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Eurockéennes

Belfort, du 1er au 3 juillet 2016

Live-report rédigé par Simon Cordat le 26 juillet 2016

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Dimanche 3 Juillet, c'est déjà le dernier jour de l'édition 2016. Le site ouvre ses portes pour le premier groupe de la journée : nous avons nommé Blossoms. Les mancuniens débarquent sur la Greenroom à 16h45 tapantes.

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Cheveux longs et guitares Rickenbacker, c'est du rêve pop/rock très mélodique que nous délivrent les claviers, et une autre face plus psychédélique très flower power. Avec une musique ensoleillée, les pros de la terre de feu nous donnent envie de leur correspondre. On se sent bien lotis si l'on aime Les Smiths, New Order et bien sûr les Stone Roses. Nous sommes tout à fait dans une esthétique magico-pensive sous des traits de musique arc-en-ciel, et ces musiciens défenseurs de l'héritage rock britannique ne font aucun couac. On les conseille pour les nostalgiques de cette période pourtant encore très actuelle : peut-être une alternative à Tame Impala ? Vous aimerez tout ce qu'ils apportent, car, soucieux de privilégier les mélodies, ils vous donneront envie de les écouter chez vous, encore et encore. Un bon concert, en somme, pour vous faire émerger de la fatigue de la veille en peu de temps.

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Quant à Franck Carter & The Rattlesnakes, le groupe nous accueille sur James Brown comme fond sonore, avant d'envoyer le bois direct. Hargneux, le quatuor est une sacrée bombe, une boule de nerfs envahie d'une violence inouïe : au bout de dix minutes, le chanteur se retrouve porté debout par le public en train de brailler tout le rocaillage de sa gorge. Quatre minutes plus tard, c'est un circle pit que demande le leader, qui se permet même d'aller agrandir cet événement lui-même sur le terrain, dans la foule, repoussant ainsi les limites d'un public déjà bouillant. En trois quarts d'heure, le groupe a le temps de s'exprimer très fort, et retourne tout dans un amas de poussière. En fait Frank Carter, c'est un malade de la scène, une jubilation notoire prônant le punk rock anglais non moins hardcore que les groupes d'outre-Manche. Face à ces infatigables musiciens, on conseille aux plus fragiles de se placer dans les zones à risques de la foule transcendante et réceptive de cette claque collective. Nous sommes ainsi remerciés gracieusement avant que le groupe ne s'envole pour d'autres dates en Europe.

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Vient ensuite Mac DeMarco sur la Plage, le summum du bien-être à vivre absolument. Un cadre parfait où l'on voit les musiciens jouer sur la scène flottante. Quelques problèmes techniques retardent le concert d'une dizaine de minutes avant que ça démarre. Voir Mac et son groupe, c'est du rire au 36ème degré à base de canettes de bière et de cigarettes (non, pas les fameuses Viceroy) : pas de prise de tête, les morceaux s'enchaînent entre les grimaces et les imbécillités en français que l'on vous épargnera ; ici, le leader aime raconter. Un bonus tout particulier pour les techniciens ainsi qu'une personne choisie dans le public qui sont invités à venir s'asseoir à la table déposée à côté du groupe sur scène, avec des dizaines de bières et des corbeilles de fruits. On est aux anges, donc, pour un concert mélodieux, sincère et drôle. Car ce que cherche Mac avant tout c'est s'amuser et amuser : chose faite avec brio, histoire de détendre tout le monde dans une ambiance peace, love & rock'n'roll. Si le groupe a joué pas mal de titres de Salad Days et d'Another One, il finit toujours en beauté par Still Together issu de l'album 2 dans une franche partie de plaisir, un hymne à l'amour du cool après le bain de foule habituel : la scène et le public pourraient se confondre. Tout le monde quitte la scène détendu. Ps : courez vite le voir...

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A l'issue de ce concert, les Kills commencent à jouer immédiatement sur la scène GreenRoom, et on les écoute de loin. Histoire de défendre leur dernier album, cette nouvelle tournée est propice aux changements : un batteur remplace l'ancienne boîte à rythmes, et un bassiste a également trouvé sa place. Du coup, leur son live est désormais bien plus conséquent, et carrément lourd et lancinant, respectant l'aspect sombre de leurs disques. On peut vous assurer que Jamie Hince s'est bien remis de sa blessure à la main, puisqu'il joue toujours comme un forcené sur ses six cordes. Comme Adam & Eve, de l'autre coté de la scène, Alison Mosshart ne faillit pas à sa réputation. Elle bouge dans tous les sens de manière incontrôlable. En concert, elle représente la transe en reflétant une image sauvage et sexy, de par sa crinière blonde et les tempos relativement tranquilles dans les chansons choisies. La setlist détermine la conclusion idéale chère aux Kills : Monkey 23 avec cet aspect d'au revoir saturé d'émotions heureuses. Encore un concert très réussi !

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Autre registre plus pop, mais pas moins non travaillé : la grande scène accueille Tame Impala, à base d'écrans et de lightshows ultra-sophistiqués. Le groupe fait son entrée tranquillement, et Kevin Parker s'approche déjà du public pour le saluer d'un grand sourire : depuis le temps, l'australien a gagné en maturité. Les nouvelles chansons de Currents, justement, sont plus matures, encore plus travaillées et complexes. Le son est tout simplement gigantesque, les effets sonores jouent sur la stéréo des haut-parleurs de la scène : tout se mélange, se fond et s'incruste parfaitement dans le gargantuesque rendu sonore. Une ambiance presque familiale et cool aux Eurockéennes, à ce moment où tout le monde danse sur Let It Happen décontracté : moment parfait. Le leader nous demande même les résultats du football lorsque la France bat l'Islande, et nous félicite d'avoir une bonne équipe. On enchaîne donc les frissons sur Elephant et Apocalypse Dreams. Encore plus entraînés, les musiciens en gagné en confiance et en communication avec un concert plus développé sur les aspects techniques que lors de leur précédente tournée. Ils restent l'un des groupes les plus excitants à voir.

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La suite ? Il faut vraiment se dépêcher pour avoir des places pas trop mal situées pour voir les bouillonnants M83. Leur musique fait voyager et planer, littéralement : touche synth-pop purement grandissime, on sent que le groupe voit grand. Le plus percutant, c'est leur facilité à aligner des sons studios que l'on retrouve sur le disque avec précision, et cette voix angélique du plus bel effet. Étonnés devant tant de puissance du son, tout le monde est tantôt ébahi, tantôt très participatif. Les M83 étaient très attendus pour jouer leur hit du voyage Hurry Up, We're Dreaming (très bon titre pour résumer le concert, d'ailleurs) mais aussi leur petit dernier, Junk, qui a pourtant déjà des allures de grand en live. Ultra-serrés, les gens continuent à aborder cette scène GreenRoom qui ne prévoit pas autant de monde qu'à cet instant ; il y a des mouvements de foule complètements fous impossibles à anticiper. M83 + les fans = une addition plus qu'incroyable, une magie qui ne forme qu'une et même personne à travers de flot de festivaliers.

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Pas mieux, non. On ne trouvera pas plus sympathique que cette fin de festival qui a invité trois texans, les derniers cavaliers de la route 66, les magistrats de l'ampli qui sature fort la transpiration. Les ZZ Top quoi ! Et même si l'on entend un « c'est le groupe à Donald Trump » dans le public, qui n'est pas ravi de voir ces showmens barbus ? Bon, on vous l'accorde, ils ne sont pas très causants en alignant leurs titres avec grand rodage rock'n'roll, mais que c'est bon de vivre Gimme All Your Lovin', Waiting For the Bus, Jesus Left Chicago, l'indémodable La Grange faisant trembler le sol jusqu'au bide sans compter les reprises de Hendrix... Leur son est gras, sonne gros comme un V12, et ils pourraient donner quelques leçons aux faux-rockeurs, ou encore inspirer les stoners. Autant dire qu'on a vite mal aux cervicales.

Les ZZ Top s'en vont dans leurs santiags, le dernier concert est fêté par l'habituel feu d'artifice d'une dizaine de minutes. Avant de regagner nous aussi les loges, on fait demi-tour la tête haute d'un large sourire : les Eurockéennes, c'est quelque chose et pour preuve : 104 000 personnes ont fait le déplacement pour le week-end. Une affiche qui méritait bien ce gigantesque rassemblement de gens venus de toutes parts et de tous les âges pour partager un moment déconnecté, baignant dans la musique et le relâchement des ennuis quotidien. Les Eurockéennes ? On vous rend vos 104 000 mercis !
artistes
    ZZ Top
    Tame Impala
    Action Bronson
    Nekfeu
    The Kills
    M83
    Ratatat
    Courtney Barnett
    Mac Demarco
    Anderson .Paak
    Caribou
    Kurt Vile & The Violators
    Frank Carter & The Rattlesnakes
    Sleep
    Blossoms
    Las Aves
photos du festival