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Rock en Seine

Paris, du 28 au 30 août 2015

Live-report rédigé par Fab le 7 septembre 2015

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Alors que la fatigue touche de plus en plus les organismes et que la hausse de la température s'est accompagnée de l'apparition de la poussière sur la majorité du site, la troisième journée de l'édition 2015 de Rock en Seine va présenter deux facettes distinctes : une première très orientée rock en début d'après-midi, et une seconde plus dansante par la suite.

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Sur la Grande Scène, quelque peu désertée alors qu'il n'est alors que 14h35, le trio Kadavar fondé à Berlin en 2010 s'apprête à distiller ses sonorités heavy héritées du rock psychédélique des 70s. Barbes et cheveux longs sont de sortie, riffs puissants également, mais la sauce a aujourd'hui toutes les peines du monde à prendre. Si les trois musiciens ne ménagent pas leurs efforts et qu'une poignée d'irréductibles tente tant bien que mal d'animer la fosse, nombreux sont ceux à assister, impassibles, au spectacle. A l'évidence, le pari de placer Kadavar sur la scène principale si tôt dans la journée était une erreur.

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Même passion pour les décennies passées sur la scène Pression Live, mais résultat tout autre avec une foule attendant impatiemment la montée sur scène de POND. Si les liens de ces derniers avec Tame Impala ne sont à l'évidence pas étrangers à cette réussite, les deux formations se partageant plusieurs membres communs, les compositions plus accessibles et l'ambiance bon enfant instaurée par le groupe sont également à mettre à leur crédit. Plus qu'un simple side-project, les autraliens et leur amour pour le psychédélisme auront contribué à la lente mais évidente progression en qualité de la journée.

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Sur la Scène de l'Industrie, l'heure est venue de découvrir l'une des jeunes formations françaises dont le nom revient régulièrement aux oreilles des amateurs de rock ces derniers mois : Last Train. Tout de noir vêtus et arborant fièrement pour certains leurs vestes en cuir, les quatre musiciens originaires de Mulhouse ne sont pas sans nous rappeler Black Rebel Motorcycle Club, tant musicalement qu'esthétiquement, un soupçon de punk et de je m'en foutisme en plus. S'ils ne manquent pas d'énergie et mènent leur set à un rythme soutenu, les poses, attitudes ainsi qu'un chant trop forcé pour être naturel ne leur permettent pas d'esquiver les clichés inhérents aux genre. Loin de provoquer l'ennui ou de faire pâle figure en comparaison avec d'autres artistes plus reconnus, Last Train auront encore du chemin à faire pour affirmer leur personnalité et adjoindre un soupçon de simplicité à leurs prestations.

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Habitué à multiplier sans cesse les projets, concerts et disques, Ty Segall est de retour aujourd'hui à Paris pour se produire sur la Scène de la Cascade avec Fuzz. Installé aujourd'hui derrière la batterie et assurant ponctuellement le chant en alternance avec ses camarades. Ici encore, il est question de fortes influences psychédéliques, mais aussi d'une bonne dose de rock noisy et de punk. Le public ne s'y trompe pas et salue chacun des titres avec un bel enthousiasme, notamment lors de quelques prises de parole non dénuées d'humour, à l'image des visages peinturlurés de blanc de deux des trois membres du trio. Les festivaliers en manque de guitares et de défouloir auront trouvé ici le meilleur terrain d'expression possible de cette troisième journée.

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Lors de l'annonce de la programmation du festival il y a quelques semaines, nombreux étaient ceux se voyant déjà se déhancher la nuit tombée au son des pépites de Hot Chip. Las, il n'est que 17h45 lorsque la formation anglaise se voit invitée à apparaître sur la Grande Scène, bien décidée toutefois à ne pas s'en laisser compter et à tirer son épingle du jeu. Renforcés à la batterie par Sarah Jones (New Young Pony Club, Bloc Party) et derrière de multiples instruments par Rob Smoughton (Grovesnor), les cinq anglais vont livrer un véritable récital, ode à la danse de près d'une heure au sein de laquelle rares auront été les temps morts. Avec une bonne humeur inaltérable et des tenues toutes aussi excentriques les unes que les autres (mention spéciale aux chemises de Joe Goddard et Alexis Taylor), une setlist orientée vers les dancefloors (du jubilatoire Huarache Lights en ouverture à la reprise enlevée du Dancing In The Dark de Bruce Springsteen, en passant par d'irrésistibles Flutes, Over And Over ou Ready For The Floor), Hot Chip réussissent leur pari du jour et parviennent à conquérir une foule prenant un plaisir certain. Le savoir-faire de ces anglais détonants a encore frappé.

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Au cours des douze derniers mois, Jungle n'ont eu de cesse d'arpenter les scènes françaises. Après un été fourni et de nombreux concerts en festival, c'est sur la Scène de la Cascade à Rock en Seine que les londoniens ont choisi de se produire pour la dernière fois en France avant de s'atteler à l'écriture et l'enregistrement d'un nouveau disque. A en voir le public amassé face à eux, leur cote de popularité semble encore avoir grimpé ces derniers mois. Pourtant, la prestation du soir va s'avérer très similaire à celles présentées depuis de longs mois. A sept sur scène, Jungle maîtrisent désormais sur le bout des doigts un répertoire réduit à leur premier album éponyme, les seuls Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland, têtes pensantes du collectif, s'autorisant la communication avec la foule et quelques improvisations en fin de set. Un set un peu trop sage dans un premier temps mais plus excitant durant les dernières minutes avec les singles Busy Earnin' et Time, quand bien même l'aptitude du groupe à varier les ambiances et naviguer entre les genres, du rock au funk en passant par la soul en fait une entité à part.

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S'il s'est fait connaître aux yeux du plus grand nombre lors de sa participation à l'album Songs For The Deaf de Queens Of The Stone Age, apparaissant également un temps scène aux côtés de la formation américaine et collaborant ponctuellement avec Isobel Campbell ou Duke Garwood, Mark Lanegan mène depuis longtemps déjà une brillante carrière en solo. S'il est un grand habitué des scènes parisiennes, le festival Rock en Seine l'accueille pour la seconde fois sous son propre nom sur Scène de l'Industrie. Abstraction faite d'une acoustique pour moins médiocre, le musicien, en dépit d'une allure vieillissante, est avant tout un formidable interprète, sa voix grave et rocailleuse portant à elle seule une prestation peu mise en valeur par des musiciens en retrait.
Certes le public local lui a aujourd'hui massivement préféré les très populaires Tame Impala, mais à aucun moment Mark Lanegan ne baissera les bras durant une petite heure de concert. Délaissant, une fois n'est pas coutume, le très apprécié Bubblegum, ce sont aujourd'hui ses deux derniers disques en date qui seront aujourd'hui à l'honneur : le récent Phantom Radio mais aussi et surtout Blues Funeral dont seront tirés deux temps forts du set du jour : The Gravedigger's Song et Gray Goes Black. Une prestation de très bonne facture conclue avec une reprise de Joy Division, Atmosphere, suivi de Death Trip To Tulsa. Un grand artiste pour lequel une reconnaissance plus ample ne serait que justice.

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Depuis la sortie et le succès planétaire d'An Awesome Wave, tout, ou presque, a déjà été dit sur Alt-J. Adulés en France, peut-être plus encore que dans leur propre pays, les anglais ont aujourd'hui amassé une foule considérable face à la Scène de la Cascade, tant et si bien qu'approcher le lieu avant leur arrivée relève du parcours du combattant. Quelques secondes vont alors suffire à balayer les doutes quant à une éventuelle lassitude : avec des jeux de lumières superbes, une simplicité de chacun des musiciens bluffante et des interprétations au service de compositions adulées par beaucoup, Alt-J offrent ce soir une démonstration magistrale de leur talent, ainsi que l'un des plus beaux concerts du week-end.
Quand bien même leurs plus anciens titres (Fitzpleasure , Matilda, Breezeblocks...) seront comme toujours les plus applaudis, c'est bel et bien une expérience visuelle et sonore complète que le trio, accompagné par un bassiste supplémentaire en live, délivre ce soir. Voix et instruments sont en osmose avec une maîtrise évidente, prouvant que le groupe, mois après mois, ne cesse d'affiner ses interprétations et de progresser. Gageons que dans quelques années ces jeunes musiciens toujours plus surprenants sauront tenir sans sourciller la place de tête d'affiche des principaux festivals d'Europe.

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Pour beaucoup, la sortie de scène d'Alt-J signera également la fin de l'édition 2015 de Rock en Seine. Pour les autres, le spectacle surpuissant des Chemical Broters constituera un feu d'artifice final à la hauteur des attentes et du curriculum vitae du duo électronique, quand bien même Ed Simons a choisi de ne plus apparaître sur scène au profit de l'artiste visuel Adam Smith.
Si le débat concernant les têtes d'affiche du festival reste encore de vigueur, les trois journées passées dans le domaine national de Saint-Cloud n'auront pas déçu. Mentions spéciales à FFS, The Maccabees, Alt-J, Hot Chip, Wolf Alice ou encore Kate Tempest que l'on retiendra comme les principaux temps forts de ce cru.
artistes
    The Chemical Brothers
    Run The Jewels
    N’To
    Alt-J
    Billie Brelok
    Parquet Courts
    Tame Impala
    Mark Lanegan Band
    Marietta
    Jungle
    Here We Go Magic
    Hot Chip
    Maestro
    Seinabo Sey
    My Morning Jacket
    Fuzz
    Natalie Prass
    Last Train
    Pond
    Juan Wauters
    Kadavar
    We Are Match
photos du festival