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Sziget Festival

Budapest, du 10 au 17 août 2016

Live-report rédigé par Clémentine Barraban le 3 septembre 2016

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Au village hongrois, les stands mettent les artistes graphiques à l'honneur, révélant cette partie de l'Europe et des Balkans peu connus par chez nous, qui exulte son passé, son histoire souvent torturée, allant chercher son cri d'espoir ou sa bouffée de poésie dans son art.

Si l'après-midi (même à toute heure) on peut y faire une sieste dans une grande valise ou un tourne disque aux proportions exagérées, le matin on commence par une salutation au Soleil et deux bonnes heures de cours de yoga. L'ouverture des chakras devient vite une drogue quand il s'agit de se remettre d'une cuite.

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17h45, guitare au poing, veste en cuir noir rock'n roll, sur l'immense Main Stage du Sziget festival, le petit Jake Bugg, débarqué de Nottingham, a tout l'air d'un grand. Dès les premières mesures de On My One, les cris de la foule tirent dans les hautes tonalités, ce à quoi il répond par de timides remerciements. Ses chansons, empreintes de folk et de country aux relents de routes poussiéreuses américaines, font voyager et renaître les amours adolescents qu'on aurait voulu ne jamais voir s'éteindre, comme c'est le cas de Me And You, qui humidifie quelques paires d'yeux et fait tambouriner les cœurs mélomanes. Vieille âme coincée dans un corps d'ado, il fait déferler riffs et solos habiles entre deux balades, qu'il porte nonchalamment de cette voix rocailleuse qui le rend si craquant. Celui que l'on connaissait plutôt impassible est transporté par un bel élan d'énergie lorsque il confirme l'enthousiasme suscité par ses nouvelles productions, comme Love, Hope and Misery ou The Love We're Hoping For. En plus d'une voix puissante, parfaitement posée, et de ses accompagnements aux petits oignons, il dévoile un charisme qui sublime ses textes déjà forts en émotions et lui trace un avenir plein de très belles promesses.

Parov Stelar, de son vrai nom Marcus Füreder, est sans conteste le prince de l'électro swing en Autriche, mais c'est sa chanteuse, Cleo Panther, qui attire tous les regards. Chapeau surdimensionné et short minimaliste en soie rouge, difficile de détacher le regard de cette pin-up de caractère et de grâces. Sa voix, aussi ronde et voluptueuse que ses courbes, accompagne cuivres jazz et samplers dans une danse disco endiablée.

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Shahid Khan dit Naughty Boy installe ses machines sur la scène de chapiteau nommé A38, qui tourne le dos à la scène principale. Le DJ-producteur anglais opère sobrement mais efficacement ses tours de magie pour sortir des platines ses titres devenus la fine fleur de la musique urbaine britannique, grâce, notamment à ses collaborations de renom (Tinie Tempah, Emeli Sandé...).

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21h30, sur la Main Stage, c'est au grand show à l'américaine de sévir. Rihanna : princesse de la grâce ou reine de la vulgarité ? Les avis sont partagés. Ce qui réunit ces deux points de vue c'est le côté royal, pour le clinquant et spectaculaire qu'elle met sur scène, sans doute... et la prestation est à la hauteur du personnage. Corsetée de toute sa ligne, ses courbes suivent les mouvements de danse hip-hop travaillés et exécutés avec précision. Ses tubes sont à peine reconnaissables, ce qui est presque rafraîchissant, et même si les mauvaises langues pourraient, par moment, soupçonner un brin de playback, si l'on vient sous son parapluie, c'est pour s'y laisser hypnotiser.

Vers minuit, le campfire ne brûle plus mais l'odeur des braises se fait encore entêtante quand, autour, des formations pop-rock s'y succèdent. The Faraways Acoustics, Silver Pastas ou Systemless (pour ne citer que ceux de la soirée), tous ont dû obtenir les faveurs du public sur internet pour venir faire découvrir leur compositions et reprises (Maroon 5, Sum 41...) aux festivaliers du Sziget, dans une ambiance acoustique et intimiste propre à cet endroit de l'île.

A la fin du deuxième jour, l'émerveillement dû au lieu est comme au premier instant. Faire le tour de l'île révèle un nombre incalculable de scènes et dancefloors, où chacun trouve son compte dans les styles proposés. Qu'il s'agisse des festivaliers comme des artistes, l'aspect international est le cœur battant du Sziget, si bien que l'endroit regorge aussi bien de cours de danses traditionnelles hongroises, que de concerts de reggae enfumés, de rap suédois, de polka irlandaise ou de grands classiques symphoniques. Le silence n'est nulle part. Les musiques se croisent, s'interfèrent d'un chemin à l'autre pour une ambiance sonore unique à chaque croisement, un murmure incessant, même au plus profond de la nuit.
artistes
    Punnany Massif
    Jake Bugg
    Parov Stelar
    Rihanna
    Rico & Sticks #OpgezwolleTotNu MØ
    Naughty Boy
    Movits!
    Travis Scott
    DJ Sliink, Dublic, DJ Nara