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Vieilles Charrues

Carhaix, du 14 au 17 juillet 2016

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 5 août 2016

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Vieilles Charrues 2016 - Samedi Le samedi matin, c'est le moment de faire un point thématique. Le rétro gaming n'a clairement pas inspiré tout le monde, et pourtant l'allégorie fonctionne. En plus du clin d'oeil au 25ème anniversaire du festival, ce qui représente le temps d'une génération qui été particulièrement marquée par l'évolution des jeux vidéo, un festival, en lui-même, est surtout un moyen d’échapper au quotidien, de pouvoir se définir dans une autre réalité avec un personnage, plus ou moins éloigné du soi-même que l'on montre au quotidien. Et se projeter dans un univers idéal n'est pas du luxe par les temps qui courent !

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Le célèbre Mario et son acolyte plombier Luigi, sont largement représentés, ainsi que l'équipe Mario Kart au complet. Conséquence : personne n'est à l’abri de se recevoir une peau de banane sur le coin du nez (véridique !). En attendant, certains arborent au-dessus de la tête des losanges de Sims épanouis, quand les formes cubiques des pièces de Tetris ne manquent pas l'occasion de s'emboiter parfaitement, ou que les fantômes colorés courent après les Pac Man qui courent après des points. Il fallait certainement s'y attendre, les chassent aux Pokémons battent leur plein, surtout que des Pikachu KO échoués sur les abords du camping, ça n'est pas ce qui manque !

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Remettre la trompette au goût du jour en plein règne de la musique électronique n'est pas un défi qui effraie Ibrahim Maalouf. Celui de monter sur la scène Glenmor pour sauver une école de musique non plus, et il le prouve bien volontiers.

Pour faire découvrir sa nouvelle création Red And Black Light, il se fait chef d'orchestre et dirige le chœur géant des festivaliers, lui inculquant très naturellement des rythmiques complexes et quelques termes de solfège en passant. Le projet s'avère pour le moins ambitieux avec tant d'élèves maladroits, mais le magicien Ibrahim ne semble reculer devant aucune difficulté, et, après une ou deux répétitions, la magie prend sa forme prodigieuse et soulève l'assemblée.
Rejoint sur scène par l'école de musique de la Côte d'Emeraude (une vingtaine d'enfants de 4 à 12 ans et autant d'adultes, boudés par la mairie de Saint-Malo qui leur coupe toute subvention) puis par le Bagdad du Bout du Monde, il joue au jeu des ressemblances, fait dialoguer les éléments jazz, électroniques et percussions pour trouver le dénominateur commun de tout ce beau monde : la fièvre mélodique.

Sous le Soleil de plomb qui rappellerait presque les Antilles, les Vieilles Charrues rêvent d'eau et d'océan, « Ah, l'océan ! » dit Laurent Voulzy. Mais en plein coeur du Finistère, Centre Bretagne, Alain Souchon peut répliquer d'un clin d'oeil « Rêver, c'est déjà ça !». Depuis la grande scène, les deux amis de toujours se renvoient la balle des réparties, jouent de bons mots pour introduire leurs chanson, se chamaillent avec simplicité et humour tendre, comme s'ils avaient dix ans. Ils traversent ensemble leur « Rockcollection » de quarante années qu'ils ont écrite l'un pour l'autre, des chansons inoubliables aux mélodies de guitares qui ont bercé bien plus d'une génération. Allo Maman Bobo, Belle-Île-En-Mer, Marie Galante sont reprises en chœur par soixante-dix mille voix : on dirait que la foule, sentimentale, a le cœur grenadine.

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Bien loin du cercle polaire, du côté de Kérouac, Suede opèrent un retour en force avec un de leurs meilleurs albums, Night Thoughts, sorti en janvier dernier. Pris entre les feux de la brit pop et du glam rock du début des années 90, sur scène, les Londoniens brûlent la vie par les deux bouts. Leur charismatique leader, Brett Anderson, possédé par son chant puissant et une énergie débordante, n'hésite pas, à plusieurs reprises, à descendre prendre son bain de foule, transpercé par les faisceaux dorés du Soleil qui se couche sur la plaine.

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Quand les Libertines ont dit « Goodbye !» à Pete Doherty en 2004, le groupe lui-même n’entrevoyait pas l’espoir d'un futur retour sur scène. Et pourtant Anthems For Doomed Youth a succédé aux deux précédents albums, outrepassant les inénarrables frasques du poète maudit de la perfide Albion, et le duo Barât-Doherty fonctionne plus que jamais sur Glenmor. Une réputation chaotique sur le papier, mais des musiciens époustouflants sous les projecteurs, les deux pirates du rock indé montrent le vrai visage de la musique de tous les excès, porteurs de la bannière glorieuse dérobée parmi les plus beaux joyaux de la couronne.

Louise Attaque entament également leur grand retour. Gaëtan Roussel, Arnaud Samuel et Robin Feix scellent leurs retrouvailles tant espérées par leurs fans après dix ans de silence. Leur rock unique à la française, empli d'essences poétiques et fédérateur exalte Kérouac de son amour éternel, et pas artificiel.

La journée tire sa conclusion avec les samples hautement inspirés de The Avener (Tristan Casara dans le civil) qui offre, à sa manière, un hommage grandiose aux victimes de la Promenade des Anglais.
artistes
    Ibeyi
    Grèn Sémé
    Ibrahim Maalouf
    Too Many Zooz
    Petit Biscuit
    Calypso Rose
    Katé Mé
    Flavien Berger
    Alain Souchon & Laurent Voulzy
    Hyphen Hyphen
    Jambinai
    Suede
    Fakear
    The Libertines
    Fest Noz
    Louise Attaque
    Synapson
    The Avener
    Danger