logo SOV

Eurockéennes

Belfort, du 1er au 3 juillet 2016

Live-report rédigé par Simon Cordat le 16 juillet 2016

Bookmark and Share
Une fois le soleil revenu à son beau fixe, la sonnette d'alarme annonce une nouvelle journée aux Eurockéennes, et celle-ci démarre plus tôt par le concert de YAK sur la scène de la plage.

SOV
Les quarante-cinq minutes de concert de YAK sont un hommage aux sons cradingues dont seul le power trio a le secret : psychédélique à souhait, synthétiquement Pink Floydien et vocalement rock. Des instrumentaux longs indiquent qu'ils aiment les années 70, et ça tombe bien. Grâce à la basse (dont l'immensité n'est pas sans rappeler les Future of The Left), on remarque vite que la virulence est là. Les refrains qui se retiennent se mêlent au jeu technique du batteur qui se fait vite remarquer : chaque instrument explose avec une maîtrise à faire un maximum de bruit. En revanche, le public ne commence à se foncer dedans qu'en fin de set : le morceau final en effet plus lourd que tout aurait pu faire revenir la pluie ou l'enfer sur le site. Pourtant, le groupe qui ne jouait pas à domicile à tout lâché afin de se faire connaître : de quoi réveiller.

SOV
D'autres anglais prennent le relais sur ladite même scène trois quarts d'heure plus tard, le temps aux ingés de préparer la scène pour Formation. Le dup joue plus détendu que ses prédécesseurs, et pour cause : l'electro-pop est leur marque de fabrique. Leur musicalité vient du mélange entre sons rock et claviers triturés/séquencés qui apportent cette touche particulière : le chant clair et les instruments rock font qu'on distingue toutes les parties. L'ambiance devient alors plus chaleureuse, la population danse grâce à des morceaux qui sonnent grand et large. Formation sait alterner entre la new wave et le down-tempo groovy, en passant par des choses résolument rock, non sans de multiples arrangements rythmiques. Certes, le public n'est pas venu en masse pour les voir, mais leur musique n'a d'égal que leur talent à interpréter les morceaux complexes, proches de la version studio. Le titre Rain clot leur performance en beauté ; le groupe, très humble, remercie tout le monde avant de partir, la communication n'étant pas leur point fort sur scène si l'on devait leur trouver un microscopique défaut.

SOV
Ensuite, direction la scène Greenroom pour continuer avec Allah-Las. Pour le coup, on retombe dans les sixties style The Doors, The Shadows ou encore un brin de The Kinks et de tout ce qu'il y a de pop légèrement psyché et instrumentale. Davantage pop que rock, les refrains souvent à deux voix fonctionnent à merveille en cohabitant avec l'ensoleillé. Les deux premiers titres sont plutôt calmes tandis que le troisième penche un peu plus dans le style Rolling Stones, et même si le dialogue est établi avec l'auditoire, leurs morceaux se ressemblent pas mal, ce qui est un point faible. Assez timide dans l'ensemble, leur son est néanmoins très propre et les couleurs d'accords sont inhabituelles ; le groupe propose des enchaînements de moments doux et simples à du plus rock, mais sans folies. Les musiciens ne bougent pas beaucoup, c'est un fait. Dommage qu'il y ait autant de decrescendos.

SOV
Sur la grande scène, le très attendu Beck va changer la donne : du gros rock qui groove et se mélange aux beats electro pour le premier morceau Devil's Haircut fait bouger tout le monde dès le début. Normal, étant donné les nombreux fans qui ont fait le déplacement pour voir l'américain ce soir-là. Sans confondre les styles, le musicien et son groupe donnent un show de taille, repiqué par les enceintes en façade qui captent tout le venin des guitares salement saturées. Beck est resté dans des ambiances assez lourdes, sans pour autant omettre son côté années 80/90 très chic. Après tout, la classe il la détient, ce qui lui donne un charme et une prestance tout à fait convaincants. Il est sexy lorsqu'il danse sur Think I'm Love, et personne n'est capable de ne pas bouger la tête à l'écoute de ce titre, jusqu'à ce que Jack-Ass ne ralentisse la pression avec une petite surprise, celle de la reprise de Billie Jean et là, comment ne pas bouger encore ? Pour sûr, Beck sait mettre tout le monde d'accord, en pleine osmose. Il le doit aussi à ses musiciens de scène talentueux qui ne cherchent pas à montrer tour à tour qui fait le plus de bruit : tout est maîtrisé et préparé avec beaucoup de minutie. La foule est réceptive aux dires du grand lors du concert qui a bien mérité des tonnes d'applaudissements. Avant de s'en aller vers d'autres contrées, le groupe balance Where It's At, le morceau quasi rappé qui est lui aussi un prétexte aux reprises du groupe Chic, de Bowie et des bizarreries de Kraftwerk, le tout en un seul melting pot. Bravo Monsieur Beck, on reviendra bien vous voir.

SOV
Le truc bien avec les Eurockéennes, c'est qu'à 22h15, la soirée est loin d'être finie (et ça été crescendo, pour le coup). On s'est donc précipités sur la scène de la plage encore une fois, car Air nous y attendent : une programmation loin d'être mauvaise. 23h, la nuit est tombée pour de bon. Place aux Versaillais ; leur lieu d'origine se lit sur leur look très parisien fortuné, à base de chemises sans un pli rentrées dans le pantalon. Venus est le titre qui pose les bases dans un calme charnel. Ils sont désormais plusieurs à jouer sur scène pour manigancer la pluralité de leurs sons électroniques, et le mieux c'est d'avoir ce batteur pour donner plus de peps. Leur musique pulse une sorte d'alchimie électronique organique, et reprend souvent le principe de crescendo : si les introductions sont rarement sauvages, leurs morceaux live développent un gros son et une bonne dynamique. Histoire de trouver un hic, le duo français ne communique guère avec nous... un comble non évacué qui laisse à penser que la bande voulait préserver l'image droite et carrée qui circule autour de leur set. Ceci étant dit, Air ont fait bouger la foule comme on l'attendait, notamment à coups de vocodeurs pendant Sexy Boy. What Else ?

SOV
On ne résiste pas à l'envie de découvrir Foals sur la scène Greenroom, les jambes déjà bien attaquées par la fatigue. Foals, c'est une heure et quart de musique sanguinaire matelassée par des murs à faire décoller tout ce qu'il y a dans vos oreilles. C'est aussi une chaleureuse setlist qui aborde les différentes époques du groupe. En d'autres termes ? Du lourd, encore et toujours, et ça joue très fort à en faire se retourner plus d'un. Aux frontières du punk, le chanteur en arrive presque à growler dans les morceaux types qui ont fait leur réputation : d'ailleurs, le dernier album a été bien accueilli sur scène dès le départ, avec Snake Oil. Les anglais savent faire passer par tous les états : My Number ou Cassius pour faire danser, Inhaler pour se défouler comme il faut sur les mouvements de foule ultra énervés (on conseille tout de même de rester en retrait pour les plus sensibles). « Violence » est le mot approprié pour ce show qui ne fait qu'une seule et même personne. Leur communication, et surtout le rapprochement avec leur public sont un point essentiel de leur live ; la scène, ils la connaissent et la maîtrisent de manière indescriptible, tant on se fait secouer de tous les côtés. Ce concert est l'une des apogées du deuxième jour, selon nous : on a été matraqués par le son électrique qu'il s'en est dégagé. Impressionant.

SOV
Encore un peu sous la pédale ? Il reste encore un gros nom pour terminer la soirée : Disclosure. Un plan de scène abracadabrant : son, lumières et écrans ont insufflé aux deux petits gars l'idée de rendre les choses très attrayantes. Boulimique de sons de basses qui font trembler le ventre, le duo est rodé pour interpréter sa musique machiavélique qui touche beaucoup de monde, grâce à un esprit large et tout à fait accessible. Guy et Howard Lawrence mettent le feu : multi-instrumentistes, bons vocalistes et performeurs, les membres de Disclosure savent provoquer sans bousculer. La dance music de leur acabit a mis un point d'honneur à rendre la musique électronique live bien plus palpitante que de simples DJ's de notre époque, destinés à tourner des boutons. Non, non et non, ici les londoniens montrent que rien n'est perdu, ni laissé au hasard. Leurs visuels lisses, parfois minimalistes psychés virevoltent à travers les trois écrans de la grande scène, dans des tons très fluo, comme si nous étions à une exposition où se lient les arts vidéos et la musique. D'ailleurs, pas de faute de mauvais goût : leur musique est branchée, les deux ont des looks hipsters, mais la qualité l'emporte sur la hype.

Mille mercis aux Disclosure qui ferment les portes, le temps d'une courte nuit.
artistes
    Disclosure
    Louise Attaque
    Foals
    Beck
    Air
    Lou Doillon
    Mellow Mood
    Vince Staples
    Son Lux
    The Inspector Cluzo
    Last Train
    Otherkin
    Elle King
    Pokey Lafarge
    Allah Las
    YAK
    Formation
    DBFC
    Section Boyz
    Les Inrocks Dj Team
photos du festival