En ce samedi ensoleillé, la Fête de l'Humanité offre un plateau aussi alléchant qu'éclectique.
Ludwig von 88, l'un des fers de lance de la scène alternative française avec les Bérurier Noir ouvre le bal. Après une longue éclipse de plus de quinze années, leur reformation n'est pas comme nombre d'entre elles, vaine. On sent chez ce groupe une joie de jouer évidente et un entrain adolescent comme à l'origine du groupe. Comme quoi sur certains le poids des ans n'a guère de prise. Cela fait plaisir d'entendre des morceaux de 1986 comme
J'ai Tué Mon Père,
Ouh La La ou
HLM qui n'ont pas pris une ride et que les plus jeunes reprennent en choeur. Le groupe joue également ses grands classiques que sont
Louison Bobet ou
New Orleans pour un public ravi et qui pogote comme aux plus beaux jours. Une belle entrée en matière pour la journée.
The 1975 est un groupe qui, malgré son succès planétaire, ne présente guère d'intérêt. Son funk sent le réchauffé et si la formule est efficace, on ne peut pas dire que l'originalité musicale soit au rendez-vous. The 1975 ont sans doute beaucoup écouté les groupes avec un son funkisant des 80's, ont bien appris leur leçon et la recrachent comme de bons élèves appliqués mais guère ambitieux. Certes, cela fonctionne auprès des minettes des premiers rangs mais guère plus. On a un peu de mal à comprendre comment cette soupe assez insipide a pu cartonner des deux côtés de l'Atlantique. La seule chose qui impressionne chez The 1975 est leur light show mais sous le soleil l'intérêt devient bien moindre. On ne peut pas dire que The 1975 soit foncièrement un mauvais groupe. Il n'a juste pas le moindre intérêt.
Le concert de
Michel Polnareff montre lui ce qu'est le talent pur. A 70 balais, Polnareff montre pourquoi ce musicien a tant marqué et influencé la pop made in France. Ceux qui ont suivi la dernière tournée ne sont pas surpris par la setlist quasiment identique d'un concert à l'autre. En une heure trente, Polnareff prouve qu'il reste le génie musicale qu'il a toujours été. Il dégage un magnétisme que peu de musiciens ont et lorsqu'il monte sur scène, on sent la même tension et excitation que pour les monstres sacrés comme Bowie ou Iggy. Quelque chose d'unique que seuls les très grands possèdent.
Le concert est un Best Of parfait avec
La Poupée Qui Fait Non,
Love Me Please Love Me,
Lettre à France,
Holidays ou
On Ira Tous Au Paradis.
Polnareff joue aussi l'un des plus beaux morceaux jamais écrits en langue française,
L'homme Aux Larmes De Verre. La version du
Bal des Laze ce soir là est majestueuse, d'une beauté à couper le souffle.
Tous les concerts de la tournée 2016 de Polnareff n'ont pas été de ce niveau, certains ont même été un peu décevants mais ce soir le souffle prend totalement. On sent une osmose totale entre le musicien, le groupe qui l'accompagne et le public. Un moment plein de charme et de grâce.
Les
Chemical Brothers terminent en beauté la soirée. Le concert s'ouvre sur l'inusable
Hey Boy Hey Girl qui donne d'entrée le ton. En quelques minutes, la fête de l'Humanité se transforme en rave géante. Le son est énorme et d'une perfection qui impressionne pour un concert en plein air. Le light show est de toute beauté avec des visuels splendides. Le groupe reprend de délicieuse façon le
Temptation de New Order. On peut, si l'on veut, faire les difficiles reprocher au groupe d'être moins subtile qu'il ne l'était à ses débuts mais il n'empêche, la sauce prend. Le duo se concentre essentiellement sur les titres de ces derniers albums ce que les fans de la première heure peuvent regretter mais lorsque l'on entend par exemple la version que donne ce soir là le groupe de
Swoon, extrait de l'album
Further, il n'y a guère de regrets à avoir.
Les Chemical offrent une version splendide de
Setting Sun, planante à souhait. Les titres du récent
Born In The Echoes, comme
Sometimes I Feel So Deserted,
Go et particulièrement
ELM Ritual avec ce son réminiscent de l'acid-house prouvent que les Chemical Brothers sont toujours, plus de vingt ans après leurs débuts, aussi inventifs et l'une des plus belles machines à danser qui soit.
Un très grand moment dans lequel le public se plonge avec délectation pour un grand souvenir de musique festive.