La Route du Rock

Troisième soirée et trosième groupe de Brighton. Electrelane succèdent à la power pop dynamique des américains de Voxtrot et délivrent un show combinant indie rock et instrumentations new wave. Le son post punk du dernier album se voit alors offrir un souffle plus âpre et mouvant qui rend les jeunes femmes extrêmement attachantes.

Échappé des Strokes, Albert Hammond Jr et son groupe continuent leur tournée européenne. Après la Garden Nef Party d'Angoulème et avant Rock en Seine, les revoici en France en ce vendredi 17 août sur l'unique scène du Fort de Saint-Père. Le Stroke, accompagné de deux guitaristes, d'un bassiste peu présent et d'un batteur fou, met la fessée au dernier First Impressions Of Earth en revenant au son vieillot de Is This It et Room On Fire. Moins épatant que ces derniers, le solo Yours To Keep du new-yorkais marie toutefois l'élégant songwriting de son compagnon Casablancas et une pop acérée qui, en live, promet des instants mémorables, dont font partie les passionnants In Transit et Call An Ambulance.

Moment fort du festival pour certains – ceux qui n'attendaient plus rien des Smashing Pumpkins -, Sonic Youth "performing Daydream Nation" ont été simplement phénoménaux. Du brûlot Teen Age Riot à la brûlante Trilogy de fin où les guitares, toutes cordes dehors, font sécher durant un quart d'heure les moins expérimentés de l'album charnière des new-yorkais, le show s'est tenu sur un fil façon funambule, entre des envolées noisy peu avides de folies stridentes et des éclairs vocaux déséquilibrés qui en ont fait tressaillir plus d'un. Loin d'être téléphonées, les sonorités tendues de l'album se sont muées en une énergie enchevêtrée des voix toujours adolescentes de Kim Gordon et Thurston Moore, brouillée d'instrumentations à l'impétuosité hystérique prolongée au-delà même des limites puisqu'éclatant un rappel d'une demi-heure où des « chansons du 21e siècle », issues de l'énième excellent album Rather Ripped, qui défie les lois de l'apesanteur en déliant expérimentations post rock et no wave sinueuse pour former un noyau dur d'électricité à l'intensité constante avec, flottant augustement autour, la robe blanche de la gamine Kim Gordon, histoire de faire comprendre que Sonic Youth jamais ne s'arrêtera de nous émerveiller.

L'après-Sonic Youth s'avère quant à lui assez décevant. L'electro rock du parisien Turzi, loin d'être mauvais, renvoie toutefois très vite à la réalité et fait pâle figure entre une jeunesse sonique et éternelle et les new-yorkais de LCD Soundsystem menés par un James Murphy frénétique. Oscillant entre les anciens tubes qui n'ont jamais été aussi d'actualité et ceux du dernier Sound Of Silver, dont le touchant New York I Love You de fin, le groupe clôt de parfaite manière une route du rock cette année plus cahoteuse que boueuse, mais qui peut être fière d'une programmation aussi follement éclectique et excitante.