ainsi attendre le troisième titre pour les voir prononcer les premiers mots envers le public, alors que celui-ci semble les rassurer pleinement via l'entrain débordant répondant à une impeccable interprétation du populaire You're A Germ.
Si certains avaient pu reprocher à leur premier disque une production trop marquée et envahissante, les interprétations du jour sont de nature à rassurer en configuration live : les guitares se font noisy à souhait et la voix d'Ellie sonne incroyablement injuste, prouvant, si cela était encore nécessaire, que leur domaine de prédilection est et restera un rock débordant d'énergie. La seconde moitié du concert, conclue toute en puissance avec Giant Peach et Moaning Lisa Smile après un Blush impeccable, ne fera que confirmer le sentiment prédominant à l'issue des quarante-cinq minutes passées en leur compagnie : Wolf Alice ont tout pour durer et s'établir durablement dans le paysage britannique.

SOV

Sur la Scène de l'Industrie, en dépit des attentes, Jacco Gardner semble aujourd'hui passer à côté de son rendez-vous parisien, la faute à un set manquant de relief et une attitude trop froide. La déception semble renvoyer une partie de l'audience quelques mètres plus loin alors que FFS sont attendus sur la Scène de la Cascade. Habitués des lieux depuis la création du festival, Franz Ferdinand se présentent aujourd'hui via leur side-project fondé avec les frères des Sparks, enrichissant ainsi leur line-up initial d'un claviériste et d'un second chanteur.
Certes l'alliance des deux formations a longtemps pu surprendre, mais la prestation du jour ne va faire que confirmer la bonne impression laissée par leur premier disque éponyme : les six musiciens s'amusent sur scène autant qu'un public aux anges lorsque retentissent plusieurs reprises des écossais (Do You Want To, Take Me Out...) ou même du plus grand succès du duo américain (This Town Ain't Big Enough For Both Of Us). Si l'on préfèrera oublier les pas de danses ou gesticulations parfois embarrassants de Russell Mael et retenir le coup d'éclat de son frère Ron, longtemps assis imperturbable derrière son clavier avant de se déchainer au premier plan durant quelques secondes sur fond de percussions assurées par l'ensemble du groupe, FFS auront apporté aujourd'hui près d'une heure de divertissement et de second degré sans que leurs propres compositions n'aient démérité, à commencer par Johnny Delusional ou l'ironique Collaborations Don't Work. Seuls ou accompagnés, Franz Ferdinand restent décidément une valeur sûre.

SOV

Trois décennies après leur formation, et vingt ans après avoir connu un succès à l'échelle planétaire avec Smash, The Offspring sont de retour à Rock en Seine pour la seconde fois depuis la création du festival. La discographie récente de la formation menée par Dexter Holland et Kevin 'Noodles' Wasserman sera ce soir laissée de côté pour faire place aux nombreux tubes extraits de leur album culte mais aussi du toujours très populaire Americana. Le public obtient ainsi ce qu'il est venu chercher : un Best Of au rythme soutenu, de l'énergie à revendre en dépit de quelques faiblesses vocales ponctuelles et de musiciens sur lesquels le poids des années semble peser un peu plus à chaque apparition, mais aussi et surtout un défouloir qui aura attiré la plus grande affluence du jour sur la Grande Scène. Pretty Fly (For A White Guy), Come Out And Play, Want You Bad ou The Kids Aren't Alright seront ainsi joués et repris en coeur, alors qu'un rappel inespéré viendra enfoncer le clou via deux titres incluant un mémorable Self Esteem en guise de dernier défouloir. Ringards pour certains, héros pour d'autres, The Offspring auront ce soir tenu leur rang de belle manière et ravivé bien des souvenirs.

SOV

Stars outre-Manche, en témoigne la série de concerts à guichets fermés dans la salle de la Brixton Academy en fin d'année passée, Kasabian n'ont, à ce jour, pas encore rencontré un succès comparable en France. Aujourd'hui, leur présence en tête d'affiche de ce vendredi 28 août est à la fois un pari mais aussi la récompense d'une popularité grandissante en Europe, et cela, les anglais vont en jouer, délivrant un set essentiellement centré sur leurs derniers albums en date et délaissant malheureusement leur disque éponyme et Empire.
Menés par un Tom Meighan en état d'ébriété avancée et un Serge Pizzorno survolté dans son costume squelette, les anglais vont proposer ce soir un show impressionnant et puissant. Si l'on aimerait parfois de leur part un peu plus de finesse, force est de constater que le groupe est à la hauteur de l'événement. Shoot The Runner, Club Foot, Fire, Eez-eh ou Empire animent une fosse à peine rassasiée lors de la sortie de scène des musiciens après une heure en leur compagnie. Une poignée de minutes plus tard, le public retrouve ses héros du soir pour un rappel de quatre titres marqué par la présence sur scène de Noel Fielding dans un état second tout au long de Vlad The Impaler et la traditionnelle reprise du Praise You de Fatboy Slim initiée par Tom Meighan et Serge Pizzorno, assis complices au bord de la scène, avant le feu d'artifice final sur un L.S.F. (Lost Souls Forever) repris en choeur par tous.

Une première journée dense et de qualité pour Rock en Seine, en attendant deux journées à venir toutes aussi chargées sur le papier !
artistes
    Handbraekes (Boys Noize & Mr Oizo)
    Kasabian
    Son Lux
    Fauve
    Clea Vincent
    Wand
    The Offspring
    Inigo Montoya
    Miossec
    Catfish & The Bottlemen
    FFS (Franz Ferdinand & Sparks)
    Rodrigo y Gabriela
    Lewis Evans
    Jacco Gardner
    Wolf Alice
    John Butler Trio
    Benjamin Clementine
    Jeanne Added
    Kate Tempest
    Throes + The Shine
    VKNG
    Ghost
photos du festival